Mer et monde : Les pêches de la côte est du Canada

En quête du délice des jours maigres
Le voyage de pêche du Saint-André (1754)
En quête du délice des jours maigres : 
Le voyage de pêche du Saint-André (1754)

Par Jean-Pierre Chrestien à la TABLE DES MATIÈRES


La pêche sur le Grand Banc

L'aménagement du navire 87
 

Les navires, surtout les gros qui ont une coque renflée et un pont supérieur étroit et rentré, sont aménagés de manière à placer les pêcheurs en position de laisser tomber leurs lignes plombées à l'eau et de les retirer avec leurs prises sans être incommodés par le renflement de la coque. C'est ce que les pêcheurs normands appellent établir le " bel ". À bâbord, où se placent les pêcheurs ou lignottiers 88, le bel, s'étend depuis les haubans de misaine jusqu'au commencement du gaillard arrière. S'il y a lieu, une installation similaire, qu'on nomme la galerie, s'étend le long du gaillard arrière depuis les haubans du grand mât jusqu'au delà du mât d'artimon. Lorsque le navire a beaucoup de rentrée et qu'il est fort accastillé, on établit la galerie sur les côtés vers l'extérieur du bâtiment. S'il n'y a pas de gaillard, comme cela semble être le cas sur le Saint-André, on étend simplement le bel sur toute la longueur du navire en fonction du nombre de lignottiers.


Étêteur, habilleur et lignottier - 
Musée canadien des civilisations

Figure 10 : Étêteur, habilleur et lignottier à bord d'un bâtiment de Normandie
H.-L. Duhamel du Monceau, Traité général des pesches, 1772, vol. 2, 1ère section, seconde partie, planche IX, fig. 2, Musée canadien des civilisations.


Pour se maintenir en équilibre à leur poste de pêche, les pêcheurs se tiennent debout dans des barils (figure 9 : A et B; figure 10 : c, d, e). Ces barils de pêcheurs sont généralement étroits par le haut et larges à la base afin d'assurer une meilleure stabilité. Ils forment une véritable jupe autour des pêcheurs, qui portent un tablier de cuir débordant sur le baril pour éviter de se mouiller. Le bord de l'ouverture est recouvert d'un bourrelet de paille pour protéger le pêcheur des éraflures et amortir les heurts contre le rebord lors des coups de mer. Le pêcheur normand est généralement chaussé de sabots qui le tiennent au sec au fond du baril, mais parfois les pêcheurs sont debout pieds nus sur un faux fond à 30 cm au-dessus du fond véritable. Ce second fond maintient le pêcheur surélevé dans son baril et permet à l'eau qui s'infiltrerait à l'intérieur de s'égoutter vers le fond. Sur ce faux fond, il y a un coussin de paille recouvert de toile à voile. Le baril est amarré au gaillard, au pont ou à la galerie du navire de manière à ne faire aucun mouvement, quelque roulis ou tangage qu'il y ait 89.



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