La salle du Canada


Le fondoir

La plus grande des stations de dépeçage (en anglais seulement) était située à Red Bay, où, en 1978, des archéologues sous-marins ont découvert trois galions basques du XVIe siècle. On peut voir dans la salle du Canada la reconstruction de la poupe d'un de ces bateaux qui serait probablement le San Juan. Conformément à des documents d'archives espagnols, le San Juan a coulé à l'automne 1565 à Terra Nova (Terre-Neuve) au cours d'une tempête. Il transportait un plein chargement de plus de 1000 tonneaux d'huile de baleine contenant chacun autour de 200 litres. Bien qu'une partie de la cargaison ait été récupérée avant que le bateau ne sombre, les pertes se seraient élevées à près de 2,5 millions de dollars canadiens, au cours actuel.

Au printemps, dès leur arrivée, les équipages réparaient les stations baleinières endommagées par les tempêtes hivernales. On essayait de repérer les baleines à partir du rivage. Les baleines franches (en anglais seulement) et les baleines boréales se déplaçaient lentement et on pouvait aisément suivre leurs évolutions à la surface de l'océan. Ces baleines étaient très prisées car elles flottaient une fois qu'on les avait tuées, ce qui en facilitait le remorquage jusqu'au rivage.

La chasse à la baleine est une activité dangereuse et violente, tant pour le baleinier que pour sa proie. Lorsque les guetteurs postés sur la côte repèrent des baleines, deux ou trois chaloupes sont lancées à leur poursuite. À bord de chacune se trouvent un harponneur, un timonier et quatre ou cinq rameurs. L'équipage rame jusqu'à la hauteur du cétacé, puis le harponneur lance son arme. Des flotteurs attachés à la ligne du harpon freinent la baleine dans ses efforts pour s'échapper. Elle est achevée à coups de harpons, de lances et de louchets et meurt baignant dans une mer de sang.

Une fois les baleines ramenées sur le rivage, on transformait le lard en huile au fondoir. Les hommes dépeçaient le lard jour et nuit, le coupaient en cubes et le faisaient fondre dans des grands chaudrons de cuivre. On laissait refroidir l'huile bouillante avant de la verser dans des tonneaux que l'on chargeait sur les bateaux.

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Bien que ce travail fût très exigeant et dangereux, il était très lucratif car l'huile de baleine était un produit fort coté en Europe. Utilisée comme lubrifiant tout usage, elle servait également pour confectionner des bougies, du savon, de la peinture, du vernis, de l'huile à lampe, de l'huile à cuisson et des produits médicinaux. Un simple tonneau d'huile pouvait être vendu environ 5000 $, au cours actuel.

Les simples matelots partagent probablement bols, pichets et cruches. Ils prennent les aliments solides avec les doigts ou la pointe du couteau. Les équipages consomment des oiseaux marins, des œufs, du poisson, du giblier et des baies, ainsi que les provisions des navires et les vivres personnels de chacun. Les baleiniers construisent des habitations rudimentaires sur le rivage à l'aide des pierres, de bois, de mottes de terre, de fanons et de toile. Les hommes apportent peu de choses avec eux si ce n'est un matelas et un coffre contenant vêtements et effets personnels.

La chasse à la baleine constituait une activité productive sur une courte période. On estime qu'entre 1545 et 1585, on a tué et traité plus de 17 600 baleines dans les stations de dépeçage du sud du Labrador. Toutefois, les Basques finirent par cesser de pêcher la baleine au nouveau monde vers la fin du XVIe siècle en raison de l'épuisement du stock et du besoin d'approvisionner la marine espagnole (1588) en bateaux et en équipages.

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