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La brasserie et le château d'eau
170, rue Montcalm

Château d'eau

Ce bâtiment est érigé sur le terrain de la ferme Columbia, concédée à Philemon Wright en 1806. Celui-ci y fait construire, en 1813, une grande distillerie où sont utilisés l'orge et le seigle produits par les colons. Elle est composée de trois secteurs distincts : la distillerie elle-même, la brasserie et la malterie. Les grains sont convertis en malt qui servent ensuite à faire la bière et le whisky. Autour de la brasserie, des hangars et un abri pour les animaux complètent l'ensemble manufacturier. L'équipement utilisé dans la distillerie comporte des bouilloires, des barils, des futailles, des chaudières, des articles pour le transfert des liquides d'un bassin à l'autre, des versoirs, des poêles et des mesures employés pour la fabrication de la bière, du whisky et du malt, ainsi que des outils pour l'entretien des lieux : marteaux, clés à écrous et tournevis.

Les maîtres-brasseurs engagés par la Philemon Wright & Sons signent un contrat leur accordant l'usage des bâtiments de production et des dépendances ainsi qu'une résidence. Ainsi, en 1832, Ralph Smith est engagé pour cinq ans et trois mois, à raison de 80 £ par année et l'usage de deux acres de terre, mais il ne doit pas utiliser plus d'eau que nécessaire pour la brasserie. Les honoraires des contrats subséquents, beaucoup plus faibles, marquent le déclin de la production. En 1838, Thomas Brigham, le gendre de Philemon et membre de la compagnie, reçoit 50 £ par an, durant deux ans et, en octobre 1840, Isaac Smith obtient seulement 40 £ par an. La brasserie-distillerie cesse ses activités peu après 1845. Les bâtiments sont récupérés pour y aménager une manufacture de haches.

Vers 1855, Sexton Washburn, un manufacturier de haches, quitte les bords du « trou du diable », où il est depuis 1845, et s'installe dans l'ancienne brasserie. Après le décès du fils de Sexton, en 1886, la Henry Walters and Sons prend la relève de la manufacture Washburn. La Walters déménage toutes ses opérations sur la rive opposée du ruisseau pour faire place au château d'eau, au début du XXe siècle.

Généralement, les citoyens portent peu d'attention à l'importance des conduites d'eau potable. Pourtant, jadis, pour obtenir de l'eau, il fallait la puiser à même la rivière, creuser des puits ou encore s'en procurer auprès de « charroyeurs d'eau » pour la consommation domestique. En 1872, cinq charroyeurs transportent, de rue en rue, une barrique d'environ 525 litres et remplissent les tonneaux ou les tinettes d'eau des citoyens. Le premier aqueduc, construit en 1886, s'avère inadéquat. En 1897, le comité de prévention des incendies suggère que des pompes plus puissantes, mues par l'électricité, soient installées aux chutes du ruisseau de la Brasserie et demande, le 29 décembre 1899, à la Walters de quitter les lieux avant avril 1900.

Cependant, en plus du déménagement de la manufacture de haches, la construction du château d'eau exige l'acquisition des droits d'usage de l'eau du ruisseau qui avait été harnaché avant les années 1830. La firme Wright & Sons et, par la suite, les héritiers de Ruggles Wright se réservaient le contrôle du débit de l'eau jusqu'en 1872, contrôle alors acquis par la E. B. Eddy. Cette dernière s'en départit au profit de Charles B. Graham en 1886, lequel vend ses droits à la ville en 1888 et en 1889, dans deux transactions successives. Comme l'autre moitié du ruisseau appartient à la succession de Nancy Louisa Wright, décédée en 1901, la Ville est obligée de passer par le gouvernement provincial qui se déclare propriétaire de l'énergie hydraulique développée par la chute et transfère ses droits à la municipalité.

Le 3 janvier 1905, le maire Ovide Falardeau, le président du comité d'aqueduc, Joseph Bourque, et deux ingénieurs, Read et Berthiaume, font démarrer les roues des turbines. À la première partie du bâtiment, on ajoute une aile, complétée en 1910. L'aqueduc est conçu non seulement pour servir d'usine de filtration et de réseau d'aqueduc, mais aussi pour produire l'électricité nécessaire au fonctionnement de l'aqueduc lui-même et à l'éclairage des rues et des édifices publics. En 1950, l'eau est distribuée par quelque 63 km de conduites principales auxquelles sont raccordées 400 bornes-fontaines. Les pompes fournissaient en moyenne 55 millions de litres d'eau par jour. Il y avait toujours une pompe mue uniquement par la pression de l'eau; elle servait en cas de pannes d'électricité. Plusieurs Hullois et Hulloises se souviennent de la fontaine illuminée, installée le 4 juillet 1938, devant le château d'eau. Elle fut démolie lors des travaux de reconstruction du pont de la rue Montcalm, en avril 1989.

Le débit d'eau décroissant, l'augmentation des besoins en électricité et des travaux de rénovation complets des équipements d'aqueduc et de la centrale électrique amènent la construction d'un nouvel aqueduc et l'abandon de celui-ci en avril 1971.

Abandonné, le bâtiment se détériore. À l'automne 1983, la Ville de Hull restaure la structure du bâtiment et ses fondations. Le projet d'une salle de spectacle munie de techniques très avant-gardistes, en décembre 1986, est bloqué à la dernière minute. Dix ans plus tard, le 28 septembre 1996, le maire Yves Ducharme inaugure l'Écomusée, installé dans l'ancien bâtiment du château d'eau. Le musée, qui a adopté un concept centré sur la nature, ne réussit à attirer suffisamment de visiteurs et ferme ses portes au printemps 2004.



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