Une question brûlante

Patricia Corrigan

Alt text : Peinture, huile sur bois qui décrit un immeuble en feu dans la nuit

Illustration de l’incendie de l’édifice du Parlement
©Musée McCord, L’incendie du Parlement à Montréal, Joseph Légaré, vers 1849, M11588

Montréal. Le 25 avril 1849. Une foule déchaînée s’approche du Parlement de la province du Canada, province qui correspond aujourd’hui à la région qui comprend le sud de l’Ontario et du Québec.

Encouragés par les journaux de langue anglaise de Montréal, les Anglophones d’un groupe politiquement conservateur cherchent à se venger de ce qu’ils estiment être un acte de trahison. Le gouverneur général, Lord Elgin, vient d’accorder la sanction royale au projet de loi des pertes de la rébellion, qui permettra de dédommager les propriétaires francophones des pertes matérielles subies pendant la désastreuse rébellion de 1837 contre l’hégémonie britannique. Les réformateurs qui ont proposé ce projet de loi ont comme objectif d’indemniser les victimes innocentes. Aux yeux de la foule, toutefois, Lord Elgin récompense les traîtres. Plus tôt dans la journée, la foule indignée a lancé des pierres et des œufs pourris sur sa calèche.

Arrivée devant le Parlement à la tombée du jour, la foule en colère lance des pierres sur l’édifice et fait voler les vitres en éclats. Elle pénètre ensuite à l’intérieur pour saccager les chambres. Elle bat finalement en retraite, mais ce n’est que pour mettre le feu au bâtiment. La violence persiste pendant quelques jours.

Photo de pierres
Ces pierres ont été lancées à Lord Elgin le 30 avril, pendant que l’émeute faisait rage. Lady Elgin, son épouse, a ramassé et étiqueté les pierres, qui ont été conservées comme souvenirs de famille.
©Musée canadien de l’histoire, 2008.118.3, 2008.118.4, photo Steven Darby, IMG2014-0156-0010-Dm

Un coup dur pour le premier gouvernement responsable, mais aussi une avancée

La volonté de Lord Elgin de faire adopter le projet de loi des pertes de la rébellion, malgré l’opposition violente de certains segments de la population, constitue la première mesure prise par le Canada en tant que gouvernement responsable : le pouvoir n’appartient plus à l’Angleterre, mais bien à la majorité des membres du Parlement canadien élu.

L’émeute de Montréal traduit le sentiment d’une minorité. C’est une époque façonnée par des réformateurs et la notion de gouvernement responsable, depuis longtemps un principe fondamental en Grande-Bretagne, gagne de plus en plus d’adeptes en Amérique du Nord britannique. En Nouvelle Écosse, les réformateurs ont réussi peu avant à obtenir un gouvernement responsable, et ce, sans « aucun échange de coups ni vitre cassée », tel qu’un de leurs dirigeants, Joseph Howe, l’a fièrement raconté. Au cours des six années suivantes, les lieutenants-gouverneurs de toutes les autres colonies britanniques en Amérique du Nord ont suivi les traces de Lord Elgin, préparant ainsi la Confédération.

Ce n’est là qu’un des nombreux récits captivants qui vous sont racontés dans le cadre de l’exposition spéciale 1867 – Rébellion et Confédération.