Gloire à Dieu
Calligraphie, style Kûfi moderne libre, «Gloire à Dieu», 1997
Encre de Chine sur carton blanc
Prêt de l'artiste
(Photo : Harry Foster  © Société du Musée canadien des civilisations)



«La calligraphie est comme tout autre art; vous ne pouvez pas la maîtriser ni la soumettre ni la dresser comme on dresse un cheval ou une bête sauvage. En fait, c'est le poème qui vous écrit, ce n'est pas vous qui l'écrivez. La belle musique, c'est elle qui vous séduit et vous berce. Il en est de même pour la belle calligraphie : c'est elle qui courtise votre plume et s'introduit par ses sinuosités pendant vos moments d'inspiration et de création. [...]

Le Dr Dahech, mon maître, disait : "la calligraphie est une musique visuelle."»


Extraits d'un texte de l'artiste, La Calligraphie et moi





Yasser Badreddine est né en 1942 à al-Nabatyia, une ville du sud du Liban. Initié à la poésie traditionnelle par son père, il développe très jeune un vif intérêt non seulement pour cet art, mais également pour la calligraphie. Il n'a que 14 ans lorsque les commerçants de son quartier viennent lui commander leurs enseignes. Il apprend le métier en observant les autres enseignes de la ville et au contact des marchands de couleurs et de pinceaux. En 1960, il s'inscrit au collège et commence à produire et à rédiger des bannières à caractère politique. Ses premiers poèmes datent, quant à eux, de sa jeune vingtaine. Beaucoup plus tard, à son arrivée à Montréal en 1990, ses vers seront fortement inspirés par le paysage canadien.

Yasser Badreddine
Yasser Badreddine, St-Hubert, Québec, 2000
Rawi Hage
Épreuves argentiques
(Photo : Harry Foster  © Société du Musée canadien des civilisations)


Après des études de droit, Yasser Badreddine publie des poèmes et obtient son premier emploi stable en tant que calligraphe. À partir de cette période, il côtoie des maîtres de la calligraphie et parfait ses connaissances des styles riq^a, naskhi, fârisi, thuluth et diwâni. Il s'agit entre autres de M. Sammame, du Cheikh Nasr et de M. Al-Baba. Ce dernier, avec lequel il se lie d'amitié, lui confie même l'une de ses œuvres importantes à retoucher.

L'année 1972 marque un virage dans le parcours artistique de Yasser Badreddine avec la rencontre de M. Dahesh, écrivain et esthète, qui lui demande de calligraphier un de ses recueils de poésie. Ces encouragements incitent l'artiste à calligraphier ses propres poèmes ainsi que des versets coraniques. Ses travaux s'allient alors au dessin : Ce qui caractérise la calligraphie arabe, c'est qu'il est possible d'inventer plusieurs formes à partir d'un seul mot ou d'une seule phrase... C'est comme un poème, un artiste peut faire de nombreuses choses avec les lettres. Dans son œuvre, il se sert de l'enluminure et privilégie le parchemin et le cuir comme supports.

Glory to God
Calligraphie, style diwâni, «Dieu ne modifie point l'état d'un peuple, tant que les individus qui le composent ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes.», 1997
Encre de Chine sur carton blanc
Prêt de l'artiste
(Photo: Harry Foster  © Canadian Museum of Civilization Corporation)

Yasser Badreddine a rédigé et calligraphié des recueils de poèmes. Il a obtenu le premier prix dans la catégorie graphisme à la Foire du livre arabe et international à Beyrouth pour Sara (1997) et Daftar Al-Ghourba (1999 – traduction : De l'exil en soi). Le Musée canadien des civilisations a acquis quelques-unes de ses calligraphies.

faten.b@sympatico.ca