Égaux dans la mort : le naufrage de l’Empress emporte riches et pauvres

Le 6 mai 2014

Quand l’Empress of Ireland coula le 29 mai 1914, il entraîna avec lui dans les profondeurs du fleuve des hommes, des femmes et des enfants de tous les âges et de toutes les classes sociales. Après avoir vu les cadavres alignés dans le hangar du quai de Rimouski, alors transformé en morgue improvisée, le reporter d’un journal local écrivait ces mots : « Le riche dort à côté du pauvre, le puissant à côté du faible; l’humble Polonais ou Russe qui crevait hier dans les rues de la métropole du Canada […] dort à côté de la patricienne dorée. […] Voilà qu’ils sont tous égaux. »

Égaux dans la mort, mais non dans la vie. Les 1 057 passagers appartenaient à différentes classes sociales. La première classe accueillait entre autres sir Henry Seton Karr, sportif et membre du Parlement britannique rentrant au foyer après avoir abattu un orignal pendant un séjour de chasse en sol canadien. La deuxième classe hébergeait plus de 170 membres de l’Armée du Salut, en route pour Londres pour assister à un congrès international. Nombre de passagers de troisième classe étaient de récents immigrants au Canada et aux États-Unis : Arthur James Blackham, conducteur de tramway de Toronto, qui allait chercher sa fiancée demeurée en Angleterre; Carolina et Egildo Braga qui, arrivant du Minnesota, se rendaient à Turbigo, leur municipalité d’origine, dans le nord de l’Italie.

Les passagers étaient logés dans des zones différentes du navire : les passagers de troisième classe sur les ponts inférieurs, les passagers de deuxième classe au milieu et les passagers de première classe sur les ponts supérieurs. Quand le charbonnier S.S. Storstad est entré en collision avec l’Empress au beau milieu de la nuit – perçant un trou de 30 mètres carrés dans son flanc et enclenchant le déferlement d’une trombe d’eau qui allait couler le navire en moins de quinze minutes – les passagers de troisième classe étaient ceux ayant le moins de chances de survivre. Plusieurs se sont retrouvés emprisonnés dans leur cabine, noyés sous les ponts.

Chez les passagers de première classe, 49 pour cent des hommes et 32 pour cent des femmes ont survécu. En deuxième classe, ce fut 29 pour cent des hommes et 12 pour cent des femmes. En troisième classe, les taux de survie s’élèvent respectivement à 26 pour cent (hommes) et 10 pour cent (femmes). Sur les 138 enfants à bord, seuls cinq ont survécu. La majorité des enfants, soit 102 d’entre eux, étaient passagers de troisième classe.

La majorité des 420 membres d’équipage, soit 60 pour cent, ont survécu, y compris le capitaine Henry George Kendall qui a sauté du bateau juste avant que celui-ci ne s’engloutisse. Kendall fut repêché des eaux par ses hommes d’équipage rassemblés dans un canot de sauvetage. Ensemble, ils ont sauvé des douzaines de personnes des eaux du fleuve.

Sur les 1 477 passagers et membres d’équipage montés à bord à Québec, 465 seulement survécurent.

L’exposition Le Titanic canadien – L’Empress of Ireland sera présentée au Musée canadien de l’histoire du 30 mai 2014 au 6 avril 2015.

Empress of Ireland


Affiche encadrée, en noir et blanc, commémorant le naufrage de l’Empress of Ireland le 29 mai 1914. ©MCH IMG2012-0281-0009-Dm, Frank Wimart