Courrier du ciel : Le service postal aérien de l'époque héroïque, 1918-1939

La livraison des biens

Le transport des passagers et du courrier par voie aérienne insuffle de la vie dans les établissements isolés aux confins du Canada. Le courrier apporte un mot de réconfort, un message des gens du pays. «Mes missionnaires sont bien isolés», raconte un père oblat en 1932 au maître général des Postes. «Le courrier leur apportait un grand réconfort, surtout aux approches des fêtes de Noël et du Jour de l'An.» Le père Saindon a à cœur que la communication postale à ses prêtres œuvrant sur la côte de la baie James, soit entre Moosonee et Poste-de-la-Baleine et Moosonee et Winisk, ne soit pas interrompue. Sa requête aboutit dans le dossier de la poste aérienne du ministère des Postes et on finit par confier à Austin Airways le contrat pour la région en 1944. L'avion est la chose la plus importante pour la population du Nord canadien. L'avion transporte des chiens, de la dynamite, du matériel d'exploitation des mines et des vivres. Il transporte ce qu'on appelle «du tord-boyaux, de la bagosse, du tonique» — en un mot, de l'alcool, sans compter le journal ainsi que ce fidèle compagnon de la poste aérienne canadienne, le catalogue de vente par correspondance. En 1935, un dirigeant des Postes formule la plainte qui suit :
Les maisons de vente par correspondance connaissent tant de succès à Winnipeg depuis la création des routes postales aériennes aux régions minières du Nord... qu'elles ont décidé d'envoyer des circulaires à tous leurs clients et de leur fournir leur plus récent catalogue. Samedi dernier, une entreprise nous a remis une demi-tonne de catalogues pour lesquels elle a versé quinze cents la livre et nous devons maintenant les transporter tous sans délai aux différentes régions.
Le pilote de brousse est toujours un visiteur fort bienvenu en raison de la variété d'articles qu'il apporte avec lui. C'est pourtant les nouvelles que les gens attendent et souhaitent le plus. Au cours d'une longue journée de travail à l'été de 1938, le pilote et le mécanicien de la route Yellowknife-Gordon Lake, dans les Territoires du Nord-Ouest, livrent toutes sortes de missives et des vivres à une dizaine de camps et rentrent avec des commandes de cigarettes, d'antennes de radio, de bottes d'une certaine taille et de nouvelles. Malgré leur insistance, un homme refuse de poser pour une photo à côté des membres de l'expédition parce qu'il n'a pas encore eu le privilège de recevoir une lettre.

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