Dévéloppement des ressources humaines Canada.
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1867-1914 - Vieillesse et pauvreté 1915-1927 - Notre première pension de vieillesse 1928-1951 - Augmentation des demandes 1952-1967 - Réduction de la pauvreté 1968-1989 - Toucher davantage de Canadiens 1990-2000 - Les pensions sur de bonnes assises Depuis 2000 - Un avenir assuré

1867-1914 - Vieillesse et pauvreté

Ce que les Canadiens ont reçu

ANC - détail de C24801Vieux pionniers dans un jardin près de Punichy, (Sask.). M et Mme Hall.

Les pensions de vieillesse ont évolué relativement lentement au Canada. Entre la Confédération et la Première Guerre mondiale, il y eut une certaine activité concernant les prestations de pensions, mais elle n'a pas touché la majorité des personnes âgées de la nouvelle fédération. Les dispositions constitutionnelles qui conféraient aux provinces la compétence en matière d'aide sociale limitaient le potentiel de recettes du fédéral à une époque antérieure à l'imposition du revenu et les restrictions administratives étaient en partie responsables. Il faut aussi tenir compte de l'idéologie dominante selon laquelle la sécurité économique au cours de la vieillesse relevait des particuliers et de leurs familles, des paroisses ou congrégations, ainsi que des institutions de bienfaisance. On ne considérait pas les pensions comme un droit, et la prise de conscience du problème des personnes âgées pauvres ne se fit que graduellement.

Certains Canadiens vivant à cette période pouvaient s'attendre à une certaine forme de remplacement du revenu au cours de leur vieillesse. Quelques-uns reçurent des gratifications discrétionnaires en raison d'un long service chez un employeur. D'autres bénéficièrent de leur appartenance à des régimes privés de pension d'employeur, comme ceux mis en place par la Grand Trunk Railway en 1874 et la Canadian Pacific Railway en 1903.

Le gouvernement fédéral du Canada, qui avait la compétence constitutionnelle sur les membres des Forces armées et les employés fédéraux, promulgua en 1870 la Superannuation Act introduisant des pensions cotisables pour les fonctionnaires fédéraux. En 1904, il adopta une loi visant à inverser le taux de défection alarmant dans l'armée canadienne, en augmentant la solde des militaires et en octroyant une pension d'environ 110 $ par an aux soldats qui avaient 20 ans de service. En 1905, les autorités fédérales versèrent aux membres du Conseil privé et aux ministres du Cabinet une pension annuelle de 3 500 $.

C'était une somme d'argent importante à l'époque. L'outil de calcul de l'inflation de la Banque du Canada permet de déterminer l'équivalent de ce montant aujourd'hui. Il ne remonte qu'à 1914, mais permet d'imaginer le montant de la pension d'un ministre du Cabinet en 1905 en sachant que 3 500 $ en 1914 équivaudraient à 55 408,45 $ en l'an 2000.

Au niveau provincial, le Québec établit un régime de pension de la fonction publique en 1876.

Cependant, pour la plupart des gens, l'épargne, les biens, la famille et la collectivité demeuraient le seul recours lorsqu'ils ne pouvaient plus travailler. Les personnes âgées qui ne disposaient pas de ces ressources pouvaient se retrouver dans les asiles des pauvres ou être même forcés de se réfugier dans les prisons. Ceux qui n'avaient pas besoin de soins spéciaux et qui pouvaient rester dans leur propre maison pouvaient recevoir une petite aide financière ou quelques besoins fondamentaux, comme de la nourriture et des vêtements. Les veuves pouvaient être particulièrement vulnérables, car les femmes tendaient à être dépendantes financièrement. Même si le mari d'une femme avait un régime de pension d'employeur, il n'y avait pas de prestations au conjoint, et les possibilités d'emploi rémunéré pour les femmes âgées étaient limitées.

Les personnes handicapées qui ne pouvaient pas travailler et qui ne recevaient pas d'aide de leur famille ou de la collectivité avaient peu de choix que de faire appel à la charité, aux œuvres de bienfaisance ou au placement en établissement. Les personnes invalides à la suite d'un accident de travail avaient très peu recours aux indemnités, car la première loi sur l'indemnisation des accidents du travail ne fut adoptée qu'en 1914. Même si l'aide sociale à l'enfance faisait l'objet d'une attention accrue vers la fin du 19e siècle, les enfants de veuves et de personnes handicapées incapables de travailler ne pouvaient obtenir l'aide financière qui est offerte aujourd'hui grâce aux prestations de régimes de pensions privées et gouvernementales.

La disponibilité et les normes de l'aide variaient d'une région à l'autre du pays. Ceci était dû à l'absence de loi ou de politique dérogatoire en vue d'éviter la pauvreté et au fait que la responsabilité provinciale en matière d'aide sociale retombait grandement sur les épaules des municipalités, des églises et des organismes caritatifs privés.

Toutes les formes d'aide, publique ou privée, permettaient tout au plus de survivre. De plus, elles exigeaient des demandeurs un examen minutieux de leur vie et de leur situation familiale. Les administrateurs de l'aide essayaient de convaincre les familles de prendre en charge leurs propres membres. Les personnes âgées qui étaient placées dans les établissements publics perdaient leur droit de vote. En outre, les municipalités revendiquaient souvent les biens des personnes âgées placées dans les établissements publics pour s'assurer qu'elles défrayent le coût des soins qu'elles recevaient.

Au tournant du siècle, l'industrialisation avait créé une classe ouvrière qui dépendait de plus en plus d'emplois faiblement rémunérés et souvent saisonniers. Luttant pour survivre de revenus maigres et incertains, un nombre croissant de personnes trouvaient difficile de subvenir aux besoins de leurs parents âgés ou de subvenir à leurs propres besoins dans leur vieillesse. Émus par leurs difficultés, les réformateurs sociaux et les mouvements syndicaux, y compris les adeptes du Social Gospel, comme le Moral and Social Reform Council et le Congrès des métiers et du travail du Canada, attirèrent l'attention du gouvernement fédéral sur la question d'un programme national de pensions pour les personnes âgées les plus pauvres. Craignant le coût et toujours convaincues que le bon régime d'épargne et un peu d'autodiscipline de la part des travailleurs résoudraient le problème, les autorités fédérales adoptèrent en 1908 la Loi relative aux rentes sur l'État. Cette loi prévoyait la vente de rentes sur l'État allant jusqu'à 600 $.

Les cotisations étaient facultatives, le calendrier des paiements pouvait être adapté pour convenir à la personne en question, et les conditions étaient meilleures que celles offertes dans le secteur privé. À un âge précis, l'acheteur devait recevoir des prestations annuelles d'un montant fixe. Toutefois, un nombre minime de ces rentes a été vendu, et la majorité des prestations fut versée à des personnes qui n'étaient pas les plus vulnérables. Les personnes très pauvres ne pouvaient pas économiser d'argent pour cotiser à un tel régime; un bon nombre d'entre elles parvenait tout juste à survivre.