Les détails, ça compte!

Le 25 septembre 2012

D’après le Petit Robert, le terme « méticuleux » signifie « très attentif aux moindres détails ». Cet adjectif s’applique bien à Julie Hughes, conservatrice de textiles au Musée canadien des civilisations, qui a récemment restauré un remarquable étendard commémorant des batailles ayant eu lieu au Bas-Canada pendant la Rébellion de 1837-1838.

L’étendard est aux couleurs du régiment des Hemmingford Loyal Volunteers, une milice formée pour appuyer les troupes britanniques pendant la Rébellion au Bas-Canada, dans le sud du Québec actuel. Le 9 mai 1839, les dames d’Hemmingford présentèrent cet étendard de soie à la milice pour commémorer sa victoire contre les Patriotes lors des batailles de Lacolle et d’Odelltown, qui s’étaient déroulées du 7 au 9 novembre 1838. C’est l’un des premiers étendards à porter l’emblème de la jeune reine Victoria, qui venait alors tout juste d’accéder au trône. L’étendard avait grand besoin de restauration quand la société historique d’Hemmingford en a fait don au Musée canadien de la guerre en 2003.

« L’étendard était très endommagé, explique Julie Hughes, surtout l’extrémité la plus éloignée de la hampe. Mais heureusement que la soie n’était pas trop friable, bien que fragile. En outre, on avait fixé l’étendard dans un filet pour l’empêcher de s’effriter davantage. »

On a tout d’abord dû retirer l’étendard de son filet et défaire les plis en mouillant légèrement la soie. Ensuite, on a préparé un support rigide, avec un coussinet formé de tissu de la même couleur que l’étendard qui, une fois fixé sur le support, a été photographié. Grâce à un processus novateur, l’imprimeur Gilmore a pu reproduire l’image sur du crêpe, un tissu léger de soie ou de mousseline fine qui a servi de revêtement à l’étendard.

C’est à l’étape suivante que le terme « méticuleux » s’applique le mieux. Julie et son assistante, Megan Gruchy, ont dû coudre délicatement le crêpe sur le tissu du support pour empêcher l’étendard de s’effriter une fois placé à la verticale. Couchées sur le ventre sur une sorte de passerelle ménagée au-dessus de l’étendard, elles n’ont trouvé rien à redire à cette tâche, qui a pourtant demandé une centaine d’heures de travail : « Nous travaillons souvent dans de drôles de positions, parfois pendant de longues périodes ».

L’étape finale consistait à recouvrir l’étendard de plexiglas pour le protéger. On peut distinguer l’original du tissu plus nouveau sur lequel il repose. « Comme ça, ajoute Julie Hughes, on peut voir l’étendard tel qu’il était à l’origine, tout en ayant une idée de ses dimensions réelles. C’est l’une des nombreuses options à notre disposition pour préserver et interpréter les textiles anciens ».

L'étendard avant sa restauration

L'étendard avant sa restauration