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Le Faubourg Vieux Hull
75, promenade du Portage

Le Faubourg Vieux Hull

Depuis 1888, trois bâtiments se sont succédés sur ce terrain du 75, promenade du Portage. Celui que l'on voit aujourd'hui date de 1928.

En 1883, Janet Louisa Scott, arrière-petite-fille de Philemon Wright, vend le terrain à Sydney P. Cooke. Trois ans plus tard, celui-ci revend le terrain, inoccupé, à François-Xavier Filteau (1851-1931), photographe originaire de Québec, qui venait d'épouser Marie-Louise Aubry, à Hull. Filteau fait construire en 1888 un bâtiment de deux étages dont les murs latéraux sont en pierre; la façade et l'arrière, en brique, et lui-même loge à l'étage, où il organisera son studio de photographie. Deux commerces occupent le rez-de-chaussée : P. E. Caron et frères, une boutique de vêtements et de marchandises sèches, et le magasin de chaussures de Trefflée Saint-Jean, qui est aussi comédien. Euclide, Damien, Joseph-N. Caron et la veuve N. Caron, tous originaires de Saint-Barthélemy, s'établissent ailleurs à Hull en 1900.

La vie n'est pas rose pour le photographe. Son épouse l'a laissé et le grand feu de 1900 rase son immeuble. Il déménage temporairement chez sa sœur Adéline, épouse de Basile Carrière, le quincaillier de la rue Victoria, qui le finance à nouveau. Un deuxième bâtiment, à la façade et à l'arrière en brique, et aux deux murs latéraux en pierre, voit ainsi le jour. Il compte aussi un troisième étage. Filteau y réside jusque vers 1913, bien qu'il ait légalement cédé l'immeuble à Carrière en mai 1901.

Au rez-de-chaussée, l'hôtel Albion remplace un des commerces et offre à sa clientèle des tables de billard et de l'alcool. Filteau joint l'hôtellerie à la photographie et devient gérant de l'hôtel pour peu de temps car, en 1905, Joseph Fournier le remplace. Sous le même toit, le « barbier » Émile Lessard offre des massages, des shampoings et des toniques en plus de la taille de la barbe et des cheveux. Dans la partie ouest du bâtiment, Ubald Beaudin et Fabien Sincennes tiennent un restaurant de 1912 à 1917. À l'étage, les photographes James Neville, J.-A. Lessard et Jean-Baptiste Dorion occupent consécutivement le studio de Filteau. Depuis 1917, on y trouve la mercerie B. Feller, propriété de Bertha Hammervich, d'Ottawa. Le Club national canadien loge aussi à cette adresse.

Basile Carrière et son épouse Adéline décèdent en 1917. Leurs héritières, Jeanne Carrière, l'épouse de Lionel-A. Gendron, et sa sœur Maria, l'épouse de Jean-Dosithée Chéné, confient, en février 1920, la gestion de l'immeuble au photographe Donat Forcier, originaire de Saint-Guillaume d'Upton. Celui-ci a loué ou sous-loué le Studio de luxe, de Dorion, mais, en septembre suivant, il en transfère la location à Albert Hopson, machiniste, et à Émile Laurent, photographe. Forcier vend tout son équipement de photographe, meubles et statues comprises.

Un nouvel incendie survient en 1924. Les tuteurs des enfants de Jeanne Carrière-Gendron, Moïse-J. Laverdure, Dosithée Chéné et Maria Carrière, vendent la propriété incendiée à George C. Stamos, d'Ottawa, en décembre 1925, mais posent certaines conditions concernant les travaux à exécuter. Stamos n'ayant pas rempli les conditions du contrat, c'est le propriétaire de l'immeuble voisin, Jean-Baptiste Pharand, qui s'en porte acquéreur.

Une semaine plus tard, Pharand signe un bail de 10 ans avec la compagnie P. T. Legaré Limitée, commerçant de meubles de Québec, lui offrant de bâtir le magasin selon ses besoins. Le nouvel édifice, dont la façade de style classique moderne est très en vogue à l'époque, ouvre ses portes en 1928. Legaré ferme en 1979. Avec ses 51 ans d'existence, ce magasin est probablement le commerce qui demeura le plus longtemps actif dans l'ancienne artère commerciale.

Au cours des années 1970, une ère nouvelle débute : on entreprend la démolition des quartiers voisins de l'axe commercial original pour y construire des édifices du gouvernement fédéral. La clientèle des magasins va dorénavant faire ses emplettes dans les nouveaux centres d'achats. Durant les deux décennies suivantes, le bâtiment subit d'importants dommages infligés par ses locataires. Une salle de jeux électroniques occupe le rez-de-chaussée en 1979. Deux ans plus tard, le mur entre le 75 et 77, du Portage est démoli pour qu'y prenne place une discothèque, le Tabasco. Après un incendie, en 1991, le mur est reconstruit. La boîte de nuit Thunderdome, propriété de Abbas Mahmoud, occupe le rez-de-chaussée. Fermé en 1993, il faut attendre jusqu'en 2002 pour que le bâtiment ait à nouveau une fonction commerciale.

C'est alors que l'entrepreneur gatinois Claude Renaud acquiert l'immeuble, le restaure et lui redonne la fière allure de l'ancien magasin. Outre le café et les bons cigares importés, on trouve aussi des produits alimentaires raffinés au Faubourg Vieux Hull.



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