En 1927, pour marquer le 60e anniversaire de la Confédération, on voit partout des images du célèbre tableau classique peint par Robert Harris en 1884 et représentant les Pères de la Confédération. Le tableau comme tel n'existe alors plus, ayant été détruit dans l'incendie du Parlement de 1916. Les reproductions ont sans doute été faites à partir d'une photographie de l'œuvre se trouvant dans les Archives nationales. Souvent reproduit dans la presse, le tableau est représenté, en outre, sur le nouveau timbre canadien de 2 cents, les menus des Chemins de fer nationaux du Canada et l'étiquette du cigare Confederation de H. E. Cooke.

L'honorable J. S. D. Thompson est premier ministre pendant deux ans seulement, entre 1892 et 1894. À sa mort, à l'âge de 51 ans, il est toujours en fonction après une brillante carrière politique et judiciaire.

Dans cette photographie composite contemporaine de boîte à cigares représentant le cabinet de Thompson, il est intéressant de noter l'importance accordée à J. F. Wood, contrôleur du Revenu de l'intérieur — et responsable des taxes sur le tabac. Les membres du Cabinet sont :

• J. F. Wood
  Contrôleur du Revenu de l'intérieur
• T. M. Daly
  Ministre de l'Intérieur
• Mackenzie Bowell
  Ministre du Commerce
• W. B. Ives
  Président du Conseil privé
• A. R. Angers
  Ministre de l'Agriculture
• Sir A. P. Caron
  Ministre des Postes
• C. H. Tupper
  Ministre de la Marine et des Pêches
• J. A. Ouimet
  Ministre des Travaux publics [à gauche]
• Frank Smith
  Ministre sans portefeuille
• N.C. Wallace
  Contrôleur des douanes
• J. J. Curran
  Solliciteur général du Canada
• G. E. Foster
  Ministre des Finances et receveur général
• John Costigan
  Secrétaire d'État du Canada
• John Carling
  Ministre sans portefeuille
• J. G. Haggart
  Ministre des Chemins de fer et Canaux
• J. C. Patterson
  Ministre de la Milice et de la Défense

Véritable caricature politique canadienne sur une boîte à cigares. Elle s'inspire de l'étiquette « Noisy Boys » ou « Recess » du lithographe new-yorkais Heffron & Phelps (vers 1880-1890). Le fabricant de cigares J. M. Fortier de Montréal, qui fabrique en fait un cigare « Noisy Boys », semble avoir fait faire sur mesure l'étiquette d'une seconde gamme « Noisy Boys » représentant des caricatures d'hommes politiques de l'heure, conservateurs et libéraux. De gauche à droite (excluant « l'enseignant »), nous croyons reconnaître :

• Louis-François-Georges Baby
• sir Edgar Dewdney
• John Henry Pope
• Joseph-Adolphe Chapleau
• Edward Blake
• sir Mackenzie Bowell
• sir John A. Macdonald
• sir Hector-Louis Langevin
• sir Alexander Mackenzie

Avant le Canadien National, le Canadien Pacifique, voire le Grand Trunk, il y a le chemin de fer Intercolonial. Sa construction débute dans les années 1850 et vise à relier les Maritimes à la Province du Canada (l'Ontario et le Québec actuels). On fait de son achèvement une condition de la Confédération. Sandford Fleming est responsable de l'arpentage et de l'ingénierie. En 1876, l'Intercolonial s'étend sur 1100 kilomètres d'Halifax au Saint-Laurent. Par la suite, il sera relié au reste du pays via le Grand Trunk Railway. L'Intercolonial sera appelé à jouer un rôle vital dans le développement du Canada atlantique, et sans lui, le Canada lui-même n'existerait pas. L'Intercolonial ne connaîtra jamais de succès commercial et sera intégré au Canadien National en 1919.

