À la croisée des cultures 200 ans d'immigration au Canada (1800-2000)
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Un aperçu historique de l'immigration au Canada

Le système de points d'appréciation

Étant donné le pouvoir qu'ont aujourd'hui les corporations et les bureaucraties, il est facile de comprendre comment les grands mouvements de biens, de services, d'argent ou de personnes ne pourraient pas échapper à un examen et à un contrôle minutieux. Si l'on ajoute à ces contraintes administratives l'énorme appareil judiciaire de notre pays et le sens du fair-play d'une démocratie, il n'est pas étonnant que nous ayons maintenant un système rigoureux de contrôle de l'immigration. En 2000, une méthode quantitative perfectionnée d'évaluation de la valeur des candidats en tant que travailleurs, entrepreneurs, professionnels ou citoyens était déjà en place. Les recherches sur la politique gouvernementale et la prise de décisions politiques permettaient d'établir le nombre de personnes qui seraient admises chaque année. Le ministère de l'Immigration peut admettre des personnes au Canada dans une ou plusieurs catégories : Regroupement familial, Réfugiés, Gens d'affaires, Travailleurs qualifiés, et Autre (retraités, aides familiales résidantes, etc.). Chacune de ces catégories est divisée en sous-catégories distinctes, par exemple époux, fiancé, fils ou fille, parent ou grand-parent, dans le cas de la catégorie du regroupement familial; ou entrepreneur, travailleur autonome et investisseur, dans la catégorie des gens d'affaires. En fait, il y a 25 sous-catégories réparties entre les cinq catégories principales de candidats.

Pour aider les agents d'immigration à décider qui sera accepté et qui sera refusé, il existe un système de points d'appréciation qui permet d'attribuer des chiffres ou des valeurs à des qualités telles que le niveau de scolarité, les compétences, la santé (ou l'absence de santé), la richesse et ainsi de suite. Il y a un seuil d'admission pour chaque sous-catégorie, mais dans l'ensemble, on accorde à chaque candidat un maximum de 100 points. Ce système est beaucoup trop détaillé et complexe pour être traité dans ce court essai. Il suffit de dire qu'il a fait ses preuves et qu'il est soumis à une administration et à une vérification rigoureuses. De plus, ceux qui sont refusés à diverses étapes du processus d'immigration peuvent interjeter appel à plusieurs niveaux. Quel genre de Canada crée-t-on avec le système actuel fondé sur l'appréciation? En 2000, 227 207 personnes ont été admises comme immigrants. En voici la répartition par catégorie :

Travailleurs qualifiés

118 495

52,2 %

Regroupement familial

60 517

26,6 %

Réfugiés

30 044

13,2 %

Gens d'affaires

13 655

6,0 %

Autres

4 496

2,0 %

Traditionnellement, on ne reconnaissait que les deux premières catégories, mais après la Seconde Guerre mondiale, et étant donné le soutien, voire le leadership, du Canada aux Nations Unies lorsque cet organisme essayait de s'occuper de réfugiés à travers le monde, notre pays a ouvert ses portes plus d'une fois à des personnes qui fuyaient des zones de guerre, des régimes oppressifs ou des catastrophes environnementales. Le Canada a accueilli notamment cent mille personnes déplacées provenant d'Europe (des années 1940 aux années 1950). Elles ont été suivies par des dizaines de milliers de réfugiés après l'échec de l'Insurrection hongroise (1956). Des Ougandais et des Somaliens fuyant l'oppression politique ou le conflit armé en Afrique de l'Est sont arrivés par milliers, alors que des dizaines de milliers de boat-people d'Asie du Sud-Est sont venus au Canada après la guerre du Vietnam. Depuis, il y a eu des réfugiés de la Yougoslavie, de l'Iran, de l'Afghanistan et de l'Amérique centrale. Ce sont surtout les églises et les groupes humanitaires canadiens, associés aux communautés ethniques et à des familles individuelles, qui se sont occupés de la réinstallation de ces réfugiés, normalement par le parrainage et d'autres moyens de bienfaisance.

Les immigrants de la catégorie des gens affaires ont joué un rôle tout aussi important. Dans les années 1980, le Canada est devenu plus conservateur, et ses décisions politiques, en particulier sur le plan économique, visaient plus souvent à promouvoir la libre entreprise plutôt que les dépenses publiques. Donc, il est devenu essentiel d'attirer des immigrants qui avaient des moyens financiers considérables ou qui étaient entrepreneurs. Les Asiatiques ont largement profité de cette nouvelle orientation de la politique d'immigration. Parmi ceux-ci figuraient les Chinois de Hong Kong, les Taïwanais et les Coréens, dont les économies florissaient, mais qui craignaient la prise de possession de territoires historiques par la Chine communiste.