Marius Barbeau Un aperçu de la culture canadienne (1883-1969)
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La collection de cylindres de cire du Musée Canadien des civilisations

Le Musée canadien des civilisations possède 3,312 cylindres de cire originaux enregistrés entre 1899 et 1949.

De ce nombre 1,692 comportent des chansons et des musiques folkloriques enregistrées principalement auprès des canadiens-français.

Les 1620 autres se rapportent aux divers peuples autochtones incluant les Inuits au Canada.

Types de cylindres de la collection

La collection du Musée se compose indifféremment des deux types de cylindres de format standard disponibles à l'époque soit les cylindres deux minutes de toutes générations (brun pâle, brun, brun foncé, gris foncé et noir) et les cylindres quatre minutes (noir) plus versatile et plus résistant.

À cela s'ajoute 87 cylindres grands format (6 pouces) enregistrés en 1949 sur un appareil électrique de dernière génération, l'« Edison Ediphone Master Wax Voice Writer ». Le Musée possède également une petite collection de 9 cylindres commerciaux illustrant divers types de cylindres 2 minutes et 4 minutes produits par Edison et son concurrent Columbia.

Outil de recherche des anthropologues

La fragilité des cylindres et leur rapide détérioration explique probablement pourquoi on voyait les enregistrements sur cylindre comme un médium temporaire aidant la collecte d'information. Au début on ne cherchait pas à constituer des collections sonores, mais plutôt on s'en servait comme outil de cueillette complémentaire aux notes de terrains.

C'est ce qui explique par exemple que l'ethnologue Marius Barbeau, n'enregistrait que les parties essentielles d'une chanson, le refrain et un ou deux couplets. Avec cela il était en mesure de procéder à une transcription musicale et de conserver la manière particulière de chanter des interprètes. Il prenait le reste de la chanson et les autres informations en sténographie.

Quand il s'agissait de sujet plus complexe ou de langues autochtones il devenait alors essentiel d'enregistrer l'intégralité, ce qui pouvait nécessiter plusieurs cylindres. Toutefois, Barbeau, comme les autres anthropologues conservait tous les cylindres enregistrés même si en principe ils en avaient retiré l'information requise. Donc pas question d'aplanir la surface des cylindres et de les réutiliser comme c'était l'usage.

Copies sur supports moins fragile

La fragilité du médium a poussé à diverses reprises le Musée à procéder à la copie, sur des supports moins fragile, des anciens enregistrements sur cylindre de cire. Dès la fin des années 1940, l'ethnologue Barbeau fit copier sur disques une partie de sa collection de chansons folkloriques canadienne-françaises.

De 1958 à 1962 on entreprit la copie systématique de l'ensemble des enregistrements. Le projet fut repris en 1981 jusqu'en 1986 avec un équipement plus moderne. Réalisé sur rubans magnétiques, ces copies ne sont pas toujours de qualité égale et sont sujettes à altération.

 

Survol historique des phonographes et cylindres de cire

Le phonographe à cylindre représente le premier appareil d'enregistrement sonore disponible et commercialisé au monde. On doit son invention à Thomas Alva Edison, en 1877.

Ses expériences devaient le mener à créer un appareil muni d'un stylet fixé au centre d'un diaphragme qui, activé par les vibrations sonores, marquait une feuille d'étain recouvrant un cylindre à la surface filetée, en rotation. Pour entendre le message enregistré il suffisait de replacer le stylet dans le sillon qui venait d'être marqué.

En repassant sur les creux et les bosses du sillon, le stylet transmettait les vibrations au diaphragme qui reproduisait le son enregistré. Edison fut ainsi en mesure de réentendre pour une première fois le message qu'il venait d'enregistrer : « Mary had a little lamb ».

Conscient de ses multiples applications Edison fit enregistrer son invention le 24 décembre 1877 et en obtint le brevet le 19 février 1878. Il devançait ainsi un autre inventeur, Charles Cros, poète et scientifique français, qui le 30 avril 1877, avait présenté à l'Académie des sciences à Paris une invention similaire « le phonautograph ».

Dès le printemps 1878, Edison se met en quête de commercialiser son invention. Sous l'égide de « The Edison Speaking Phonograph Company », des représentants parcourent le continent pour faire la promotion du nouvel appareil « Phonographe Edison à feuille d'étain ».

Cette nouveauté connait un succès instantané mais éphémère. Sa complexité et le fait que la feuille d'étain ne permettait que quelques écoutes firent de cette machine un simple objet de curiosité.

