Jouets et objets de curiosité - L'art historique inuit au Musée canadien des civilisations Retour Suivant

« Par le passé, les fillettes inuites âgées d'environ 10 ans confectionnaient leurs propres poupées avec l'aide d'une soeur aînée ou d'une belle-soeur.

Ces petites poupées, dépourvues de visage, étaient faites surtout de peaux et elles portaient des vêtements qu'on pouvait enlever. La poupée la plus appréciée possédait plus d'un ensemble de vêtements.

La peau de tout animal pouvait servir à la confection des poupées et de leurs vêtements : celle des chiots nouveau-nés, des siksiks, des belettes et des lemmings, ainsi que la membrane mince du cou des oiseaux.

Pour une fillette inuite, ces poupées étaient très importantes parce que, en les façonnant elle-même, elle s'initiait aux diverses techniques traditionnelles de la couture : écorcher l'animal, étirer et adoucir la fourrure, découper et coudre les peaux en vêtements. »

Anaoyok Alookee, de Taloyoak (Strickler, p. 12)

D'abord des jouets pour fillettes, les poupées sont devenues des pièces de collection très convoitées par les visiteurs dans le Nord durant la période historique de l'art inuit. Entièrement vêtues, elles reflétaient l'habillement traditionnel d'une région donnée et servaient de « modèles » parfaits et de souvenirs pour cet aspect particulier de la culture matérielle inuite. Alors que les poupées fabriquées à des fins domestiques étaient de confection grossière, celles qui étaient conçues pour le troc pouvaient être passablement élaborées. Elles devraient donc être prises en considération dans toute discussion de l'art inuit historique.

Eva Strickler/Anaoyok Alookee
1988 – Inuit Dolls: Reminders of a Heritage. Toronto: Canadian Stage and Arts Publications Ltd.


Poupée esquimaude - Femme avec sac « Eskimo Doll – Woman with bag »
(Poupée esquimaude – Femme avec sac), 1914
Côte est du Labrador
bois, peau de phoque, coton
28 x 11 x 2 cm
MCC IV-B-348
Acquis par Ernest William Hawkes au cours d'une mission au Labrador, en 1914

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Hawkes commente ainsi les poupées qu'il a collectionnées : « Elles possèdent une valeur ethnologique ajoutée car elles reflètent en miniature l'habillement d'usage dans leur région de provenance. »* La femme avec un sac semble presque trop parfaite pour avoir été un jouet. Aujourd'hui, on parlerait d'une sculpture souple.

* E. W. Hawkes
1916 –The Labrador Eskimo. Ottawa, Services d'imprimerie du gouvernement canadien, (Commission géologique du Canada), Étude 91, Collection d'anthropologie,
no 14, p. 122, ill. p. 231.

Poupée en bois, 1915
Dans les environs de Chesterfield Inlet, Nunavut
bois
7 x 1,1 x 0,8 cm
MCC IV-C-1094
Acquis par l'anthropologue danois Christian Leden au cours de son expédition dans le Keewatin,
de 1913 à 1916
  Poupée en bois Haut de page

Cette poupée a vraisemblablement servi de mannequin qu'une fillette aurait vêtue avec les retailles de peau de caribou dont sa mère n'avait pas besoin pour sa propre couture. Elle provient de la tribu des Aiviliks.