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Le Bluenose mène la course au large de Boston
Photographie par W. R. MacAskill, 1938
Nova Scotia Archives, Collection W. R. MacAskill, 20040082

La collection W. J. Roué –
Au-delà du Bluenose

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Le Musée canadien de l’histoire préserve la collection William James Roué, qui raconte la vie de l’architecte naval le plus connu du Canada, concepteur de nombreux navires, dont la goélette emblématique Bluenose.

Cette exposition en ligne explore la vie de William Roué (1879-1970) et donne un aperçu de certains de ses nombreux modèles de bateau. Elle révèle également le travail d’entretien et de conservation de la collection William James Roué effectué dans les coulisses du Musée canadien de l’histoire.

Un homme à la barre d’un voilier portant un casque colonial, des lunettes et une cravate, avec de l’eau et des arbres en arrière-plan.

William Roué
Photographie par Hugh Bell, vers 1940
Nova Scotia Archives, fonds de la famille Bell, MG1, acc.1994-319, no 346

Une enfance à Halifax, 1879-1895

William Roué voit le jour à Halifax, en Nouvelle-Écosse, le 27 avril 1879. Il grandit dans le quartier sud de la ville, près du port achalandé.

Dès son plus jeune âge, il est fasciné par les navires et construit des maquettes pour tester ses modèles. Passionné de bateaux et d’architecture navale, Roué est également attiré par le club de yachts Royal Nova Scotia Yacht Squadron. À l’adolescence, il fréquente le chantier naval et la capitainerie, et se joint à l’équipage de membres du club.

Halifax en 1879

Maquette de bateau

Un architecte naval autodidacte, 1895-1920

William Roué quitte l’école très tôt, mais continue à nourrir sa passion pour la voile et la conception de bateaux. Il s’initie à l’architecture navale, suit des cours de dessin et entreprend une carrière d’architecte naval amateur tout en travaillant dans l’entreprise de boissons gazeuses de sa famille.

Ses premières créations sont destinées aux amateurs de voile de la région d’Halifax membres du Royal Nova Scotia Yacht Squadron, auquel Roué se joint à 18 ans.

James Roué, fabricant

L’adolescence de William Roué

Winifred Conrod

Le Wawa : une conception initiale

Roué et le Bluenose, 1920-1921

En octobre 1920, la première compétition de l’International Fishermen’s Trophy oppose des goélettes de pêche de Lunenburg, en Nouvelle-Écosse, à leurs homologues de Gloucester, au Massachusetts. La goélette américaine Esperanto remporte cette première série de courses.

Un comité est formé pour bâtir un compétiteur capable de rapporter le trophée en Nouvelle-Écosse. Celui-ci comprend des amis et des clients de William Roué. Ayant reçu le mandat de créer un tel navire de course, l’architecte conçoit la goélette Bluenose.

William Roué

Un front de mer qui travaille dur

Concevoir le Bluenose

William Roué n’a jamais conçu de goélette de pêche. Il s’appuie sur ses connaissances en architecture navale et son expérience des yachts pour concevoir un bateau capable non seulement de gagner des courses, mais aussi de servir à la pêche.

Le Bluenose gagne, 1921

Les courses d’octobre 1921 de l’International Fishermen’s Trophy attirent l’attention dans tout le Canada et aux États-Unis. Organisée dans les eaux d’Halifax, la compétition oppose le Bluenose à la goélette américaine Elsie.

Le Bluenose remporte le trophée, ce qui vaudra à l’architecte une reconnaissance nationale. Tout au long des années 1920 et 1930, la goélette remporte régate après régate. Ce triomphe, de même que ses voyages publicitaires, en fera le modèle le plus connu de William Roué.

Course de l’International Fishermen’s Trophy de 1921
Durée : 38 secondes
Office national du film du Canada, 1921

Un remerciement en or

« En témoignage et en reconnaissance de sa compétence comme concepteur du BLUENOSE »

Inscription de montre de gousset [Traduction]

L’ascension vers le succès, 1921-1929

Le succès du Bluenose attire l’attention sur le travail de William Roué tant au Canada qu’aux États-Unis. Sa carrière s’épanouit des deux côtés de la frontière, notamment grâce à une longue collaboration avec les concepteurs et courtiers de yachts de New York, Ford & Payne.

Ces nouvelles commandes permettent à Roué de se consacrer davantage à l’architecture navale. De nombreux modèles de Roué ont été construits dans les petits chantiers navals le long de la côte de la Nouvelle-Écosse.

