Des artefacts et des comptes rendus racontent l’histoire de l’Empress

Le 6 mai 2014

Aux premières heures du 29 mai 1914, épuisés, blessés et en état de choc, les survivants sont transportés du site du naufrage aux quais de Rimouski, rapportant avec eux les témoignages oculaires de cette tragédie qui a coûté la vie à plus d’un millier de personnes. Leurs comptes rendus – souvent incomplets et parfois contradictoires – se sont transformés au fil des ans pour créer la mémoire du naufrage de l’Empress of Ireland.

Il faut peu de temps à la nouvelle du sort de l’Empress pour se propager. À 3 heures, la station de T.S.F. de Pointe-au-Père envoie une dépêche qui sera publiée le jour même dans La Presse et le Toronto Daily Star et le lendemain dans le New York Times. Bientôt, des journaux de l’ensemble du Canada et du monde entier rapportent la sinistre histoire.

« Horrible Catastrophe Maritime » titre Le Progrès du Golfe, journal de Rimouski, le jour de la tragédie. « L’Empress of Ireland, abordé par le SS. Storstad avec lequel il entre en collision, sombre et périt corps et biens, en l’espace de dix minutes, entraînant au fond de l’abîme un millier d’existences humaines. » Le reportage du Progrès se poursuit avec la description de la « multitude de cadavres affreusement défigurés, et demi-nus » débarqués sur les quais de Rimouski par les navires de sauvetage et des survivants repêchés des vagues, à demi morts de froid et d’épuisement. Le journal souligne la bravoure du capitaine au secours des rescapés, tout en condamnant l’« indigne et odieuse conduite de l’équipage du Storstad » dont les membres, aux dires de l’un des passagers, sont demeurés totalement indifférents au sort des victimes de l’Empress.

Les membres d’équipage du Storstad ont pu raconter leur propre version de l’histoire lors d’une commission d’enquête officielle convoquée le 16 juin. Ils ont alors déclaré qu’ils naviguaient prudemment à travers le brouillard quand l’Empress leur a soudainement barré la route, amenant le Storstad à éperonner son flanc. Cette version contredit le témoignage du capitaine Kendall, lequel affirme plutôt que le Storstad a soudainement modifié sa route pour ensuite entrer en collision avec l’Empress. Après 16 jours de témoignages, les commissaires acceptent la version des événements présentée par Kendall. Le Storstad est déclaré responsable : ses actions, conclut la commission, ont causé la collision.

Bien que la disparition de l’Empress of Ireland ait attristé un très grand nombre de gens, son souvenir sera bientôt éclipsé par le déclenchement de la Première Guerre mondiale. L’épave demeurera intouchée jusqu’à ce que des plongeurs la redécouvrent, en 1964. Au cours des trois décennies suivantes, ceux-ci récupéreront de nombreux objets dans le navire.

C’est grâce à l’acquisition de la collection privée du plongeur Philippe Beaudry que le Musée canadien de l’histoire peut aujourd’hui offrir une exposition commémorative spéciale, 100 ans après l’événement, et redonner ainsi à l’Empress – la pire catastrophe maritime de l’histoire du Canada – sa place légitime dans notre mémoire.

L’exposition Le Titanic canadien – L’Empress of Ireland sera présentée au Musée canadien de l’histoire du 30 mai 2014 au 6 avril 2015.

Hublot - Empress of Ireland


Hublot (1905) – Il ne subsiste peut-être pas plus de cinq hublots Utley de cette époque dans le monde. C’est sans doute la pression de l’air, se forçant un passage tandis que
le navire sombrait, qui a fait éclater la vitre de celui-ci. ©MCH IMG2012-0281-0004-Dm, Frank Wimart