L’art militaire de la Première Guerre mondiale

Le 1er mai 2013
La demeure d’un artiste à Bottom Wood

La demeure d’un artiste à Bottom Wood, à mi-chemin entre Mametz et Contalmaison
Dessin par William Thurston Topham
Collection Beaverbrook d’art militaire
MCG 19710261-0732 © Musée canadien de la guerre

Des nuages de fumée qui s’attardent sur les champs de bataille lors de bombardements. Le visage terrifié et le regard fixe d’un soldat courant la nuit dans une tranchée. La lumière aveuglante des six phares d’un avion d’observation allemand perçant l’obscurité. Un soldat lisant un livre devant un abri.

Il y a presque un siècle, ces diverses scènes de la Première Guerre mondiale ont été croquées sur papier par des soldats et des artistes de guerre. Durant l’été 2014, ces œuvres et des dizaines d’autres seront exposées, certaines pour la première fois, au Musée canadien de la guerre, à l’occasion d’une exposition marquant le centenaire du déclenchement de la Première Guerre mondiale. Cette exposition permettra aux visiteurs de comparer les dessins de soldats, effectués dans les tranchées, aux larges peintures et croquis réalisées en atelier par les artistes de guerre. Presque toutes les œuvres proviennent de la collection Beaverbrook d’art militaire, qui comprend près de 13 000 tableaux, dessins, affiches et sculptures décrivant l’expérience canadienne de la guerre depuis 1760.

« Cette exposition soulève notre enthousiasme, déclare Meredith Maclean, gestionnaire de collections, Arts et artefacts. Nombre d’œuvres ont été réalisées dans des conditions difficiles, pour saisir sur le vif une émotion ou une impression. Beaucoup tracent un portrait immédiat et intime, toujours remarquable, de l’expérience de la guerre. »

L’équipe de gestion de la collection du Musée évalue les conditions de conservation et les exigences que pose l’exposition des croquis et dessins, plus fragiles que les peintures à l’huile. Certaines œuvres sont entreposées depuis des décennies et toutes nécessitent des mesures de conservation avant d’être exposées.

Protéger notre patrimoine national

La conservation de croquis et de dessins pose des défis multiples. Dans l’ensemble, ces œuvres sont montées sur des cartons qui doivent être remplacés pour éviter que celles-ci ne soient rongées par l’acidité. Avant de faire partie des collections du Musée, certaines avaient été fixées avec de la colle forte à des cartons de fabrication artisanale et devront dans certains cas être remontées, comme le décideront les conservateurs. Les œuvres elles-mêmes sont pour la plupart en excellente condition, ce qui témoigne de l’importance de prendre des mesures préventives pour les conserver.

L’exposition des œuvres comporte aussi des difficultés. Tout l’art de l’équipe des expositions consiste entre autres à inviter les visiteurs à poser un regard intime sur les œuvres, comme s’ils regardaient par-dessus l’épaule de l’artiste en train de dessiner. Mais la lumière peut endommager les croquis sur papier, qu’on protégera à l’aide d’un plexiglas bloquant les rayons ultra-violets.

Dépeindre une guerre nouvelle

Les œuvres seront regroupées par thèmes et l’exposition explorera la réaction des soldats et des artistes de guerre à la vie dans les tranchées et aux nouvelles technologies meurtrières adoptées pendant la Première Guerre mondiale : chars d’assaut, avions et mitraillettes modernes. Les soldats faisaient des croquis à l’intention d’autres soldats et montraient leur quotidien : l’ennui et la routine, l’inconfort, parfois la terreur. Les artistes de guerre croquaient souvent sur le vif leurs impressions, annotant parfois leurs dessins dont ils se servaient ensuite pour réaliser des tableaux. Soldats-artistes et artistes de guerre s’inspiraient largement du symbolisme des peintres paysagers de l’Europe romantique, représentant ruines, arbres morts, couchers et levers de soleil dans leurs toiles.

L’héritage d’un grand Canadien

L’exposition offre un aperçu de l’extraordinaire richesse de la collection Beaverbrook d’art militaire, que seule surpasse celle de l’Imperial War Museum de Londres. Parmi les récentes expositions créées à partir de la collection : Sur le vif – L’art militaire de la Corée à l’Afghanistan, qui rassemble près de 70 œuvres, et La Marine – L’œuvre d’un siècle, qui en réunit une quarantaine.

Une autre exposition commémorera la Première Guerre mondiale en 2014, en présentant les œuvres d’Alexander Young Jackson, sans doute le plus connu du Groupe des Sept, et de l’allemand Otto Dix. Elles seront prêtées par une vingtaine d’institutions pour la plupart allemandes. « Les visiteurs constateront le rôle essentiel qu’a joué l’art militaire dans l’évolution de ces deux artistes, déclare Laura Brandon, historienne au Musée canadien de la guerre. Ils verront comment leurs tableaux sont révélateurs de deux identités nationales bien distinctes. »

La collection Beaverbrook a été nommée ainsi en l’honneur de lord Beaverbrook, un Canadien exceptionnel qui devint un influent magnat de la presse, politicien et philanthrope de la scène britannique. En novembre 1916, lord Beaverbrook a fondé le Canadian War Memorials Fund, qui a engagé 116 artistes pour peindre des scènes du Canada en guerre. Ils en tirèrent 900 œuvres. Au fil des ans, la collection s’est enrichie d’une série d’œuvres d’art militaire allant de la Seconde Guerre mondiale et de la période de l’après-guerre, jusqu’au conflit actuel en Afghanistan. La fondation Beaverbrook a fait du Musée canadien de la guerre l’administrateur de cette extraordinaire collection d’art militaire et demeure l’un de ses plus généreux donateurs.

Vos dons nous aideront à préserver l’art militaire de la Première Guerre mondiale. Pour obtenir de plus amples renseignements, composez le numéro sans frais 1-800-256-6031.

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