1577 : Glace, otages et or

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Navire


Peu de temps après, un groupe d'Inuit abordent les Anglais. Le captif inuit, même s'il n'a pu apprendre beaucoup d'anglais depuis son enlèvement, interprète la conversation. Frobisher croit comprendre que ses cinq hommes disparus sont toujours vivants et que les visiteurs inuit offrent de leur apporter une lettre.

"Lettre de Martin Frobisher aux captifs anglais"

 
Au nom de Dieu, en qui nous croyons tous et qui, j'ai confiance, a préservé vos corps et vos âmes au milieu de ces infidèles, je vous prie de croire à ma sollicitude. Je n'hésiterai pas à user de tous les moyens auxquels vous pouvez penser pour obtenir votre délivrance, soit par la force, soit à l'aide des marchandises qui se trouvent à bord de mes navires, que je n'épargnerai pas pour votre bien, soit par toute autre chose que je puisse faire pour vous. À bord, je tiens en otage un homme, une femme et un enfant que je suis disposé à échanger pour vous, mais l'homme, que j'ai ramené d'ici l'an dernier, est mort en Angleterre. Vous pouvez en outre leur signifier que, s'ils ne vous délivrent pas, je ne laisserai aucun homme en vie dans leur pays. Si l'un de vous peut venir me parler, l'homme, la femme ou l'enfant leur sera remis en échange. Le temps me pressant, je vous quitte en vous confiant à Dieu dont j'ai la confiance que vous servez. Nous prierons Dieu pour vous tous les jours. Ce mardi matin septième jour du mois d'août 1577.
 
Votre tout dévoué dans toute la mesure de mon pouvoir,
 
Martin Frobisher

 
Je vous envoie par ces messagers encre et papier pour me répondre si vous ne pouvez venir en personne me faire connaître votre état.

(George Best, récit du voyage de 1577)

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La lettre ne donne pas de résultat. Lors d'une série d'entretiens dans les jours qui suivent, les Inuit tentent apparemment de capturer un Anglais pour racheter leurs amis. Il n'y a plus d'enlèvements ou de morts, mais l'hostilité mutuelle entre les deux peuples empêche tout commerce ou échange d'information ultérieur.

À la fin d'août, les Anglais chargent 200 tonnes de minerai et se mettent en route vers l'Angleterre emmenant avec eux les trois captifs inuit. Ils rentrent au pays en grande pompe. La reine Élisabeth donne le nom de Meta Incognita (le but inconnu) au territoire revendiqué en son nom par Frobisher.

«Et comme ces lieux n'ont jusqu'ici jamais été découverts et, par conséquent, ne portent aucun nom spécial sous lequel ils pourraient être appelés ou connus, Sa Majesté les a de façon très appropriée baptisés Meta Incognita, sa situation et ses limites étant jusqu'ici totalement inconnues.»

(George Best, récit du voyage de 1578)

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