À la croisée des cultures 200 ans d'immigration au Canada (1800-2000)
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Systèmes de croyances et rituels dans les communautés d'immigrants au Canada

De nombreux immigrants au Canada qui s'efforçaient de s'adapter à la vie dans un nouveau pays se tournèrent vers le soutien vital (spirituel et autre) des institutions religieuses établies et des sociétés d'entraide mutuelle. Les croyances et pratiques religieuses leur donnaient, ainsi qu'à leur famille, un sentiment de familiarité et de continuité avec le passé, à travers les nombreux changements et ajustements que leur réservait un nouveau pays étrange.

Les systèmes de croyances que partageaient les immigrants leur offraient un lien commun, renforcé par leurs rencontres régulières pour pratiquer leur culte et pour entretenir des rapports sociaux. Le temple, la salle de réunion, la synagogue ou l'église servaient souvent de centre communautaire où les immigrants pouvaient socialiser et s'offrir mutuellement entraide, réconfort et assistance.

De nombreux objets rituels utilisés par les immigrants pour leurs pratiques religieuses et rituelles étaient prisés non seulement pour leur utilité pratique, mais également pour leur valeur symbolique. Les objets rituels comportent généralement plusieurs niveaux de signification symbolique. Au fil des modifications et adaptations subies par les traditions religieuses pour répondre à l'évolution des besoins des communautés d'immigrants au sein de la société canadienne, ces objets ont pris de nouvelles significations et une nouvelle importance pour les membres de ces communautés.

À l'aide d'une sélection d'artefacts tirés de la collection du Musée, nous examinerons dans ce module l'importance des systèmes de croyances, les objets rituels et les symboles dans l'histoire de l'immigration au Canada, tout en reconnaissant le rôle des diverses organisations religieuses et sociétés fraternelles dans la formation du profil politique, social et ethnoculturel actuel de la société canadienne.

Les premiers immigrants européens au Canada étaient des catholiques français qui s'établirent dans la vallée du Saint-Laurent au XVIIe et au XVIIIe siècles. Le catholicisme, qui faisait partie intégrante de la vie des immigrants canadiens-français, régissait tous les aspects de la société. Les institutions sociales, les établissements scolaires et les hôpitaux étaient mis sur pied et dirigés par l'église, tradition qui s'est poursuivie au Québec jusqu'au milieu du XXe siècle.

Les immigrants catholiques continuèrent de peupler une bonne partie du Canada au fil des siècles, mais c'est au Québec que la présence du catholicisme demeure la plus forte, plus de 80 p. 100 de la population se déclarant catholique.

Parmi les nombreux artefacts de la collection du Musée propres à la religion catholique figurent plusieurs petits objets religieux qui auraient été portés ou transportés par les fidèles. Le rosaire en est un exemple. Il s'agit d'une série de petits grains utilisée dans les prières de dévotion. Il est coutumier d'utiliser les grains pour compter les prières. Les grains du rosaire peuvent être faits de diverses matières, par exemple, pierres précieuses, graines, bois, verre, métaux précieux et (aujourd'hui) plastique.

Les petites médailles de dévotion, que peut également porter leur propriétaire, commémorent souvent des saints, des lieux et des édifices célèbres. Elles peuvent aussi servir à bénir ou à protéger la personne qui les porte. Les médailles religieuses, qui ont habituellement la forme et la taille d'une pièce de monnaie, peuvent être portées sur une chaîne autour du cou. Parmi les images que l'on retrouve fréquemment sur les médailles catholiques canadiennes-françaises, mentionnons l'Oratoire Saint-Joseph, à Montréal, la Madone et l'Enfant, ainsi que la croix mariale.

La croix est l'un des objets de culte les plus importants du christianisme. Symbolisant le sacrifice de Jésus-Christ, c'est le principal emblème religieux de toutes les églises chrétiennes. Des croix et des crucifix de diverses tailles occupent une place de choix à l'intérieur de l'église; de grandes croix portatives peuvent également être portées en procession pour des rituels spéciaux.