Edison devait laisser pour quelque temps son invention de coté pour se concentrer sur le développement des ampoules incandescentes. Pendant ce temps Alexander Graham Bell, son cousin Chichester A. Bell et Charles Sumner Tainter, reprenaient l'idée de Edison en remplaçant la feuille d'étain par de la cire et en utilisant un stylet mobile qui grave plutôt qu'une aiguille rigide qui marque le cylindre. En 1886 C. Bell et Tainter obtenaient un brevet pour cette invention. Mais en 1887, Edison revenait à la charge avec une série de modifications utilisant cette fois le cylindre de cire (appelé aussi phonogramme).

Présenté comme un dictaphone réservé à l'usage des compagnies, le nouvel appareil, en plus de soulever l'opposition des sténographes, demeurait d'un usage restreint à cause de son moteur électrique. Edison réajuste le tir et lance en 1896 un phonographe pour usage domestique avec moteur à ressort. En 1898 il met en marché le « Edison Standard Phonograph ».

L'ère du phonographe à cylindre de cire est lancée.

Les cylindres connaissent également une évolution. Vers 1888 les cylindres se standardisent à un diamètre d'un peu plus de 2po et une longueur de 4po (5,5 cm x 10,5 cm). Ils sont habituellement faits d'un composé cireux. La vitesse d'enregistrement demeure variable passant selon le cas de 90rpm pour les enregistrements de la voix donnant un enregistrement de près de 4 minutes à 120 – 160rpm ou plus pour la musique, donnant un enregistrement de 2 à 2.5 minutes.

À partir de 1902 le standard était établi à 160rpm. Avec leurs 100 sillons au pouce, ces cylindres avaient une durée de deux minutes.

 

La composition des cylindres de cire

Les premiers cylindres de cire (1895 -1901) produit par Edison étaient de couleur brunâtre et à l'origine composés d'un mélange de cires minérales, végétales et animales. (Cérésine jaune 100 parties, cire d'abeilles 25 parties, et de cire stéarique 25 parties).

Le mélange fondu et purifié est moulé afin de produire les cylindres qui par la suite sont calibrés, dégrossis et polis à l'aide d'un saphir. Ils sont alors prêts pour l'enregistrement.

Par la suite, la cire devait être remplacée par une combinaison de deux composés. Un mélange de produit d'asphalte et de cire de carnauba pour la base du cylindre et un composé (de savon métallique) constituer de stéarate de soude et d'un durcisseur métallique pour la surface enregistrable.

Dès les débuts Edison s'était lancé dans le commerce des cylindres enregistrables et dans celui des cylindres préenregistrés. Le mode de production était le même et chaque cylindre devait être enregistré individuellement par gravure ce qui obligeait des enregistrements à répétitions pour arriver à produire un nombre suffisant de copies.

L'Edison Gold-Moulded Cylinder

En 1902, Edison améliorait grandement la situation en développant un système de moulage des enregistrements originaux permettant une production massive. L'« Edison Gold-Moulded Cylinder » (1902-1912) donna un essor considérable à l'industrie du cylindre préenregistré pour fins de divertissement.

Fragilité des cylindres

Les cylindres demeuraient fragiles et avaient une durée limitée. On pouvait ramener les cylindres usagés chez le marchand pour obtenir un crédit sur un nouvel achat ou en faire raser la surface pour pouvoir y enregistrer à nouveau. Edison estimait que l'on pouvait réenregistrer un cylindre 50 à 75 fois avant de devoir le jeter.

On vendait à cet effet des appareils servant à raser la surface des cylindres ou des phonographes intégrant cet équipement. Les améliorations apportées au fil des années rendirent les cylindres plus durables permettant d'être joué plus d'une centaine de fois.

L'Edison Amberol Cylinder

En 1908 Edison innovait avec l'« Edison Amberol Cylinder » (Black wax Amberol) (1908-1912). Ce cylindre de dimensions standard doublait la capacité d'enregistrement avec ses 200 sillons par pouces. Ce qui, à 160rpm, permettait 4 minutes d'enregistrements au lieu de deux. Cette innovation devint le nouveau standard et les phonographes furent modifiés en conséquence.

L'Edison Blue Amberol

À partir de 1912 les cylindres préenregistrés prennent une nouvelle route avec le « Edison Blue Amberol ». Ce cylindre moulé en celluloïd ou bakélite bleu (un des premiers thermoplastiques fait de cellulose, d'acide nitrique et de camphre) visait à faire concurrence aux autres fabricants de cylindres dit incassables et au disque introduit par Émile Berliner avec le gramophone. On produira ce type de cylindre jusqu'en 1929, mais ce devait être un dernier soubresaut pour l'industrie du cylindre de cire, puisque dès 1915 Edison se lançait à son tour dans la commercialisation du disque.

Les cylindres pour enregistrements domestiques devaient demeurer essentiellement les mêmes et continueront à être disponibles jusqu'à la fin des années 1940.

 

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