Main Menu

À l’orée de la forêt

Galerie 2 : Le Canada colonial ⟶ Le Canada anglais ⟶ À l’orée de la forêt

Entre 1776 et 1840, la population non autochtone de l’Amérique du Nord britannique passe de 100 000 personnes à plus d’un million. Les nouveaux venus s’installent en grand nombre dans la colonie fraîchement formée du Haut‑Canada (l’actuel Ontario), où une forêt dense les attend. Ce n’est pas sans peine qu’ils se bâtissent un chez-soi, défrichent et cultivent la terre.

Tout juste arrivées, les familles doivent dégager une parcelle de terrain et y ériger une maison en bois rond. La terre donnera éventuellement du blé – la principale exportation du Haut‑Canada – et d’autres produits agricoles, mais il faut d’abord passer le premier hiver et pour ça, il faut de l’argent. La forêt permet de subvenir aux besoins : les familles font brûler du bois pour fabriquer de la potasse et les hommes prennent un emploi saisonnier dans le secteur forestier.

Défricher la terre

Couper des arbres n’est pas de tout repos. Les colons utilisent une hache pour abattre les arbres, une doloire, aussi appelée épaule de mouton, pour équarrir les troncs, et des chevaux ou des bœufs pour déplacer les billots destinés à la construction. Ils brûlent les arbres qui ne serviront pas à construire leur maison et mettent leurs cendres à bouillir dans une marmite pour produire de la potasse. La famille vendra ou utilisera cet ingrédient entrant dans la composition du savon.

Défricher une ferme typique peut exiger des années de labeur. La plupart des fermiers laissent quelques arbres qui serviront éventuellement de bois de chauffage ou dont on récoltera la sève pour la transformer en sucre d’érable.

 


L’industrie forestière

L’exploitation forestière et l’agriculture vont de pair au Haut-Canada. Les fermiers et leurs fils se font souvent bûcherons l’hiver venu, dégageant des terres qui seront transformées en fermes. Comme il est plus facile de faire glisser les troncs sur la neige et la glace que sur un terrain boueux et rocailleux, l’abattage du bois se fait en automne et en hiver.

À la fonte des glaces, les draveurs font suivre aux billots le courant naturel des cours d’eau jusqu’au marché. La demande en bois est grande, autant dans les colonies qu’en Grande-Bretagne.

Défricher la terre

Écoutez le colon Edward Allen Talbot raconter comment on établissait une ferme dans les années 1820.

 

« Nous poursuivions, campant dans les bois du 26 octobre au 1er décembre. Durant cette période, nous avons posé les fondations d’une maison de 14 mètres de long sur 6 mètres de large. Nous avons terminé la construction de la première moitié afin d’héberger la famille, qui y aménagea le 2 décembre, soit cinq mois et 19 jours après notre embarquement pour l’Amérique. Lors des 35 jours que nous avons passés dans la forêt avant l’arrivée de la famille, notre seul logement était un misérable wigwam… Notre seul lit pendant cette période était composé de quelques feuilles flétries, et “une buche répondait à une double utilité/servant le jour de siège et la nuit d’oreiller.” … Mais l’espoir d’indépendance soutient l’esprit face à des privations plus importantes encore que celles-ci… Tandis qu’en s’adonnant à ces visions joyeuses et extatiques, l’oreiller de bois d’un nouveau colon industrieux devient plus doux qu’un traversin de duvet et son unique couverture plus confortable que des draps de Hollande. »

Edward Allen Talbot, Five Years’ Residence in the Canadas (Cinq années de séjour au Canada), t. 1 (Londres, 1824), 118-119.


L’agriculture mixte

Le blé est la principale culture commerciale des familles agricoles du Haut-Canada, qui font aussi pousser des fruits et des légumes et gardent des animaux pour leur usage personnel ou pour la vente. Les femmes se chargent des soins et de la transformation de presque tout ce qui est produit.

 


Dans le canton de Southwold

Southwold, sur la rive nord du lac Érié, est un canton typique du Haut-Canada. Les colons transforment ce territoire autochtone boisé en terres agricoles.

En 1790, au fort Detroit, les chefs autochtones signent un traité en vertu duquel presque tout le sud-ouest du Haut-Canada va à la Grande-Bretagne. Les arpenteurs divisent la région en cantons. Le gouvernement octroie une partie du canton de Southwold au colonel Thomas Talbot qui encourage la colonisation.

L’actuel canton de Southwold

Le canton de Southwold a conservé son dynamisme. Le chemin de fer, à la fin des années 1800, et l’industrie lourde, dans les années 1900, ont bien sûr marqué la région de leur empreinte, mais l’héritage des premiers établissements y est toujours visible. L’agriculture demeure le moteur économique. Les deux routes principales, la ligne Fingal et la route 3, suivent les axes est et nord de l’ancienne route Talbot. Des descendants des colonisateurs habitent toujours le canton et sa région, pas très loin des terres dégagées et cultivées par leurs ancêtres.


Photo au haut de la page :
Ferme de brousse, près de Chatham
Philip John Bainbrigge, vers 1838
Bibliothèque et Archives Canada, MIKAN 2836253