Le Norseman

Le Malay et le Northern Light

Le Northern Light

Le Seven Bells

« Le plan de coque et de voilure est entièrement attribuable au génie de Bill Roué. » [Traduction]

– T.F. Cooke, copropriétaire du Seven Bells, 1928

Succès professionnel, 1929-1949

En 1929, la famille Roué vend sa société de boissons gazeuses et William Roué se consacre à plein temps à l’architecture navale. En 1934, il s’installe à New York et travaille pour Ford & Payne. Il rentre chez lui, à Dartmouth, en 1936.

La Seconde Guerre mondiale apporte de nouveaux défis et exigences, et Roué participe à la conception de navires utiles en temps de guerre.

William Roué au travail

Bureau de Ford & Payne à City Island

City Island

La vie continue, 1949-1960

En 1949, William Roué ferme son bureau à Halifax et déménage son entreprise dans sa maison de l’autre côté du port, à Dartmouth. Malgré le décès de son épouse Winifred en 1954, il continue de travailler en tant qu’architecte naval et dessine des navires pour des particuliers et le gouvernement.

Enseigne du bureau sis au domicile de Roué

Winifred et William Roué

Le Bluenose II et les dernières années, 1960-1970

William Roué travaille comme architecte naval jusqu’au début des années 1960. Il participe à l’élaboration des plans du Bluenose II, conçus à partir de ceux du Bluenose original.

Comme son prédécesseur, le Bluenose II est construit au chantier naval Smith & Rhuland à Lunenburg, en Nouvelle-Écosse. La goélette est inaugurée en juillet 1963, William Roué et Angus Walters, le capitaine du premier Bluenose, figurant parmi les invités d’honneur.

Un héritage durable

William James Roué s’éteint à son domicile de Dartmouth le 14 janvier 1970, à l’âge de 90 ans. Bien qu’il ait conçu un large éventail de navires au cours de sa longue carrière, il reste surtout connu pour la création du Bluenose.

L’image de la goélette figure depuis 1937 sur la pièce de 10 cents canadienne, ainsi que sur des timbres et de nombreux autres supports.

Plan de formes du Bluenose

Trace-courbes

Une entrevue avec William Roué

En août 1962, la Canadian Broadcasting Corporation a diffusé un documentaire sur le Bluenose. Ce documentaire comprenait des entrevues réalisées par J. Frank Willis avec le capitaine du Bluenose, Angus Walters, et avec William Roué.

Extraits de “The Bluenose,” 20/20
Durée : 1 minute 38 secondes
CBC TV Archives

Le Bluenose – de l’idée au dessin

Le Bluenose est la première goélette de pêche conçue par William Roué. Elle est construite selon des spécifications précises. Les règlements de l’International Fisherman’s Trophy imposent des limites quant à la longueur du bateau et à la surface de voilure.

Les plans de Roué, dont deux sont illustrés ici, permettent de détailler la construction du navire. Ce sont ces plans et les spécifications écrites fournies par Roué qui ont servi à la construction du Bluenose au chantier naval Smith & Rhuland de Lunenburg, en Nouvelle-Écosse.

Plan de la voilure du Bluenose

Profil de la quille du Bluenose

Le Babette : premier modèle conçu pour un client

Le Babette est le premier bateau que William Roué conçoit pour un client. Frank H. Bell, membre de longue date du Royal Nova Scotia Yacht Squadron, a encouragé et soutenu l’intérêt de Roué pour la voile et l’architecture navale.

Conçu en 1908, le Babette sera construit en 1909 par Joshua Mader à Dartmouth, en Nouvelle-Écosse.

Plans et photographie du Babette

Le Babette sous voiles

Le Charlan : un modèle des dernières années

L’un des derniers modèles de yacht de William Roué, le Charlan fut construit par Kenneth MacAlpine & Son à Shelburne, en Nouvelle-Écosse, et lancé en 1956. Conçu pour Charles Copelin, marin marchand professionnel et vétéran de la marine, le Charlan est destiné à la navigation de plaisance plutôt qu’à la course.

Charlan

Le fils de Charles Copelin, également prénommé Charles, réalise un film sur la conception, la construction et la mise à l’eau du Charlan. Le film montre aussi la visite de Copelin au bureau de Roué à Dartmouth.

Charlan (extraits)
Durée : 1 minute, 32 secondes
Produit par Charles Copelin, 1956
Piétage original réalisé, écrit et produit par Charles Copelin

Le Charlan : plan des sections de la cabine

Doué pour la vitesse

William Roué est un navigateur passionné et compétent qui conçoit de nombreux bateaux de course pour des clients canadiens et américains. Certains sont construits pour répondre à des règles précises concernant les mesures de la coque et des voiles. D’autres sont plus personnalisés.

Roué conçoit également le Roue 20 et le sloop de la classe Bluenose. Il s’agit de classes « monotypes », plusieurs exemplaires étant bâtis selon un modèle standard, ce qui facilite la concurrence équitable. Ces deux types de bateaux sont encore utilisés aujourd’hui.

