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Les Vikings

Galerie 1 : Les débuts du Canada ⟶ L’arrivée des Européens ⟶ Les Vikings

Il y a environ 1 000 ans, des Européens en quête de ressources naturelles et d’une route maritime menant en Asie font voile vers l’Amérique du Nord.

Curiosité, méfiance et quelques cas de violence marquent les rencontres entre les Premiers Peuples et les nouveaux venus. Tous cherchent malgré tout à coexister. Une colonie européenne permanente en sera ultimement le résultat.

Il y a 1 000 ans, les Premiers Peuples rencontrent des équipages de Vikings (appelés Norse en anglais) sur la côte est du Canada. Même s’ils ne font que passer, ils savent désormais qu’il y a de la vie au-delà de l’Atlantique.

Les Vikings établissent des colonies au Groenland, puis ils voguent de nouveau vers l’ouest. Sur les rives arctique et atlantique du Canada, ils entrent en contact avec des Autochtones. Les rencontres sont parfois houleuses. La résistance des Premiers Peuples pèse lourd sur l’incapacité des Vikings à s’établir pour de bon en Amérique du Nord.

 


Les expéditions vikings

Lors d’une période de réchauffement climatique, les Islandais colonisent le Groenland. Ils y exploitent quelques parcelles de terres propres à l’agriculture et chassent les mammifères marins. Les autres ressources sont importées.

Les Vikings du Groenland naviguent aussi vers l’ouest pour trouver du bois et d’autres matières essentielles. Ils tentent de s’établir à au moins un endroit au Canada, mais leur présence y est sporadique et temporaire.


Les sagas vikings

Les récits que font les Vikings de leurs activités au Groenland et en Amérique du Nord sont immortalisés dans les sagas. Les premières versions écrites connues datent des années 1300. La saga d’Éric le Rouge raconte comment l’expédition qu’il dirige quitte l’Islande et établit une colonie au sud du Groenland à la fin des années 900. Elle se poursuit avec le récit des expéditions de son fils Leif en Amérique du Nord et de ses rencontres avec les Premiers Peuples que les Vikings nomment « Skrælings ».

La saga d’Éric le Rouge

Deux manuscrits originaux de cette saga nous sont parvenus. Cette page est tirée du manuscrit rédigé au début des années 1400. L’autre date du début des années 1300.

 

La carte de Skálholt

À la fin des années 1500, Sigurd Stefánsson, un enseignant de Skálholt en Islande, se fonde sur les énoncés des sagas pour dresser cette carte de l’Atlantique Nord. Voyez-vous quelques similitudes avec une carte moderne?

 

La saga des Groenlandais

Écoutez une description de la première exploration connue de l’Amérique du Nord par un Européen, Leif, fils d’Éric le Rouge.

 

Transcription :
En naviguant de l’Islande pour visiter son père, un voyageur, Bjarni Herjolfsson, aperçut une terre à l’ouest du Groenland. Lief, fils d’Éric le Rouge, le fondateur de la colonie européenne au Groenland, explora quelques années plus tard cette terre inconnue.

Ils appareillèrent leur navire. Ils accostèrent d’abord sur les côtes de cette contrée que Bjarni avait aperçue. Ils purent naviguer jusqu’au rivage et y jetèrent l’ancre, puis firent descendre une barque, pour gagner la terre. Ils n’y virent pas un brin d’herbe, et le pays était couvert de grands glaciers. Entre les glaciers et la rive, la terre ressemblait à une énorme dalle de roc. Cela leur semblait un pays sans valeur.

Lief dit alors : « Nous avons mieux fait que Bjarni en ce qui concerne ce pays, nous y avons au moins mis les pieds. Je lui donnerai un nom, je l’appellerai Helluland. » [terre de la roche platte]

Ils retournèrent à bord de leur navire et reprirent la mer, puis ils virent une deuxième terre. Ils purent à nouveau s’en approcher, mouiller l’ancre, descendre une barque et gagner la rive. Le pays était plat et boisé, avec des plages de sable blanc partout où ils allaient, et la terre descendait en pente douce vers la mer.

Lief dit alors : « Vu ses ressources naturelles, ce pays sera nommé Markland. » (terre de forêt)

Ils regagnèrent rapidement leur navire puis voguèrent vers le nord-est pendant deux jours, jusqu’à ce qu’ils aperçoivent à nouveau une terre. Ils y mirent le cap et trouvèrent une île plus au nord.

