Partout, en Allemagne, en Roumanie, en Guinée, je n'ai
jamais pensé à ma couleur. C'est comme si je n'avais pas de
couleur. Je ne vois pas la couleur. Je vois la personne.
Je ne dirais pas que la spiritualité est importante dans
ma vie. C'est plutôt la vérité, les valeurs, les principes.
Je suis une personne qui a le sens de la justice.
Propos recueillis lors d'une entrevue.
Mamé Gamamy est née à Bucarest, en Roumanie, de
père guinéen et de mère roumaine. Elle a vécu
jusqu'à l'âge de trois ans à Bratovoesti, dans le
sud-ouest de la Roumanie, puis en Grèce pendant un an et ensuite
à Munich pendant 17 ans. Elle parle le français, l'anglais, le
roumain et l'allemand. Mamé évoque l'harmonie qui
caractérise la relation entre ses parents :
« Lorsque je les vois ensemble, ils se parlent en français,
en allemand, en roumain. Il y a un univers dans notre maison. Je suis le
mélange de ces trois cultures. »
En 2002, pour la première fois, elle foule le sol de Guinée avec son père.
Lors de ce voyage, à travers l'histoire de son père, Mamé
comprend « ce que c'est, qu'être Guinéen. Ce que
c'est, aussi, qu'être Guinéen à l'étranger. Il m'a
montré où il a vécu. Combien c'était difficile de
s'en sortir là-bas et de venir en Europe. »
En 2002, lors d'un premier séjour à Montréal,
Mamé a le coup de foudre pour cette ville. Elle décide de s'y
installer et d'y poursuivre ses études. « Ce n'est pas
seulement une ville. C'est vraiment multiculturel. C'est la ville où je
veux vivre », dit-t-elle. En 2003, elle s'inscrit en
journalisme et en sciences politiques à l'Université Concordia.
« J'ai choisi le journalisme parce que je me suis dit que
l'Afrique, dans les médias, est toujours montrée sous un jour
négatif. Il y a seulement la guerre, la pauvreté, la
saleté. Je veux montrer l'autre côté : la
beauté de ce continent. » À l'Université
Concordia, elle manifeste son engagement en militant dans l'organisation des
journalistes pour les droits de la personne, dont elle devient
présidente : « être journaliste pour les
droits de la personne, c'est créer une conscience de l'Afrique dans les
médias, avec l'aide de journalistes africains. Tout le monde ne vit pas
comme nous vivons au Canada ! »
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