Bibliographie Carte Index des photos Remerciements

Le débarcadère de Hull (Hull Landing)
Sur la berge de l'Outaouais

Sur la berge de la rivière

Depuis des temps immémoriaux, bien avant l'arrivée des Européens, donc, les Autochtones campaient près de la tour de la E. B. Eddy. On s'y arrêtait avant de monter la chute des Chaudières ou en la descendant. Les explorateurs et les voyageurs européens de tout acabit firent comme eux. Michel Chartier de Lotbinière mentionne y avoir campé en descendant la rivière en 1749.

Philemon Wright choisit ce lieu fréquenté dans le but d'y construire un quai pour les bateaux. Les canots accostent plus près de la chute si les voyageurs n'arrêtent pas pour camper avant le portage, c'est-à-dire, près du lieu de campement amérindien. Sinon, ils portagent au-dessus de la chute et campaient au-delà. Les bateaux à vapeur, plus gros, ont d'autres exigences techniques et il est préférable de les faire accoster sur cette berge. Ces bateaux parcourent la rivière depuis près de dix ans lorsqu'en 1819 Philemon Wright met à l'eau son premier bateau à vapeur, l'Union of Ottawa. En 1829, il en possède deux autres, le Britannia et le Fox, qui font régulièrement la navette entre Hull et Grenville. Outre les passagers, ils transportent des marchandises et rapportent l'équipement utilisé sur les cages de bois descendues jusqu'à Québec. Du Steamboat Landing, ou Hull Landing, les charrettes et les calèches véhiculent voyageurs et matériels jusqu'au village, situé près des Chaudières.

Un pointillé, sur une carte cadastrale de 1801, signale la présence d'un sentier. Les premiers colons ont rendu carrossable ce sentier, probablement très ancien, entre ce lieu de débarquement et le village. Le chemin, nommé Britannia, part du quai, emprunte l'axe aujourd'hui connu comme étant la rue Hôtel-de-Ville et la promenade du Portage, et se poursuit par le chemin d'Aylmer jusqu'à Eardley.

En 1819, Philemon Wright écrit à ses fils que l'augmentation de la circulation sur la rivière des Outaouais justifie la construction d'un hôtel ou d'une auberge près du quai des vapeurs. En 1863, l'hôtel en bois, parfois appelé King's Tavern et construit vers 1820, près du débarcadère, existe toujours, tout comme le steam boat house, hangar érigé en face, sur le bord de l'eau. Une remise à bois et une glacière, toutes deux sur des fondations de pierre, sont utilisées par le personnel de l'hôtel. Entre 1825 et 1840, Wright ajoute une étable en pierre à laquelle est jouxtée une remise pour les calèches et les charrettes. L'hôtel avait une cave de trois mètres de haut et deux allonges en pierre sur les côtés lorsque, en 1863, Hannah en hérita de son père Ruggles Wright. La gestion de l'hôtel est accordée par contrat. Jean Bédard (1804-1854), d'abord commis pour les Wright, de 1828 à 1836, est l'un des gérants jusqu'au milieu des années 1840. Il est propriétaire du bateau passeur entre Hull et Bytown. Après être déménagé à Bytown, il y devient, en 1847, le premier échevin de langue française.

Le site demeure inchangé jusqu'en 1868, année où le frère de Hannah Wright, Ruggles, et un concitoyen, un certain Batson, construisent un moulin à scie, connu sous la raison sociale de Wright, Batson & Currier. Ils utilisent les anciens bâtiments du débarcadère à d'autres fins. Ainsi une partie de l'ancien hôtel abrite un atelier de rabotage, une autre sert aux charpentiers et une autre, à l'entreposage de l'huile. L'ancien magasin en pierre abrite les machines à vapeur actionnant les scies du moulin qui lui est accolé. Enfin, l'ancienne écurie est remplacée par un bâtiment de forme semblable pour l'entreposage du fer. La scierie, qui employait de 200 à 300 travailleurs, sans compter les hommes chargés du transport du bois, connaît une existence éphémère : en 1878, un incendie rase le moulin à scie, mais épargne les autres bâtiments. Le site est laissé à l'abandon jusqu'en 1883. Ezra Butler Eddy loue alors le terrain et les bâtiments de Hannah Wright, la veuve de Joseph Merrill Currier. La location contient une promesse de vente, laquelle a lieu le 28 février 1888. Eddy intègre une partie des anciens bâtiments dans sa nouvelle usine de sulfite.

Les rives de l'Outaouais demeurent pendant un siècle inaccessibles au citoyen, l'industrie en ayant accaparé l'ancien lieu de passage et de campement.



retourner à l'INTRODUCTION