Galopez au Musée!

Le 25 juin 2010

Saviez-vous qu’en 1900, quelque 130 000 chevaux travaillaient à Manhattan? C’est dix fois plus que le nombre de taxis qui sillonnent aujourd’hui les rues de New York! Et c’est dire à quel point le cheval, animal à priori difficile à harnacher, peut se faire docile…et utile. Mais comment l’être humain en est-il venu à établir cette relation privilégiée avec une bête qui le domine largement, en taille comme en force? La question est au cœur de l’exposition Le Cheval, présentée au Musée canadien des civilisations, du 28 mai 2010 au 2 janvier 2011.

Le cheval, toujours et partout

L’ancêtre du cheval, Hyracotherium, vivait il y a plus de 55 millions d’années et était un petit herbivore pesant à peine plus de 20 kg. Mais son évolution en a fait Equus ferus, animal autrement plus impressionnant, qu’on a d’abord chassé et domestiqué pour sa viande et son lait. Il devient vite un incontournable partenaire de notre quotidien, permettant à l’humain d’explorer de plus vastes territoires et de propager cultures et connaissances.

Mais ce nouveau rapport à la distance donne à l’homme des envies de conquête et le cheval devient vite machine de guerre. Il a ainsi permis aux Mongoles de bâtir le plus grand empire contigu de l’histoire et aux Espagnols de conquérir le Pérou. L’industrialisation de la guerre marquera la fin d’un partenariat qui a vu périr bien des hommes…et bien des bêtes.

De l’explorateur-guerrier au jockey moderne, en passant par le célèbre Pony Express, la vitesse est donc au cœur de la relation de l’homme et du cheval. Mais sa grande force lui a aussi assuré une place de choix dans l’univers humain. Utile au champ comme en forêt, sur l’eau comme sur la route, on lui a fait tirer à peu près tout : chars, traîneaux, charrues, diligences, péniches, ambulances, troncs d’arbres, tramways. Le cheval est alors bien loin de son petit ancêtre : un Percheron est réputé pouvoir atteindre 1 200 kg!

Qu’il s’agisse de guerre, de transport ou de travail, le cheval s’est vite taillé une place de choix dans notre quotidien et si son rôle est maintenant plus élitiste que pratique, la relation qu’on entretient avec lui en est toujours une de respect et d’admiration.

Le Canada au galop

C’est en Amérique du Nord que le cheval est d’abord apparu, migrant ensuite vers le reste du monde. Il a disparu de notre continent il y a environ 10 000 ans. Réintroduit chez nous au XVIe siècle, il prend vite un rôle prépondérant dans le développement de la société canadienne.

Dans sa première incarnation, à l’American Museum of Natural History de New York, l’exposition Le Cheval contenait déjà plusieurs artefacts canadiens, mais sa présentation chez nous est l’occasion idéale pour enrichir son contenu canadien et faire ressortir la place qu’a occupée le cheval dans notre histoire.

Sheldon Posen, conservateur du folklore canadien au Musée canadien des civilisations a ainsi fouillé nos différentes collections nationales pour mettre en lumière quelques éléments bien de chez nous. Qu’il s’agisse de la spectaculaire œuvre de Joe Fafard, Chevaux au galop; de la pompe à incendie hippomobile qui a servi à combattre le grand incendie qui a touché Hull et Ottawa en avril 1900; du trophée en or et en argent de la Triple couronne canadienne remportée par la Kinghaven Farm en 1989; ou du tableau d’Alfred Munnings – La charge de l’escadron de Flowerdew – représentant une brigade de cavalerie canadienne à la fin de la Première Guerre mondiale.

Voir Le Cheval, c’est non seulement découvrir l’histoire de ce majestueux animal, mais c’est aussi mieux comprendre le rôle déterminant qu’il a joué dans l’évolution du développement humain, au Canada comme dans le monde.