Ils descendirent à terre et observèrent les environs. Le temps était bon. Il y avait de la rosée sur l’herbe, et la première chose qu’ils firent était de s’en mouiller les mains pour l’amener à leurs lèvres. Elle avait la saveur la plus douce qu’ils eussent jamais goûtée. Ils retournèrent ensuite au navire et voguèrent jusqu’au détroit qui séparait l’île du promontoire, qui avançait vers le nord.

On entendit un soir la nouvelle qu’un membre de l’équipage manquait : c’était Tyrkir le sudiste. Ceci déplut grandement à Lief, car Tyrkir était un ami de longue date de la famille. Lief prépara les recherches avec une douzaine d’hommes.

Ils venaient de partir lorsqu’ils virent Tyrkir marcher vers eux et ils l’accueillirent chaleureusement. Lief réalisa vite que Tyrkir était d’excellente humeur.

Lief lui dit : « Pourquoi êtes-vous si en retard mon père adoptif? Comment vous êtes-vous séparé de vos compagnons? »

D’abord, Tyrkir parla longuement en allemand, et personne ne comprit ce qu’il disait. Puis, il parla en islandais.

« Je ne suis pas allé beaucoup plus loin que vous, » dit-il. « J’ai des nouvelles. J’ai trouvé des vignes et du raisin. »

« Est-ce vrai, père adoptif? » demanda Lief.

« Bien sûr que c’est vrai, » répondit-il. « Là où je suis né, il y a beaucoup de vignes et de raisins. »

Lief nomma la terre d’après ses qualités naturelles et lui donna le nom « Vinland ». (terre du vin)

Extrait de la saga groenlandaise (Greenlanders Saga), traduite en anglais par Magnus Magnusson et Hermann Palsson. Dans The Vinland Sagas: The Norse Discovery of America, de Magnusson et de Palsson. Penguin, 1965, p. 55-58.

Un établissement viking à Terre-Neuve

Des preuves incontestables d’un établissement viking en Amérique du Nord ont été mises au jour dans un site archéologique de Terre-Neuve-et-Labrador. L’Anse aux Meadows regroupe des vestiges d’habitations et d’ateliers. Ces copeaux de bois et ces fragments de métaux résultent vraisemblablement de réparations apportées par des marins vikings à leurs embarcations il y a environ un millénaire.

Chantier naval

 

« Ils trouvèrent sur cette terre des champs de blé sauvage et partout des vignes… Tous les ruisseaux regorgeaient de poissons…
Les forêts étaient remplies de bêtes de toutes plumes et de tout poil…
Et un matin, de bonne heure, comme ils regardaient à la ronde, ils virent neuf embarcations en peau. »
La saga d’Éric le Rouge


Des preuves de contacts en Arctique de l’Est

Quelques sites archéologiques de l’Arctique de l’Est ont révélé des preuves d’un contact entre Inuit et Vikings.

Les divers articles découverts sur l’île Skraeling laissent croire que les Inuit y ont rencontré des commerçants vikings ou récupéré des objets d’un bateau abandonné. Du fil possiblement produit au Groenland, et diverses marchandises vikings se seraient retrouvées dans des habitations inuites à la suite d’échanges.

Une représentation inuite des Vikings

Les figurines inuites en bois représentant des Inuit affichent les mêmes caractéristiques : têtes rondes sans traits du visage, membres courts dépourvus de mains ou de pieds et coiffures typiques. Cependant, une figurine récupérée sur le site archéologique Okivilialuk de l’île de Baffin serait l’œuvre d’un artiste inuit et représenterait probablement un voyageur scandinave. Le personnage semble porter des vêtements européens et une croix est gravée sur sa poitrine. Les Vikings de l’époque étaient chrétiens et auraient pu arborer de tels symboles.

 

De nouvelles sources de matériaux

La découverte archéologique d’objets vikings dans des sites inuits prouve que les habitants de l’Arctique ont intégré des matériaux, voire des techniques, vikings à leur quotidien. Les objets étaient soit acquis directement de voyageurs vikings, soit prélevés dans des épaves abandonnées. Avant de rencontrer les Vikings, la population arctique connaissait les sources locales de métal. Le fer des Vikings s’est ajouté au métal utilisé pour fabriquer des outils par la technique traditionnelle de martelage à froid.

Objets vikings provenant du site de l’île Skraeling
Nunavut, il y a environ 800 ans

 

Objets vikings provenant d’autres sites archéologiques inuits
Nunavut, il y a de 750 à 500 ans


Pour en savoir plus


Photo au haut de la page :
Stèle Stora Hammars 1 (détail)
Gotland, il y a environ 1 200 ans
Bengt A. Lundberg
Direction nationale du patrimoine de Suède, ff941728