Les yachts

Modèles conçus pour la guerre

Pendant la Seconde Guerre mondiale, William Roué conçoit la barge MINCA (acronyme signifiant « fabriquée au Canada ») pour le ministère britannique du Transport de guerre. Construite pour être expédiée outre-mer par sections, la barge sera assemblée après la livraison.

Conçue pour transporter des marchandises, la barge pouvait être remorquée ou propulsée par son propre moteur hors-bord. Plus de 1 300 de ces barges seront bâties dans des chantiers navals de la Nouvelle-Écosse et du Nouveau-Brunswick.

Plans d’une barge MINCA

Barge MINCA en construction

Barges MINCA à Londres, en Angleterre

Dessins de navires-cargo

William Roué conçoit une série de cargos en bois pour des clients commerciaux et gouvernementaux. Certains sont bâtis pour le transport dans l’Arctique au service de la Compagnie de la Baie d’Hudson.

Ce modèle illustré ici est destiné au gouvernement de Terre-Neuve. Dix de ces navires, appelés « flotte Splinter » (ou flotte « échardes » étant donné leur construction en bois) sont construits à Clarenville, à Terre-Neuve. L’un d’eux, le Trepassey, soutient les activités britanniques en Antarctique de 1945 à 1947.

Plan du cargo de la « flotte Splinter »

Le Trepassey à Londres, en Angleterre

Le Trepassey en Antarctique

Modèles de traversiers

William Roué a consacré une partie importante, bien que moins connue, de sa carrière à la conception de traversiers. Principalement utilisés en Nouvelle-Écosse, certains n’étaient que de petits navires tout simples.

Des modèles plus grands et plus complexes transporteront passagers et voitures d’une rive à l’autre du port d’Halifax ou du détroit de Canso avant la construction de la route en remblai qui relie la Nouvelle-Écosse continentale et le Cap-Breton. Certains de ces traversiers demeureront en service bien après la mort de Roué, en 1970.

Les traversiers

Les premiers dessins du Bluenose?

Ce dessin de travail recto verso du Bluenose, probablement les première et deuxième ébauches de William Roué, est unique, car il s’agit des premières expressions de sa vision de la goélette. Il offre un regard privilégié sur l’évolution de sa conception. Le fait que Roué l’ait conservé est significatif, car les premières ébauches sont rarement préservées.

Si l’on suppose que l’échelle des deux dessins est de 1/8 pouce pour 1 pied (0,32 centimètres pour 30,5 centimètres), les différences de dimensions entre les deux dessins nous aident à déterminer lequel a été réalisé en premier. La deuxième version, celle intitulée « BLUENOSE », est plus courte sur sa ligne de flottaison, résultat des nouvelles instructions données à Roué par le comité.

Dessin 17, Bluenose, première ébauche

Dessin 17, Bluenose, deuxième ébauche

Les dessins du Bluenose sous un nouveau jour

L’Institut canadien de conservation (ICC) est un organisme de service spécial au sein du ministère du Patrimoine canadien. Ses conservateurs et scientifiques de la conservation sont au service d’organismes du patrimoine culturel de tout le Canada. En collaboration avec l’ICC, des techniques d’imagerie exploratoire de pointe ont été appliquées au dessin recto verso. Ces images ont révélé des éléments qui n’étaient pas facilement visibles à la lumière normale. Ces renseignements ont contribué à déterminer le traitement de conservation approprié.

Analyser les premiers dessins du Bluenose

Cette série d’images montre les résultats obtenus lorsque la lumière rasante, la lumière ultraviolette et la lumière infrarouge ont été appliquées au dessin de travail recto verso du Bluenose. Les légendes expliquent quelle information a été obtenue grâce aux différentes techniques d’imagerie.

Les dessins du Bluenose : traiter ou ne pas traiter?

Les restaurateurs proposent des traitements de conservation pour diverses raisons et en fonction d’un certain nombre d’objectifs. Il peut s’agir d’en améliorer l’esthétique, la lisibilité ou la stabilité chimique et physique. Cependant, la décision de ne pas traiter, afin de préserver des indications sur la fabrication ou l’utilisation, peut être tout aussi cruciale qu’un traitement d’intervention.

Dans ce cas, compte tenu de ce qui a été montré du processus de création des deux dessins sur les images prises par l’ICC, l’étape de nettoyage de la surface a été exécutée de manière extensive sur un côté du dessin, mais pas sur l’autre. En observant cette série d’images, on peut ainsi constater les changements qui ont résulté du traitement.

