Tout âge a quelque chose à apporter.
Pourquoi faudrait-il mettre la vieillesse entre parenthèses ?
C'est toute la vie qu'il y a là.
Il faut oser dans la vie.
C'est ma devise.
Même si ça ne marche pas, ce sera un signe de vie.
Seuls les morts ne connaissent pas l'échec !
Propos recueillis lors d'une entrevue.
Née à Kinshasa, aujourd'hui en République
démocratique du Congo, Henriette Nzuji Ntumba aime rappeler ce que leur
disait son père, à elle et à ses frères et sours :
« Au lieu de vous laisser un lopin de terre ou des biens qui
peuvent vous diviser, je préfère vous laisser quelque chose dans
votre tête, dans votre cour. » Répondant au vou
de son père, Henriette poursuit sa scolarité en Belgique.
Après des études en commerce, elle ouvre un centre de formation
professionnelle pour les femmes en République démocratique du
Congo.
En 1993, après le décès de son mari, elle doit
faire face à la dure condition des veuves. « C'est comme
si tu avais commis un délit. On t'accuse d'être sorcière.
Tu subis tant de sarcasmes que tu te perds. » Elle
décide de créer l'organisation Les Veuves unies pour le
développement intégral. Elle cède une de ses parcelles
à ces femmes, souvent démunies psychologiquement et
économiquement, pour qu'elles cultivent la terre et subviennent à
leurs besoins. L'instabilité politique et économique du pays,
mais surtout la maladie d'une de ses filles installée au Québec,
l'incitent à immigrer au Canada. « Les sentiments et
l'amour maternel m'ont poussée à suivre mes enfants pour aider
celle qui est dans le besoin. » En 2000, à
l'âge de 58 ans, Henriette s'établit à Montréal.
« Immigrer n'est pas une chose facile, surtout pour une
personne de mon âge », dit-elle. Constatant que la
plupart des femmes immigrantes âgées manquent d'activités,
Henriette fonde en 2002, à Montréal, l'association des Mamies
immigrantes pour le développement et l'intégration (M.I.D.I.).
M.I.D.I., un sigle porteur d'espoir et de dynamisme, car
« à midi, le soleil brille », dit-elle.
Reflet de la diversité de ses membres, cet organisme interculturel
propose des activités multiples, notamment des conférences sur
les pays du monde dans les résidences pour personnes âgées.
« La diversité fait notre force. Il y a
échange, il y a amour. L'amour est une arme de construction massive. » Henriette s'emploie à donner l'image de
« mamies pour tout le monde », qui rendent service
et ont les deux pieds dans la vie, plutôt que rester simples
spectatrices. « Le manque d'occupation tue ! »
, s'exclame-t-elle. Aujourd'hui encore, ni l'âge ni l'hiver
québécois n'arrêtent Mamie Henriette. « Les
enfants me disent parfois :" on a appelé et tu n'étais
pas là. Où étais-tu partie par ce temps ?" Une
fois dehors, je ne vois plus la neige. Je vois l'objectif. Ce que je dois
accomplir. »
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