On trouve des croix à l'extérieur des églises, dans les foyers, dans les carrefours, dans les cimetières et comme ornement d'innombrables articles personnels. Parmi les nombreuses formes de croix du christianisme, celle dont les bras se terminent par un motif de feuille ou de fleur était une variante primitive courante.

Aujourd'hui, environ 80 p. 100 des Canadiens se disent chrétiens. Plus de 387 000 chrétiens canadiens sont membres de l'église orthodoxe, la plupart de tradition grecque ou ukrainienne. Les Ukrainiens vinrent en grand nombre au Canada à la fin du XIXe et au début du XXe siècles, et ils s'établirent surtout dans les prairies. Ils s'empressèrent d'établir des paroisses, pressés de recréer des éléments familiers dans leur nouvel environnement. Dans les provinces de l'Ouest, on reconnaissait les communautés ukrainiennes à la présence du dôme bulbeux des églises orthodoxes. Ces églises étaient modestes au début, mais, dans les années 1940, beaucoup étaient magnifiquement peintes et décorées.

La peinture d'icônes ou d'images religieuses est une grande tradition artistique qui remonte aux débuts de l'église orthodoxe. Dans la tradition orthodoxe orientale, une icône religieuse est une image sacrée; il s'agit habituellement d'une peinture ou de la représentation d'un saint ou d'un être pur. Les icônes sont placées dans des endroits qui leur sont spécialement réservés à l'intérieur des églises orthodoxes. En plus de leur valeur artistique et esthétique, les icônes sont des aides visuelles qui rappellent à la communauté la théologie et les saints de l'église.

L'iconostase est une cloison qui sépare l'autel de la nef dans les églises orthodoxes orientales. Elle est habituellement décorée de rangées ou de couches horizontales d'icônes disposées dans un ordre particulier. Les iconostases pleine grandeur peuvent aller du plancher au plafond et comporter jusqu'à cinq rangées horizontales d'icônes. Les icônes de l'iconostase les plus importantes représentent Jésus-Christ, Marie et l'Enfant Jésus, ainsi que des gardiens, comme saint Nicolas, saint Georges, saint Michel et saint Gabriel.

Les icônes peuvent être peintes dans divers styles, mais les artistes et les iconographes ukrainiens-canadiens du XXe siècle adoptaient souvent un style néo-byzantin peu ornementé, caractérisé par l'utilisation de halos dorés autour de la tête du sujet. Les vêtements et la pose, souvent symboliques, sont imposés par la tradition. Par exemple, une robe blanche est un signe de pureté ou d'innocence, tandis qu'un vêtement bleu peut indiquer la dévotion ou la proximité du ciel ou du divin.

Les icônes présentées dans ce module proviennent de l'iconostase de l'église St. Onuphrius, qui se trouvait à l'origine près de Smoky Lake, en Alberta. Elles ont été peintes en 1934 par Leo Snaychuk, dessinateur d'ornement d'Edmonton. La communauté de St. Onuphrius a fait don en 1996 de l'église et de tout son contenu au Musée canadien des civilisations. Cette église a été reconstituée dans le musée et est maintenant exposée dans la salle du Canada.

Venus de diverses régions du monde, notamment d'Europe, d'Israël et d'autres pays du Moyen-Orient, d'Afrique et d'Amérique latine, les juifs du Canada forment un groupe ethnoculturel et religieux incroyablement diversifié qui partage une tradition millénaire. Des colons juifs vinrent en petit nombre au Canada au cours du XVIIIe siècle, mais il fallut attendre la fin du XIXe siècle avant de voir une importante vague d'immigrants juifs d'Europe de l'Est, qui s'établirent principalement à Montréal, Toronto et Winnipeg. Bien que Toronto et Montréal demeurent des centres prédominants, l'établissement de juifs dans les régions urbaines et rurales du Canada s'est poursuivie au fil des ans et on trouve des synagogues à l'échelle du pays, dans les petites villes aussi bien que dans les grands centres. Aujourd'hui, la population juive du Canada est la cinquième en importance au monde. [Recensement de 2001]

Tous les adeptes du judaïsme considèrent que la Torah est la parole sacrée de Dieu. L'un des éléments les plus importants de la synagogue est l'arche de la Torah, connue en hébreu sous le nom de Aron Kodesh (armoire sacrée), qui abrite les rouleaux de la Torah. L'arche de la Torah est pourvue de portes et d'un rideau (parokhet). Pour certaines prières, les portes et le rideau peuvent être ouverts ou fermés par un membre de la communauté. Tous les fidèles sont debout lorsque les portes de l'arche sont ouvertes.

