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Le café Aux Quatre Jeudis
42-44, rue Laval

Aux Quatre Jeudis Café

L'histoire de ce site commence avec Isaïe Laflèche, né le 25 mai 1846, à Saint-Martin-de-l'Île-Jésus (Laval). Venu à Hull en 1872, il y épouse, la même année, Olive Cadieux, fille de Pierre Cadieux et de Josette Rodier. De leurs 11 enfants, quatre meurent au berceau. Leur fille Dona épouse Wilfrid Sanche; deux garçons entrent chez les Frères des écoles chrétiennes et trois autres, Zéphir, Oscar et Albert, deviennent commerçants dans leur ville natale. Un dernier, Eugène, aurait inventé une recette de la bière d'épinette. En 1877, Isaïe Laflèche, un ouvrier, possède une maison dont une partie est occupée par l'épicier Anthyme Carrière. L'incendie de 1880, qui rase 486 maisons à Hull, le contraint à construire une nouvelle demeure, et il devient alors épicier. En 1886, un autre incendie ravage une partie du quartier incluant son immeuble. La nouvelle maison en bois, plus grande, brûle à son tour lors du grand feu du 26 avril 1900.

Persévérant, Laflèche construit, au même endroit, un quatrième bâtiment de trois étages, cette fois en brique, dans un style à l'italienne, qui héberge une épicerie, le logement familial et une salle publique. Trois de ses fils, Zéphir, Oscar et Albert, deviennent aussi épiciers. Albert assure la relève du commerce paternel et en devient le propriétaire en avril 1912, à la retraite de son père. Le comptoir de boucherie offre la viande fraîche en provenance de la Canada Packers. Outre les employés et les charretiers engagés, les enfants d'Albert, Georges-André, Rolland et Marie-Jeanne, travaillent au commerce familial. C'est un lieu privilégié où se racontent des histoires de chasse et de pêche, car Albert fait partie de cinq clubs sportifs.

Albert Laflèche (1880-1955) épouse Mézilia Tremblay (décédée en 1952) le 20 juin 1904. Ils ont 11 enfants, dont sept atteignent l'âge adulte : Jean-Louis, Georges-André, Marie-Jeanne, Gertrude, Rolland, Bernard et Gérard. Leurs enfants sont choyés. Ils ont accès aux études et à tous les loisirs. Georges-André devient premier violon de l'orchestre symphonique d'Ottawa à 16 ans. Tous se montrent d'excellents joueurs de tennis. Marie-Jeanne est peintre. Gertrude étudie à l'Université d'Ottawa et à Paris, et fait carrière en recherche au sein de la fonction publique fédérale. En 1978 et en 1979, elle s'implique dans la conservation de la maison Wright-Scott et le projet d'un musée de l'Outaouais.

Au-dessus du logement familial, une grande pièce sert de lieu de rassemblements publics. Entre 1912 et 1920, la salle Laflèche est le lieu de rencontre du premier syndicat catholique, l'Association ouvrière de Hull, ancêtre de la CSN (Confédération des syndicats nationaux), animé par Achille Morin, ardent syndicaliste, ancien chevalier du travail et échevin de Hull, de 1930 à 1957. L'Outaouais est alors l'une des régions les plus actives du Québec dans l'implantation du syndicalisme catholique. Fondée en 1912, l'Association visait à rompre avec la forme de syndicalisme privilégiée par les unions internationales implantées dans la région, quelques décennies plus tôt, et reposant sur le cloisonnement par corps de métier. Elle préconise la collaboration entre les classes sociales et cherche à protéger la langue et la culture française des ouvriers contre l'influence anglaise et américaine. Nul doute que les premières grèves des travailleurs hullois animent les discussions des gens qui fréquentent la salle Laflèche. Celle-ci sert aussi à la tenue de soirées dansantes au cours desquelles Albert Laflèche fait valoir ses talents de « câleux ».

En septembre 1957, Georges-André Laflèche loue l'épicerie à René Belisle et à Gabriel Larivière, de Saint-André-Avellin, qui y demeurent plusieurs années. En janvier 1976, Laflèche vend la propriété au notaire Pierre Desrosiers, de la Société de gestion Phides. En février 1977, un projet d'initiative locale, la Galerie Laflèche remplace l'épicerie.

Le 4 janvier 1978 débute une ère nouvelle. Louis Gilles Rocheleau, François Fortier et Carole Morin ouvrent le café Aux Quatre Jeudis. L'appellation du lieu est le résultat d'une longue discussion qui s'est terminée sur ces mots : « Bon, continuons, on s'occupera du nom dans la semaine des quatre jeudis ! » Cette expression de chez nous correspond bien aux projets élaborés sur le coin d'une table dont certains verront le jour... dans la semaine des quatre jeudis ! Ce n'est cependant pas toujours vrai. Avec la pertinence des activités artistiques et culturelles présentées par François Fortier, le café est devenu une institution. De nombreuses expositions font la promotion des artistes de la région et les lancements de livres attirent les amateurs de littérature. Depuis 1989, des films sont projetés sur le grand écran extérieur. Même le mur arrière marque la vocation culturelle du café en servant de support à la « murale aux poissons », exécutée en 1988 par Turquoise Design Inc., une des jeunes firmes qui prirent leur envol dans les locaux du premier étage. Les saisons et les fêtes populaires sont célébrées par des soupers spéciaux et des soirées mémorables, entre autres celle de l'Halloween. On ne fait pas que boire Aux Quatre Jeudis !



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