a pression exercée par le mouvement syndical sur les lieux de travail et sur la scène politique força le gouvernement à agir. Au début de 1944, le gouvernement libéral alors au pouvoir adopta un décret d'urgence, C.P. 1003, qui protégeait le droit des travailleurs à la syndicalisation et exigeait des employeurs qu'ils reconnaissent les syndicats choisis par une majorité de travailleurs. La validité de cette loi d'urgence fut prolongée de deux ans après la fin de la guerre pour assurer la stabilité de la main-d'œuvre durant la période de transition vers une économie de paix. Ce changement fondamental dans nos lois du travail eut de profondes répercussions sur les relations industrielles au Canada. Les employeurs devaient en effet désormais négocier avec des organisations d'employés - les leurs - légalement accréditées.

Les syndicats réagirent rapidement à cette nouvelle victoire juridique. Partout au pays, les sections locales firent pression auprès de leurs employeurs pour négocier et signer des conventions exécutoires. Les fédérations nationales du travail, le Congrès canadien du travail (CCT) et le Congrès des métiers et du travail (CMT) collaborèrent à une campagne destinée à convertir, dès la fin de la guerre, les dispositions d'urgence du décret 1003 en une loi permanente. Pareille collaboration entre les deux plus importantes fédérations du travail reflétait l'acceptation graduelle du syndicalisme industriel par le CCT. Elle montrait aussi l'accord tacite qui se dessinait entre le CCT et le CMT pour ne pas affaiblir, par des querelles intestines, leur pouvoir politique.

L'alliance qui se nouait entre le CCT et le CMT ne pointait toutefois pas en direction d'une unification complète du mouvement ouvrier. La majorité des syndicalistes québécois demeuraient toujours à l'extérieur des organisations syndicales nationales. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, sur le front politique il n'y eut pas, contrairement à ce qui s'était produit à la fin de la Première Guerre mondiale, de coalition, à grande échelle, des forces syndicalistes progressistes. Au contraire, les divisions entre communistes, socialistes et autres progressistes continuèrent à s'accentuer .



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