Le Musée possède une arche de la Torah magnifiquement détaillée, fabriquée en 1923 pour les Congregation Sons of Israel à Glace Bay (île du Cap-Breton). Des immigrants juifs vinrent à Glace Bay à la fin du XIXe siècle. Au début des années 1920, une centaine de familles juives vivaient dans cette localité; aujourd'hui, on en compte une trentaine.

L'arche est ornée d'images et de symboles élaborés. Deux plaques au haut de l'arche et sur le rideau représentent les plaques de pierre de la Bible sur lesquelles sont inscrits les dix commandements de Dieu présentés à Moïse. Les lions qui se trouvent des deux côtés des plaques symbolisent la tribu de Judas (l'une des douze tribus d'Israël). On peut également voir à plusieurs endroits sur l'arche l'étoile de David. Cet hexagramme est devenu le principal symbole du judaïsme reconnu dans le monde entier, tout comme la croix est le principal symbole du christianisme.

Dans les synagogues, une lampe rituelle spéciale du nom de Ner Tamid (lumière perpétuelle) se trouve devant l'arche de la Torah. Elle est suspendue à partir du plafond. Son réceptacle et ses chaînes sont souvent faits de métaux précieux. Le Ner Tamid est un symbole de la menorah qui était continuellement allumée dans le temple ancien de Jérusalem; pour certains, la lumière perpétuelle du Ner Tamid symbolise la présence continuelle de Dieu en Israël. Le Ner Tamid de la collection du Musée provient également de Glace Bay; il est orné de l'étoile de David et porte une inscription en hébreu qui signifie « flamme éternelle ».

En plus des institutions religieuses, les sociétés fraternelles et les sociétés d'entraide mutuelle ont joué un rôle essentiel en créant un sentiment d'appartenance à la communauté chez les immigrants au Canada. Nombre de ces organisations ont adopté des symboles et des rituels de religions anciennes et sont régies par un code de conduite morale strict qui s'attache à l'évolution spirituelle des membres. Parmi ces organisations figure la franc-maçonnerie, une confrérie internationale ou une fraternité philosophique.

Les origines de la franc-maçonnerie remontent aux guildes de maçons de l'Europe médiévale, mais les francs-maçons attribuent souvent leurs origines légendaires à la construction du temple du roi Salomon, à l'époque biblique. C'est pourquoi les colonnes du temple de Salomon figurent parmi les symboles importants de la franc-maçonnerie, avec les outils typiques des maçons, comme le compas et l'équerre.

Au XVIIe et au XVIIIe siècles, la franc-maçonnerie évolua pour devenir une société philosophique plutôt qu'une association opérative de maçons. Elle repose principalement sur l'association et la tolérance, le perfectionnement de l'humanité par la formation de citoyens pacifiques, respectueux des lois et ayant des valeurs morales élevées, ainsi que le soutien d'œuvres de bienfaisance au sein de la communauté élargie. Seuls sont admis les adultes de sexe masculin croyant en un être suprême, qui n'est pas nécessairement le Dieu des chrétiens. Aussi, certaines loges (ou organisations) maçonniques peuvent comprendre des membres de diverses traditions religieuses.

Certains des premiers colons et visiteurs européens au Canada étaient francs-maçons, tout comme de nombreux hommes politiques canadiens éminents, notamment Sir John A. MacDonald. Le premier document faisant état d'un franc-maçon en Nouvelle-France remonte à 1637. En 1738, la première loge maçonnique civile au Canada fut formée en Nouvelle-écosse. D'autres loges suivirent bientôt à St. John's, à Halifax et au Québec. Au XIXe siècle, des loges maçonniques furent établies dans les provinces de l'Ouest. Aujourd'hui, on dénombre environ 200 000 membres canadiens.

