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L'usine E. B. Eddy
Le premier site industriel de l'Outaouais

L'usine E. B. Eddy

C'était un lieu de portage depuis plus de mille ans, lorsque Philemon Wright y établit le premier bâtiment industriel en bordure de la chute des Chaudières, dans ce qui sera par la suite identifié comme « la petite chaudière ». Ce premier bâtiment, construit en 1803, était l'atelier du marteau à bascule. Incendié en 1808, Wright le fait reconstruire, car il sert à plusieurs activités. Ce système mécanique, mû par l'énergique hydraulique, est utilisé par les forgerons, mais il sert aussi au fonctionnement d'autres machines, par exemple, des broyeuses de pierres pour faire du ciment ou du mortier. C'est à cet endroit que le fondateur de la manufacture de haches Washburn s'établit en 1845, louant les locaux avant de déménager dans l'ancienne brasserie de la rue Montcalm, dix ans plus tard.

Juste à côté du bâtiment, Ruggles Wright, fils de Philemon, fait construire en 1829 le premier glissoir pour la descente des grandes pièces de bois équarri de l'amont de la rivière des Outaouais. Cette innovation allait permettre de faire glisser des cages de bois sans risquer de les perdre dans les tourbillons des chutes ou de les briser. En octobre 1849, le gouvernement fédéral achète le glissoir de Ruggles Wright. Ce « glissoir du gouvernement » sert au transport du bois jusqu'au début des années 1970 mais, à compter de la fin du siècle, ce sont surtout des billes de bois mou utilisées pour faire le papier qui y descendent. Ce canal, maintenant souterrain, sert au transport de produits chimiques entre le bâtiment d'arrivée (no 6) et celui de la fabrication du papier (no 14).

C'est dans le bâtiment du marteau à bascule qu'en 1854 Ezra Butler Eddy établit la célèbre manufacture d'allumettes. Il loue une partie du bâtiment qu'il partage avec Sexton Washburn, le manufacturier de hache, et Charles B. Wright, fils de Ruggles, qui fabrique du ciment.

Au décès de Ruggles Wright, en 1863, sa petite fille, Florence Wright, hérite une partie de ce terrain (lot 34) sur lequel est bâtie la manufacture d'allumettes, et sa fille Rosina reçoit le terrain où est située la tonnellerie. En 1866 et en 1871, Eddy achète ces terrains, et leurs bâtiments qu'il occupe déjà, des deux héritières. Eddy diversifie sa production et agrandit les bâtiments. Cependant, en 1882, un incendie majeur détruit la plupart des bâtiments de la scierie de Eddy, dont ceux sur ce site. Celui-ci en fait construire de nouveaux. Celui qu'il fait ériger sur ce site, en 1883, pour le moulin à planer et la fabrication de boîtes, a des murs latéraux en pierre. Les murs des bouts sont en bois et la toiture est courbée. En 1889, Eddy fonde sa papetière. Le moulin à planer est transformé pour y installer la machine à papier no 3.

Mis à dure épreuve lors du grand incendie d'avril 1900, après quelques hésitations et sous les pressions des gouvernements locaux, Eddy, alors âgé de 73 ans et venant de régler les emprunts pour sa papetière, décide tout de même de reconstruire son usine. Les murs de pierre ont tenu le coup en grande partie, mais tout ce qui était en bois a disparu et tout le contenu a brûlé Ce bâtiment a conservé ses deux murs latéraux. Après le feu de 1900, Eddy a fait refaire en pierre les deux murs des bouts et la toiture à quatre versants avec une légère en pente. On y installe plusieurs bassins dans lesquels macèrent les pâtes à papier. Après 1924, le toit fut surélevé, soutenu par une structure de métal, et un lanterneau pour laisser échapper la chaleur y fut installé. Cet étage et son lanterneau ont été démoli en 2004. Ces bâtiments sont actuellement la propriété de la compagnie Domtar.

Un appentis, sur le côté du bâtiment, protégeait les chevalets servant au rangement de 23 bicyclettes, révélant l'usage de ce moyen de transport par les employés en 1923. Aujourd'hui, les cyclistes espèrent pouvoir y passer afin d'accéder à la piste, le long de la rivière.

Aujourd'hui ces divers bâtiments appartiennent à la Domtar.



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