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(Photo : Harry Foster  © Société du Musée canadien des civilisations)


- De quelle nationalité êtes-vous?

- Canadienne.

- Je veux dire, d'où venez-vous?

Et voilà qu'on entreprend d'expliquer qu'on est né au Yémen, qu'on a passé son enfance en Arabie saoudite, son adolescence en Égypte, qu'on a séjourné en Angleterre, émigré... en emportant, en guise de «chez-soi», l'image persistante d'une petite maison rouge.

Mirella Aprahamian Laila Binbrek Camille Zakharia

Et voilà qu'on entreprend de recoller les «fragments» de notre vie passée et présente, nos expériences sociales, familiales, personnelles, de convoquer les différents «chez-soi», ces lieux de passage, témoins de nos attaches multiples et d'une identité croisée. On accolera la lettre d'une mère restée là-bas, dans un Liban meurtri par la guerre, aux maisons naïves d'une Nouvelle-Écosse d'adoption et à un paysage de Bahreïn, terre de refuge, de travail et d'amour. Miroirs traversés, éclats d'images rassemblés, pour dire le besoin de se reconstruire une identité tissée de parcours, de racines et d'appartenances multiples.

- D'où venez-vous?

- Je viens de plusieurs lieux, je suis de plusieurs imaginaires, je suis «des leurs», je suis «des vôtres». Ce que je vis, ce que j'exprime, est une phrase qui vient s'ajouter au grand texte que tous et toutes, nés ici ou ailleurs, nous sommes en train d'écrire.