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La maison Dallaire
57-57B, rue Vaudreuil

57-57B, rue Vaudreuil

Une toute petite maison, pareille à celle du 55, rue Vaudreuil, occupait ce terrain, une partie de l'héritage de Janet Louisa Scott, bien avant que Guillaume Barette, un contremaître, l'achète, en 1890. Cette maisonnette fut-elle incendiée ou démolie ? On ne le sait guère. En 1897-1898, Barette en construit une nouvelle, en bois, de deux étages et demi, dans le style hullois. Il la vend, aussitôt terminée, à Pierre Legault, un journalier de 61 ans, décédé peu après.

Ce secteur de la rue Vaudreuil évite de justesse le terrible incendie d'avril 1900. Moins de deux mois plus tard, Philomène Charbonneau, veuve de Legault, vend la maison à Édouard Pelletier, un tailleur, qui la loue à trois familles dont le logis avait brûlé : Alphonse Couture, bijoutier, beau-frère de Pelletier, Joseph Letellier, marchand de chaussures, et Napoléon Legault, pompier. En 1902, Pelletier reprend la maison qu'il fait recouvrir de briques et agrandir par l'arrière, en 1905. En avril 1909, Barette, devenu co-propriétaire de la quincaillerie Barette, rachète la maison de Pelletier. Le 22 décembre 1911, il achète le droit de constitut sur le terrain de Janet Louisa Scott, dont le coût annuel est de neuf dollars.

Guillaume Barette, né vers 1846, et son épouse, Élodie Condon, ont cinq enfants : Alfred, Rosina, Alexina, Marie-Albertine et Adélard. En 1915 et 1916, Alexina et son époux, Aimé Dallaire, employé à la New York Central Railway, partagent leur résidence. Le 9 juin 1916, dans la maison de ses parents, Alexina met au monde des jumeaux, une fille et un garçon, Aline et Jean-Philippe. Ce dernier est aujourd'hui reconnu comme un des grands artistes peintres du Québec.

L'aîné d'une famille de sept garçons et quatre filles, Jean-Philippe fait un cours commercial au Collège Notre-Dame de Hull, puis entre à l'École technique l'année suivante. En 1935, il étudie le dessin et la peinture à Toronto et fréquente ensuite l'École des beaux-arts de Montréal. À 20 ans, il présente une première exposition à Ottawa. En 1938, avec l'aide du dominicain Georges-Henri Lévesque et de la famille d'Alexandre Taché, il obtient une bourse pour aller étudier à Paris. Il part pour la France la même année, accompagné de sa jeune épouse, Marie-Thérèse Ayotte, fille de Hormidas Ayotte et Rose Pharand et sœur du peintre et décorateur Georges Ayotte. En 1940, ils sont arrêtés par les Allemands. Dallaire est emprisonné au Stalag 220, à Saint-Denis, tandis que son épouse, après deux ans d'internement, se cache à Paris. Lui-même n'est libéré que le 25 août 1944. Un an plus tard, il rentre au Canada.

De 1946 à 1952, Dallaire donne des cours à l'École des beaux-arts de Québec. Il exécute plusieurs grandes compositions murales et participe à de nombreuses expositions. De retour à Ottawa en 1952, il obtient un poste de dessinateur à l'Office national du film (ONF). Il présente ses œuvres dans de grandes expositions, entre autres, à Sao Paulo, au Brésil (1953), à la Galerie Dominion, à Montréal (1954), et à la Robertson Gallery, à Ottawa. En 1956, il quitte la capitale pour Ville Saint-Laurent, où l'ONF a déménagé ses bureaux. Il abandonne famille et pays en 1958 pour vivre à Vence, en France, où il meurt le 27 novembre 1965. Il est inhumé dans le cimetière Notre-Dame, à Ottawa.

En 1989, Jacqueline Tardif, directrice de la galerie Montcalm, à Hull, fait renaître l'œuvre de Dallaire par une première exposition. La Ville de Hull acquiert les quatre grandes toiles pour la Maison du Citoyen. À l'été 1997, le Musée du Québec, à Québec, organise une grande rétrospective Dallaire, qui connaît ensuite un énorme succès à Montréal. Il manque, à la collection de la Ville, un tableau, Cadet Rousselle avait trois maisons, exécuté en 1954. On y voit trois maisons de styles architecturaux très répandus à Hull : l'« hôtel » de style à l'italienne, une habitation appelée depuis quelques années la « maison allumette » ou « hulloise », qui est une pauvre adaptation du pittoresque victorien, et la maison influencée par le style Second Empire.

Le grand-père de Dallaire, Guillaume Barette, mourut le 17 octobre 1921, laissant l'usufruit de ses biens à son épouse et la maison, à son fils Adélard. Alexina et sa famille continuèrent néanmoins à habiter avec Élodie, sa mère. Au décès de cette dernière, le 15 janvier 1936, Adélard, ayant quitté Hull, fit don de la propriété à Alexina, qui y demeura jusqu'en juin 1966. Son fils Rémi l'achète pour la revendre dès l'année suivante.

La maison Dallaire a été citée monument historique par la Ville de Gatineau.



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