Les décès de mères et de bébés au Canada, à la fin du XIXe siècle et au début du suivant, préoccupent énormément les collectifs féminins, les réformateurs urbains et les politiciens progressistes comme Newton Rowell. En avril 1919, ce dernier informe la Chambre des communes que les statistiques canadiennes de mortalité infantile sont mauvaises si on les compare à celles d’autres dominions britanniques, comme la Nouvelle-Zélande et l’Australie. Les taux variant de 91,2 décès de nourrissons par 1000 habitants, en Saskatchewan, à 153,4 par 1000, au Québec, les provinces canadiennes ne font pas aussi bien que la Nouvelle-Zélande, qui en compte 50 par 1000 habitants, et l’Australie, qui en compte 68. Même Londres, avec 89 par 1000, protège, mieux que n’importe quelle ville canadienne, la vie des bébés. Le nouveau ministère de la Santé fédéral crée une Division du bien-être de l’enfance et demande à Helen MacMurchy, l’une des premières femmes à pratiquer la médecine au Canada, bien connue par ses rapports sur la mortalité infantile soumis au gouvernement de l’Ontario, de diriger une campagne de sensibilisation nationale sur la réduction de la mortalité infantile et maternelle. MacMurchy fait paraître une série de brochures qui sont distribuées aux femmes enceintes par les médecins, les collectifs féminins, les Infirmières de l’Ordre de Victoria et la Croix-Rouge ou envoyées directement aux femmes qui écrivent au Ministère pour obtenir de l’information
Ce grand pavillon de la maternité ouvre à l’hôpital général de Vancouver en 1929. Les dimensions du bâtiment reflètent deux changements : plus de femmes choisissent d’accoucher à l’hôpital et les hôpitaux sont devenus des « ateliers médicaux » dotés d’une équipe d’experts.
City of Vancouver Archives, Bu N244.2
À la conférence sur les services médicaux tenue en 1927, elle communique les résultats d’une étude sur la mortalité maternelle réalisée à la demande des participants à la conférence de 1924, qui désiraient de l’information sur les causes et la prévention de la mortalité maternelle. MacMurchy a analysé des statistiques recueillies en 1925 et en 1926 et recensé 1532 décès, soit « plus de quatre décès maternels par jour ». La plupart des médecins en concluent qu’un manque de soins prénatals en est la cause, mais MacMurchy déclare : « Le facteur économique entre en jeu. Il n’est pas inhabituel pour nous [le ministère de la Santé] de recevoir des lettres de parents qui n’ont pu payer le médecin lors de la naissance de l’enfant précédent et ont honte de lui demander de revenir. Ils s’interrogent : “Que doit-on faire?” » (« Maternal Mortality Survey », Second Conference on the Medical Services in Canada, Chambre des communes, les 28, 29 et 30 mars 1927, Ottawa, F. A. Acland, Imprimeur du roi, 1928, p. 146-149, traduction) Peu à peu, l’hôpital devient le lieu privilégié pour les accouchements et, dans les années 1930, certaines villes décident de faire une expérience en offrant des consultations prénatales. Cependant, la mortalité maternelle ne commence à baisser de façon importante que dans les années 1950. La lutte contre la mortalité infantile restera difficile dans les provinces moins nanties jusqu’aux années 1970, et elle pose toujours un problème dans le Nord du Canada et dans les réserves des Premiers Peuples.