Célébration communautaire de Pitikwahanapiwiyin

Katie Pollock

Même une tempête de neige à la fin du printemps n’a pas réussi à décourager le public de se rendre au Chief Poundmaker Historical Centre, le 1er mai dernier. Situé à Eagle Hills, à l’ouest de North Battleford, en Saskatchewan, ce musée a accueilli des gens de la communauté et de toute la région dans le cadre d’une célébration communautaire et d’une inauguration d’exposition liée à la disculpation de Pitikwahanapiwiyin (aussi connu comme le chef Poundmaker) par le gouvernement fédéral.

Bien que Pitikwahanapiwiyin ait été jugé et reconnu coupable pour haute trahison à la suite de la Rébellion du Nord-Ouest, la communauté n’a cessé de clamer son innocence et de soutenir que ses actions ont empêché la mort de centaines de soldats canadiens, en mai 1885. Pour les membres de la communauté, cette exposition et la disculpation de Pitikwahanapiwiyin permettront de rectifier l’histoire qui prédomine chez les allochtones et privilégieront les récits transmis oralement par les Nehiyaws (Cris) à propos de leur chef et de leur communauté.

Après plusieurs visites au Musée canadien de l’histoire, les dirigeants de la communauté Floyd Favel et Milton Tootoosis ont demandé qu’un objet de sa collection soit présenté dans le cadre de la célébration de disculpation de Pitikwahanapiwiyin par la Nation cris de Poundmaker. Répondant à cette demande, le Musée a eu l’honneur d’organiser le prêt, pendant une semaine, d’une robe d’enfant fabriquée dans la communauté au début des années 1950. Parée de paillettes et de perles, cette robe de velours a été créée par See-ascum-ka-poo (Mary Peemee, ou Mme Horsechild, la belle-fille de Big Bear) pour Marilyn Kasokeo, toutes deux résidentes de la Nation crie de Poundmaker à l’époque.

Robe d'enfant

Musée canadien de l’histoire, V-A-486, D2004-25537

Après des mois de consultation, j’ai pris l’avion à destination de Saskatoon avec cette robe, qui retournait vers son lieu d’origine pour la première fois depuis plus de cinquante ans. En arrivant au Chief Poundmaker Historical Centre, j’ai été accueillie par des artisanes et des artisans de la communauté qui avaient hâte d’examiner la robe et de voir comment elle avait été confectionnée. Floyd et moi-même l’avons ensuite placée dans la magnifique vitrine en verre fabriquée par des membres de la communauté, où elle est restée exposée durant toute la semaine.

Robe d'enfant exposée

Marilyn Kasokeo (à droite), la propriétaire d’origine, et sa nièce, Deanne Kasokeo (au centre), se tiennent à côté de la robe d’enfant avec la conservatrice Katie Pollock (à gauche).

La robe a attiré de nombreuses personnes, et, lorsqu’elle a été officiellement dévoilée à l’exposition d’art le 1er mai, nous avons eu le privilège de recevoir la visite de la propriétaire d’origine elle-même. Marilyn Kasokeo est venue d’Edmonton en voiture, avec sa famille, pour voir la robe qu’elle portait quand elle était enfant. J’ai eu l’honneur d’entendre les récits rattachés à chacune des coutures et des paillettes.

Cette entente entre le Musée canadien de l’histoire et la Nation crie de Poundmaker constitue une étape cruciale dans l’établissement de meilleures relations et collaborations, à la fois significatives et respectueuses, avec les communautés autochtones. Seulement 20 jours après mon retour à Ottawa avec la robe, le premier ministre Justin Trudeau s’est rendu dans la collectivité pour innocenter officiellement Pitikwahanapiwiyin. Le rassemblement, organisé par la Nation crie de Poundmaker, a attiré des gens de l’ensemble de la partie nord des Grandes Plaines, venus voir le premier ministre reconnaitre « que le chef Poundmaker n’était pas un criminel, mais quelqu’un qui a travaillé sans relâche pour assurer la survie de son peuple et tenir la Couronne responsable de ses obligations en vertu du Traité no 6. »

Katie Pollock, Ph. D., est conservatrice, Ethnologie centrale, au Musée canadien de l’histoire.