La franc-maçonnerie est une organisation hiérarchique; les membres progressent d'un niveau ou « degré » d'enseignement à l'autre, où ils font l'apprentissage de rituels symbolisant des préceptes moraux, puis participent à ces rituels. Les outils du vieux métier de maçon servent de symboles pour les divers degrés et deviennent ainsi des métaphores de la croissance et de l'évolution spirituelles.

Les symboles de la franc-maçonnerie se retrouvent sur les insignes et les parures rituelles spéciales utilisées au cours des réunions, ou « tenues ». L'insigne principal du maçon est le tablier. Les tabliers de cuir avaient jadis un usage pratique pour les maçons, qui les portaient pour protéger leurs vêtements pendant qu'ils travaillaient. En franc-maçonnerie, le tablier est un insigne d'appartenance que doivent porter tous les francs-maçons pendant les tenues. C'est le premier cadeau du maître à l'apprenti, lorsque ce dernier a été initié au sein de la loge.

Les tabliers maçonniques sont généralement en cuir blanc et ils peuvent être ornés de motifs symboliques, parmi lesquels figurent le compas et l'équerre, les colonnes du temple de Salomon, l'œil qui voit tout de l'être suprême, l'échelle de Jacob (espoir, foi et charité), la ruche (industrie et labeur), l'ancre (sécurité et stabilité) et les trois pas (les trois degrés de la franc-maçonnerie).

Les membres portent des médailles maçonniques (également appelées « bijoux » ou « insignes ») pour marquer leur initiation aux divers degrés ou commémorer leurs années de service à une loge maçonnique. Ces médailles sont ornées de symboles maçonniques, comme l'équerre et le compas, ainsi que l'œil qui voit tout. L'insigne argent de cette série porte également le symbole du 47e problème d'Euclide, également connu sous le nom de « théorème de Pythagore » (formule exprimant le rapport entre la taille des côtés d'un triangle rectangle et qui aurait eu une utilisation pratique pour les maçons).

Une autre société fraternelle qui joua un rôle important dans l'histoire du Canada est l'Ordre d'Orange. Cette société fraternelle protestante fut formée en Irlande à la fin du XVIIIe siècle pour commémorer la victoire de Guillaume d'Orange (protestant) sur le catholique Jacques II à la bataille de la Boyne, en 1690; par suite de cette victoire, Guillaume d'Orange devint le roi Guillaume III d'Angleterre.

Des immigrants d'Irlande introduisirent l'Ordre d'Orange au Canada et la Grande Loge d'Orange de l'Amérique du Nord britannique fut établie en 1830 près de Brockville, en Ontario. Des protestants anglais, écossais et européens qui avaient immigré au Canada s'y joignirent également, et l'ordre finit par cesser d'appartenir exclusivement aux Irlandais ou aux immigrants. Il demeure toutefois une institution protestante dont les membres jurent loyauté à la Couronne d'Angleterre et au gouvernement du Canada. L'Ontario est le siège du mouvement au Canada, qui compte aussi un grand nombre de membres à Terre-Neuve.

Des institutions familières comme l'Ordre d'Orange aidèrent les immigrants de sexe masculin à se sentir davantage chez eux dans leur nouvel environnement. Les réunions dans les loges aidaient à solidifier les réseaux sociaux et procuraient aux nouveaux membres un sentiment d'appartenance à la communauté élargie. L'Ordre d'Orange offrait également des avantages sociaux aux membres en cas de maladie ou de décès.

Beaucoup de symboles, rituels et structures organisationnelles de l'Ordre d'Orange étaient adoptés de la franc-maçonnerie. à l'instar de cette confrérie, l'Ordre d'Orange est une société régie par des rituels. Les organisations orangistes portent le nom de loges et, comme en franc-maçonnerie, les membres progressent d'un degré à l'autre. Parmi les symboles communs aux deux confréries figurent l'œil qui voit tout, l'échelle de Jacob, le soleil, la lune et les étoiles. Au nombre des symboles exclusifs à l'Ordre d'Orange, mentionnons la bible protestante ouverte et la représentation du roi Guillaume à cheval.

