À la croisée des cultures 200 ans d'immigration au Canada (1800-2000)
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Métiers et professions

La pêche, le piégeage, l'agriculture, l'exploitation forestière et l'exploitation minière sont les activités économiques que l'on considère traditionnellement comme étant les industries primaires du Canada. Autrefois, elles exigeaient une main-dœuvre considérable, et donc un nombre important d'immigrants qualifiés qui apprenaient souvent leur métier sur le tas. Les matières premières de ces industries d'extraction et de transformation provenaient surtout des eaux côtières, des forêts, des gisements de minerais, des marais asséchés ou des plaines alluviales. Les fourrures, le poisson et l'or des placers avaient tous une grande valeur intrinsèque, mais il fallait de grandes chaînes d'approvisionnement pour les mettre sur le marché. L'extraction des minerais et l'exploitation forestière exigeaient de grands investissements en capital sur place. L'agriculture, l'industrie qui embauchait la plupart des travailleurs avant 1867, est devenue très complexe. Dès 1920, elle exigeait de vastes quantités d'hommes, d'argent et de machines.

La question du rendement optimal se posait toujours lorsqu'on employait des hommes et des animaux pour couper, soulever, empiler ou transporter des produits. La productivité individuelle était très faible si on n'utilisait pas de machines ou d'outils, et à moins que les machines à vapeur ou les moteurs diesels ne deviennent la norme dans l'industrie, les entreprises restaient petites et les bénéfices maigres. Pour cette raison et d'autres, on cherchait constamment des machines qui permettraient de réduire la main-d'œuvre. Le charbonnage fournit un excellent exemple d'une industrie où les travailleurs ont dû sans cesse s'adapter au développement des capitaux et au changement technologique. Les premiers exemples d'extraction organisée du charbon au Canada datent du XVIIIe siècle en Nouvelle-Écosse.

Des entreprises semblables d'exploitation de mines de faible profondeur ont vu le jour en Colombie-Britannique dans les années 1850. Deux catégories de travailleurs étaient nécessaires : des mineurs qui avaient une formation pour repérer, couper et empiler le charbon; et des manœuvres pour installer les étais, transporter le charbon à la surface et le charger dans les navires qui attendaient. À mesure que les mines se sont approfondies et que les structures supérieures sont devenues plus imposantes, le travail s'est spécialisé. Dès les années 1890, il fallait au moins vingt métiers différents pour exploiter une mine de charbon. En Colombie-Britannique, la main-d'œuvre des mines était composée d'immigrants anglais, écossais, chinois, italiens et slaves dont les tâches variaient selon leur ethnie, les mineurs, habituellement des Britanniques, ayant le plus de prestige et les salaires les plus élevés.

En 1950, les possibilités d'augmenter la production ou la productivité, et par conséquent, les bénéfices ou les investissements, étaient déjà faibles. Le charbon était encore extrait essentiellement par des hommes munis de pics et de pelles qui dynamitaient et creusaient le front de taille. Pour accroître la production, il fallait trouver d'autres gisements et ouvrir plus de puits. Dès 1960, dans l'est des Kootenay, en Colombie-Britannique, 6000 hommes produisaient un million de tonnes chaque année. À part les treuils électriques, qui servaient à monter à la surface le charbon qui se trouvait à des milliers de pieds sous terre, et les locomotives à vapeur, qui remorquaient les wagons chargés de charbon destiné au marché, des chevaux de mine et des hommes munis d'outils à main effectuaient tout le travail. Puis, les nouveaux propriétaires de mines, armés en 1970 de contrats visant l'approvisionnement de l'industrie sidérurgique japonaise en charbon cokéfiable, ont adopté des méthodes d'exploitation à ciel ouvert. À l'aide d'immenses pelles mécaniques, de chargeuses frontales et de camions ayant une capacité de trente tonnes, ils pouvaient extraire dix millions de tonnes de charbon par année avec une main-d'œuvre d'à peine 800 hommes, dont la plupart étaient responsables de l'opération et de l'entretien des machines. La production a décuplé, et la productivité a été multipliée par 75!

Il s'agit peut-être de l'exemple le plus frappant du remplacement de la main-d'œuvre par des machines. Mais toutes les industries primaires sont passées par là. Les batteuses qui fonctionnent à l'essence et, plus tard, les moissonneuses-batteuses, ont grandement augmenté la productivité en céréaliculture après 1940. La faucille, la faux, le fléau et la fourche n'ont pas pu empêcher le progrès. Pas plus que les innombrables travailleurs agricoles que les nouvelles machines imposantes ont remplacés. La iron chink, une machine de dépeçage semi-automatique, a été introduite dans les conserveries de poisson de la côte ouest du Canada dans les années 1900. Chacune de ces machines éliminait de six à huit emplois occupés habituellement par des Chinois. Et avec ces derniers sont partis les couperets, les couteaux et les aiguisoirs. Les changements apportés aux méthodes d'exploitation forestière partout au Canada entre 1890 et 1930, avec l'introduction de machines à vapeur puis de machines qui fonctionnent à l'essence, ont eu une incidence énorme sur la production, la productivité, le rendement, les marchés, les bénéfices et, bien sûr, l'environnement. Avant 1920, les ouvriers forestiers (bûcherons), aidés par des bœufs et des chevaux, défrichaient de vastes zones boisées dans la plupart des provinces à l'aide de haches, de scies, de tourne-billes et de marteaux. Lorsque les machines à vapeur et les locomotives à vapeur sont entrées en scène, les activités ont été étendues sur des milles carrés. Plus tard, le débusquage par camion, les scies à chaîne et les bouteurs ont tout simplement dévasté des zones beaucoup plus vastes.

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