Enfants immigrants de l'Angleterre, débarqués à Saint-Jean, Nouveau-Brunswick

L'enfance

L'histoire de l'immigration des jeunes au Canada est à la fois dramatique et poignante, en particulier les histoires des personnes qui sont arrivées dans le cadre de programmes d'émigration assistée qui ont été mis en œuvre dès les années 1830 et se sont poursuivis pendant presque un siècle. Parmi ces programmes, qui visaient à transférer « l'excédent des enfants orphelins, abandonnés, négligés et délinquants des villes britanniques »* au Canada et dans d'autres dominions, le plus connu et le plus important a été celui des foyers du Dr Barnardo. Dans les décennies qui ont précédé la Première Guerre mondiale, cet organisme de bienfaisance a envoyé le tiers des 77 000 enfants qui sont arrivés dans ce pays de cette façon**. Ce mouvement visait essentiellement à combler des besoins des deux côtés - main-d'œuvre et gagne-pain. Les enfants étaient sauvés du dénuement outre-mer et expédiés ici pour se joindre à des familles rurales à titre de domestiques ou d'ouvriers agricoles sous contrat.

Il était toujours difficile de trouver des travailleurs en nombre suffisant pour répondre aux besoins de l'économie du pays, qui était en pleine expansion. En effet, les enfants qui étaient nés ici ou faisaient partie de familles d'immigrants consacraient très peu de leur enfance à l'école***. En 1851, moins de 25 % des jeunes de la classe ouvrière et moins de 45 % des jeunes de la classe moyenne étaient scolarisés. Il a fallu attendre un autre demi-siècle pour que l'école primaire devienne obligatoire. La mortalité infantile et les maladies infantiles fatales ont été des fléaux de la vie canadienne jusque dans les années 1950. Après les progrès faits dans les domaines de la médecine et de la santé publique, la plus grande amélioration visant les enfants canadiens a peut-être été les lois adoptées pour protéger leur vie et leur intégrité physique. Ces lois ont fait leur apparition tôt : la peine capitale pour l'abandon des bébés (Québec, 1722); l'avortement interdit par la loi (Nouvelle-Écosse, 1851); des mesures de prévention de la cruauté envers les enfants (Nouvelle-Écosse, 1880); l'âge minimal pour les travailleurs d'usine (Ontario, 1884); la législation concernant la délinquance juvénile (Canada, 1908). Ce ne sont que quelques-unes des premières mesures importantes. Des tendances législatives similaires pour protéger les femmes et les familles ont grandement augmenté les chances de survivre à l'enfance.

Pour reconstituer l'histoire de l'enfance au Canada, il faut consulter de nombreuses sources, notamment les documents conservés par tous les échelons de gouvernement. Les églises maintiennent des registres de baptêmes, les écoles ont des albums-souvenirs, et les familles conservent et chérissent leurs photographies, leurs lettres ou d'autres souvenirs personnels. Un nombre incalculable de livres et d'articles - populaires, savants et scientifiques - ont été écrits par des adultes au sujet des enfants, du point de vue historique et contemporain. Il n'est pas si facile de repérer les objets qu'ont possédé les jeunes canadiens. À moins que les parents n'aient fait un effort spécial pour conserver les vêtements d'un enfant, ces articles ont été usés ou abîmés, et n'ont tout simplement pas survécu. Les vieux livres d'école, l'équipement sportif, les jouets, les souvenirs, les livres de bandes dessinées - il doit y avoir un paradis particulier pour ces objets, car les Canadiens les voient rarement aujourd'hui, même les objets qui appartenaient à la génération précédente. Il est vrai que des antiquaires, des connaisseurs, des personnes qui suivent toutes les modes et des conservateurs de musée possèdent des collections d'articles d'enfants, parfois en grande quantité et très bien catalogués. L'examen de toutes ces sources d'information peut nous donner un bon aperçu de l'enfance au Canada à différentes époques, mais l'imagination sera certes aussi utile que la recherche dans une telle quête.