La collection du Musée possède plusieurs artefacts provenant de loges orangistes. L'objet peut-être le plus inusité est une couronne de l'Ordre d'Orange datant de la fin du XIXe siècle, qui illustre un mélange de traditions typiquement canadien. Le perlage indique qu'elle a probablement été fabriquée par un membre de la Première nation Haudenosaunee (Iroquois de l'Est) pour une loge orangiste. Les symboles de l'Ordre d'Orange représentés sur la couronne comprennent le roi Guillaume d'Orange monté sur un cheval blanc, l'échelle de Jacob et l'Arche d'alliance.

On retrouve l'image du roi Guillaume III sur de nombreux objets de l'Ordre d'Orange, notamment du mobilier. L'une des pièces de la collection du Musée provenant de l'Ordre d'Orange et comportant les ornements les plus élaborés est le fauteuil du maître, fabriqué à la fin du XIXe siècle. Les nombreux symboles variés qui s'y trouvent indiquent que le fauteuil pourrait avoir servi à plus d'une fonction. En plus de la représentation du roi Guillaume en or, il est orné de symboles des divers degrés, notamment les piliers et les arches, la couleur bleue, l'échelle de Jacob, l'étoile d'Orient et douze chandeliers symbolisant les douze apôtres.

Le bouddhisme a été introduit en Amérique du Nord par des immigrants asiatiques à la fin des années 1800, mais la pratique du bouddhisme au Canada a pris beaucoup d'ampleur après l'afflux de réfugiés du Laos, du Cambodge et du Vietnam, à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Aujourd'hui, plus de 300 000 Canadiens se disent bouddhistes.

Les immigrants asiatiques ont apporté diverses traditions bouddhistes au Canada. Toutes les formes de bouddhisme ont en commun des enseignements de base reliés à l'histoire de la vie de Bouddha. Fondateur de la religion, Bouddha est un paradigme qui incarne les idéaux de la compassion, de l'altruisme et de la sagesse, au cœur de la tradition bouddhiste.

Tout comme les églises et les synagogues des immigrants chrétiens et juifs, les temples bouddhistes sont devenus d'importants centres communautaires pour les réfugiés et les immigrants dans les villes canadiennes. Pour les réfugiés du Cambodge, du Laos et du Vietnam qui ont subi les traumatismes de la guerre, des génocides, du déracinement et des pertes, le temple a joué un rôle important dans la reconstruction de vies brisées, offrant réconfort et soutien spirituel et affectif dans un contexte linguistique et culturel familier.

Les temples bouddhistes au Canada comprennent habituellement un sanctuaire où se trouvent d'importants objets rituels, notamment de nombreuses statues de Bouddha, petites et grandes, dans des positions habituelles (assises, debout et couchées). Les bouddhistes ont souvent chez eux un petit sanctuaire également décoré d'images et de statues de Bouddha.

Bouddha aurait porté une humble robe faites de morceaux de tissu rapiécés qui lui avaient été donnés. Les moines bouddhistes du Sri Lanka, de Thaïlande, du Laos et du Cambodge portent comme Bouddha des robes safran ou ocre, en signe de détachement des biens matériels. En Asie du Sud-Est, les membres de la communauté offrent chaque année de nouvelles robes aux moines pendant la cérémonie Kathina, qui suit la saison des pluies. Les robes, sont présentées dans un ballot, souvent avec de la nourriture et d'autres cadeaux portés en procession jusqu'au monastère. Cette tradition se poursuit dans les temples bouddhistes au Canada.

De nombreuses autres traditions bouddhistes ont été modifiées en fonction de l'environnement canadien. Par exemple, les moines bouddhistes dans les communautés canadiennes ne vont pas de maison en maison pour demander la charité comme ils le feraient au Cambodge, au Laos ou en Thaïlande. Ce sont plutôt les membres de la communauté qui apportent de la nourriture au temple pour les moines. Cependant, le bol d'aumône demeure un important symbole du bouddhisme et de la sangha (communauté de moines), et on l'utilise régulièrement dans les rituels bouddhistes importants pour présenter du riz et de la nourriture aux moines.

