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Vêtements des dames

« La place qui leur convient » : les femmes à l’époque de la Confédération (1840–1890)

En 1856, le révérend Robert Sedgewick a décrit ce qu’il croyait être la place qui convenait aux femmes respectables de la société canadienne. Selon lui, le militantisme politique, le travail dans la fonction publique, la participation à des jurys et le travail en usine, entre autres, rendaient les femmes vulgaires et les mettaient en concurrence avec les hommes. La place d’une femme était plutôt au foyer, où elle pouvait apprendre et appliquer les arts ménagers, assurer le confort de son mari, élever et éduquer ses enfants et prendre soin d’eux. Cependant, au fil du XIXe siècle, les femmes ont commencé à participer de plus en plus à la vie politique et sociale.

Des sphères séparées

Pour les autorités religieuses comme le révérend Sedgewick, les rôles d’épouse et de mère de la femme étaient dictés par la volonté divine. D’autres commentateurs appuyaient ce point de vue, croyant que ces rôles renforçaient l’unité familiale – et, par extension, le tissu social – dans une période de changements et de bouleversements importants. L’homme était destiné à une vie publique, à affronter le stress des affaires et de la politique, tandis que la femme s’occupait du sanctuaire domestique qu’était le foyer.

Au foyer

Les responsabilités d’épouse et de mère d’une femme accaparaient presque tout son temps. La femme de la classe moyenne, qui se mariait au début de la vingtaine et avait de quatre à six enfants en moyenne, devait s’occuper de la maison et prendre soin des enfants. Elle avait peu de loisir pour accomplir d’autres tâches, même si elle avait des domestiques pour l’aider. Il lui fallait de la patience et de l’adresse pour gérer les besoins domestiques de sa famille et maintenir le statut de cette dernière.

Les visites de membres de la famille, d’amis ou de collègues de travail de son mari lui donnaient l’occasion de faire valoir ses talents domestiques : son goût pour la mode, la littérature et l’art, la propreté de sa maison, son choix de décorations et de mobilier, ainsi que l’élégance et la qualité de sa table.

Activités à l’extérieur du foyer

Le concept de sphères séparées était étayé par les lois qui conféraient aux maris pratiquement tous les pouvoirs et tout le contrôle financier au sein d’un mariage. Cependant, cette répartition des responsabilités masque les complexités des expériences des femmes à l’époque de la Confédération.

Tirant avantage de leur position de pourvoyeuses de soins et d’arbitres de la moralité, les femmes s’aventuraient à l’extérieur de leur foyer pour jouer un rôle de premier plan dans les activités de leur église et les œuvres de bienfaisance. Pour contribuer à l’atténuation des problèmes créés par l’industrialisation et l’urbanisation, elles ont établi des organismes d’aide aux immigrants, aux orphelins, aux mères célibataires, aux alcooliques, aux pauvres et aux sans-abri, et ont doté ces organismes en personnel. Certaines jeunes femmes devenaient institutrices ou infirmières, ou prenaient un autre emploi spécialisé respectable. Les études supérieures étaient inhabituelles pour les femmes, mais quelques-unes faisaient des études universitaires dans les facultés « féminines » des arts et de l’enseignement ménager, ainsi qu’en médecine et en droit. Beaucoup de femmes instruites croyaient qu’elles pouvaient contribuer à améliorer la société en se lançant en politique et en militant en faveur du droit de vote pour les femmes.

Les frontières entre les sphères d’influence des femmes et des hommes de la classe moyenne s’estompaient davantage lorsque le mari ne pouvait faire vivre sa famille à cause d’une maladie, de l’abandon, de sa mauvaise volonté ou de son décès. Devant la nécessité de subvenir aux besoins de sa famille, la femme devait compter sur ses habiletés, ses études et ses contacts.

Une solution qui faisait naturellement appel aux talents de ménagère d’une femme était la tenue d’une pension de famille. Certaines femmes exploitaient des entreprises de confection de vêtements ou de chapeaux. Les artistes et écrivaines accomplies pouvaient choisir une combinaison de tutorat et de production pour le marché commercial. Dans ces activités et dans d’autres, les femmes trouvaient des moyens de subsistance et une certaine mesure d’indépendance.