Traiter les premiers dessins du Bluenose

Cette série d’images montre les différentes étapes du traitement de conservation du dessin de travail recto verso du Bluenose.

Il est important de noter que les étapes de traitement illustrées ici ont été conçues spécifiquement pour ces dessins et ne sont pas nécessairement recommandées pour d’autres œuvres sur papier.

Deuxième ébauche, avant et après le traitement

Comparez la deuxième ébauche avant et après le traitement. Faites un zoom pour observer des détails spécifiques, tels que la bande de saleté épaisse, les ratures précédentes et les déchirures. Remarquez que le travail de restauration a conservé ces caractéristiques après le traitement. Cette décision a été prise en raison des images prises par l'Institut canadien de conservation et après consultation entre les responsables de la conservation et de la restauration.

Première ébauche, avant et après le traitement

Comparez la première ébauche avant le traitement et après le traitement. Faites un zoom pour observer des détails spécifiques, tels que la bande de saleté de surface et une déchirure importante. Remarquez que le travail de restauration a réparé ces éléments. Cette décision a été prise en raison des images prises par l'Institut canadien de conservation et après consultation entre les responsables de la conservation et de la restauration.

Évaluer l’ensemble de la collection

Avant que la collection Roué n’arrive au Musée, une équipe de professionnels du patrimoine culturel, constituée d’un conservateur, d’un restaurateur de papier et de deux gestionnaires de collections, s’est déplacée pour l’évaluer et déterminer son étendue, les types de matériaux et son état physique.

La collection Roué est composée de près de 800 plans, 30 centimètres linéaires de documents d’archives et 32 artefacts 3D. Il était nécessaire de déterminer l’étendue de cette vaste collection ainsi que les exigences de son entretien avant de planifier les étapes suivantes.

De nombreux dessins et impressions

Machine à additionner de Roué

Une collection enroulée

Planifier l’entreposage de la collection et ses traitements de conservation

L’acquisition d’une collection composée d’une grande quantité d’articles individuels, pour la plupart surdimensionnés, exige un plan d’entreposage qui tient compte des besoins de préservation des différents matériaux, sans pour autant nuire à leur accès par les chercheurs.

Les plans de traitement de conservation varient en fonction d’une série de facteurs, notamment les caractéristiques des matériaux utilisés et les risques posés par ces matériaux.

Consulter ses collègues

Rendre une décision

Conservation de la toile à calquer

Ces supports sont le plus souvent fabriqués à partir de coton imprégné d’amidon ou d’une matière synthétique. Lorsqu’elle était neuve et souple, la toile à calquer résistait mieux à un usage répétitif (roulage et déroulage) que les papiers généralement utilisés au XXe siècle.

Cependant, l’imprégnation du textile avec des amidons pour créer une surface d’écriture appropriée pose problème pour la préservation : les amidons sont très appétissants pour les insectes nuisibles.

Conservation du papier à calquer

Les supports translucides faisaient partie intégrante du processus de conception et étaient couramment utilisés jusqu’à l’invention de l’acétate et du film polyester stable et transparent. En raison de leurs méthodes de fabrication, la majorité des papiers calques du XXe siècle sont intrinsèquement faibles.

Il est difficile de réparer les déchirures et les fentes dans les papiers translucides, car le matériau de réparation choisi doit être plus faible que le papier à réparer et peut transparaître du verso au recto. Des tissus personnalisés fixés par chaleur ou par solvant (ou, plus récemment, des films en nanocellulose) sont utilisés pour réparer les déchirures et les fissures et pour renforcer le papier là où il a été plié.

Conservation des plans

« Blueprint » est le nom courant désignant les plans reproduits grâce à la cyanotypie. Ce procédé a été la principale technique de reprographie pendant près d’un siècle, d’où l’omniprésence des blueprints dans les collections des musées et archives.

Les blueprints sont sensibles aux produits alcalins (pH au-delà de 7) dans les environnements à forte humidité relative. Cette combinaison peut entraîner la perte de leur couleur bleue caractéristique. Les étapes de traitement conventionnelles, comme la réparation des déchirures avec une pâte d’amidon de blé, doivent donc être modifiées pour réduire l’utilisation d’eau et contrôler le pH pendant les traitements de conservation.

Numériser pour assurer l’accessibilité

Après le traitement de conservation, la dernière étape avant l’entreposage ou l’exposition d’une collection est sa numérisation. Les photographies des objets d’une collection jouent un rôle essentiel dans sa documentation, sa préservation (pour servir de substitut à un artefact afin d’éviter de le manipuler) et sa diffusion. Les expositions en ligne sont un moyen idéal de partager avec le public des collections et objets fragiles ou surdimensionnés.

Photographier un dessin du Bluenose

Photographier un plan de construction et de cabine du Wawa