On trouve dans de nombreux temples bouddhistes au Canada des peintures illustrant des scènes de la vie de Bouddha ou les enseignements du dharma. Ces peintures sont non seulement des oeuvres d'art magnifiquement décoratives mais, sur le plan pratique, ce sont des représentations visuelles de la cosmologie bouddhiste et des rappels des récits et des enseignements sacrés au cœur de la tradition bouddhiste. Le Musée possède une peinture bouddhiste unique du Cambodge qui comporte de nombreux niveaux de symboles.

Bouddha est représenté ici [à gauche] dans trois environnements distincts. D'abord, dans le royaume des cieux, il prêche le dharma, entouré de tevoda (êtres célestes) et de dieux. Il descend ensuite des cieux, escorté des tevoda et des dieux. Enfin, sur terre (en bas), il prêche de nouveau le dharma aux moines et aux profanes. Au-delà de l'illustration de cette histoire élémentaire, la peinture contient de nombreux symboles spécifiques de la culture cambodgienne. Les tevoda qui volent dans les nuages au milieu de la peinture tiennent des instruments de musique cambodgiens et sont vêtus de soieries brodées de motifs traditionnels. également, Bouddha descend sur terre en compagnie de deux dieux hindous — Indra au visage bleu et Brahma aux multiples visages. Le bouddhisme cambodgien a incorporé aux pratiques rituelles et à la cosmologie bouddhistes des éléments de l'hindouisme (antérieur au bouddhisme au Cambodge). Non seulement cette peinture rappelle aux bouddhistes cambodgiens une histoire bien connue de la vie de Bouddha, mais il s'agit également d'une puissante affirmation de la culture cambodgienne traditionnelle.

Les réfugiés et les immigrants de l'Asie du Sud-Est ne sont pas tous bouddhistes. Il existait des populations chrétiennes minoritaires (surtout catholiques) au Vietnam avant les bouleversements politiques des années 1970, et certains réfugiés vietnamiens qui sont venus au Canada appartenaient à ce groupe minoritaire. De plus, des réfugiés vietnamiens se sont convertis au christianisme ou au catholicisme à leur arrivée au Canada. Au milieu des années 1990, des paroisses catholiques vietnamiennes avaient été établies à Montréal, à Québec, à Toronto, à Ottawa, à Vancouver, à Winnipeg et dans plusieurs autres villes canadiennes. Aujourd'hui, environ 15 à 20 p. 100 des Vietnamiens au Canada sont de religion catholique.

Le dernier artefact de ce module est une peinture illustrant des martyrs catholiques vietnamiens, don des fidèles de l'église catholique vietnamienne de Windsor. La croix, principal symbole du christianisme, est mise en valeur dans un décor vietnamien. On voit un temple vietnamien à l'arrière plan et, au premier plan, des catholiques vietnamiens portent des vêtements traditionnels vietnamiens, tout comme Marie et l'Enfant Jésus qui, flottant au-dessus des fidèles, ont également des traits vietnamiens. Cet artefact souligne et affirme l'identité ethnoculturelle vietnamienne, qui comprend le catholicisme.

Conclusions

Après plus de 400 ans d'immigration au Canada, le tissu social canadien constitue aujourd'hui une riche tapisserie de traditions culturelles variées. En tant qu'objets rituels, les artefacts présentés dans ce module ouvrent une fenêtre sur les pratiques culturelles des communautés canadiennes d'immigrants au fil des ans, au fil de leurs changements et de leur évolution. La signification symbolique de ces objets continue de croître et de changer tandis que les immigrants adaptent des traditions établies, des objets et des symboles aux besoins de leurs communautés ethnoculturelles.

Découvrez le reste de la collection

Systèmes de croyances et rituels dans les communautés d'immigrants au Canada: Bibliographie

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