Tous les historiens, professionnels et amateurs, apprécient la richesse des collections sur lesquelles sont fondées les archives et les bibliothèques, car ces acquisitions donnent un aperçu du passé. Elles permettent aussi de partager la vie de quelqu’un qu’on n’a pas nécessairement connu et de percevoir le rapport existant entre la biographie du collectionneur et son environnement physique et social.

Quelqu’un qui accumule et conserve méticuleusement des bribes de sa vie crée ainsi des archives personnelles, une collection matérielle qui raconte son histoire. Les pièces accumulées deviennent l’essence de la signification de sa biographie. Dans le cas des lettres, elles en viennent à remplacer les êtres et le réseau de contacts, et la vie même, que la personne a laissés derrière elle.

En écrivant ses lettres, en les conservant et en accumulant toutes sortes d’objets de moindre importance, Chris mettait de l’ordre dans le chaos provoqué par le changement de lieu de résidence et une enfance parfois traumatisante. Il apprenait à se fondre dans une nouvelle réalité, fort différente. Les choses qu’il collectionnait devenaient en quelque sorte une espèce de manteau protecteur, un revêtement de papier destiné à le garder au chaud, dans lequel s’envelopper quand la vie se montrait difficile ou accablante.