Administrateur de chemin de fer du Minnesota, Jim Hill (1838-1916) est l'un des premiers directeurs du Canadien Pacifique. En 1882, il engage un compatriote, Cornelius Van Horne, à titre de directeur général pour superviser la construction. Van Horne s'avère un bon choix — il mène les travaux à bien — mais Hill démissionne de son poste au bout d'un an, car il s'oppose à la dispendieuse route entièrement canadienne au nord du lac Supérieur, imposée par le premier ministre Macdonald.

Le portrait de William Cornelius Van Horne (1843-1915), constructeur pionnier du chemin de fer du Canadien Pacifique, est couronné d'une locomotive, enguirlandé de feuilles d'érable et flanqué de deux scènes représentant la devise du Canada, « D'un océan à l'autre ». (À noter que Terre-Neuve, représentée par la tour de Cabot et la vue du port de St. John's, à gauche, n'est pas membre de la Confédération au moment de l'impression de cette étiquette.)

Van Horne était fumeur célèbre de cigares (il y a pris goût pendant la construction du chemin de fer cubain en 1900). À l'hôpital vers la fin de sa vie, son médecin lui interdit de fumer plus de trois cigares par jour. Le lendemain, Van Horne reçoit un colis de cigares faits sur mesure qu'on met quatre heures à fumer, chacun étant long de 60 cm.

L'illustration dynamique reflète la vision exaltante d'un second chemin de fer qui traverserait le Canada d'un océan à l'autre. Pour lui permettre de faire concurrence au Canadien Pacifique, le Grand Trunk Railway construit le Grand Trunk Pacific afin d'étendre sa voie ferrée du Canada central à l'est, de Montréal jusqu'à Saint John, au Nouveau-Brunswick, et à l'ouest, de Winnipeg jusqu'à Prince Rupert, en Colombie-Britannique. La construction du G.T.P. débute en 1906. En 1914, le coût d'installation et de construction de milliers de kilomètres de rails, de tunnels, de ponts et d'hôtels écrase la jeune compagnie. La société mère la prend en charge, mais succombe elle-même à la faillite cinq ans plus tard. Le Grand Trunk Railway — le plus grand réseau ferroviaire au monde au moment de la Confédération — est absorbé par le gouvernement canadien, puis fusionné au Canadien National en 1923.

L'histoire du Chemin de fer Canadien Pacifique est riche en ingrédients : vision nationale, avidité privée, scandale public, héroïsme individuel, sacrifice de groupe, ambition personnelle et enfin, innovation, courage et énergie sans bornes. En fait, on peut presque dire que c'est une histoire du Canada à ses débuts. En 1871, on incite la Colombie-Britannique à joindre les provinces de l'Est canadien en lui promettant un chemin de fer qui la relierait aux provinces de l'est d'ici dix ans. Il en faudra quatorze. Le 7 novembre 1885, Donald A. Smith enfonce le dernier crampon d'attache des rails du Canadien Pacifique reliant le pays d'est en ouest. L'événement est documenté dans ce qui pourrait très bien constituer la première photographie iconique du Canada.

Le fabricant de cigares H.E. Cooke, d'Owen Sound, en Ontario, utilise ici le nom et le célèbre logo du Canadien Pacifique. Sur cette boîte à cigares, il utilise la version du logo de 1898-1917 représentant la queue du castor allongée sur le coin supérieur de l'écusson. Construite par Grey and Bruce Railway, la ligne reliant Owen Sound à Toronto fait partie du réseau du Canadien Pacifique depuis 1883, mais on ne peut dire si les cigares étaient officiellement offerts aux voyageurs du chemin de fer.

Cette étiquette met en vedette les employés des chemins de fer (en haut à droite, dans le sens des aiguilles d'une montre, le chef de train, l'agent de train, l'aide-mécanicien et l'ingénieur) plutôt que les patrons. Y a-t-il une raison? Le cigare aurait-il pu être commandé spécialement par les membres des syndicats des chemins de fer? Il est peu probable que ce soit le cas. Peut-être le fabricant de ces cigares, William Atkins, voyait-il dans les travailleurs des chemins de fer un bon créneau ou un thème qui plairait au grand public. Et pourquoi pas d'ailleurs? L'étiquette est certes très accrocheuse et attirante.