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La résidence E. B. Eddy
Rue Montcalm

La résidence E. B. Eddy

La maison de Ruggles Wright, fils de Philemon, était érigée sur le terrain de l'hôtel Holiday Inn Plaza La Chaudière actuel. C'était une grande maison de deux étages de 11 mètres sur 12, comportant deux ailes d'un étage de 5,5 mètres sur 8, le tout en maçonnerie. La description de la maison est intéressante : elle comprenait 35 fenêtres, 29 portes; la porte de la façade avait une imposte semi-circulaire et des fenêtres latérales. Sa façade était sûrement semblable à celle de la maison Symmes ou celle de la ferme Columbia. Il y avait trois escaliers, un plancher de ciment à la cave ainsi que des hangars pour ranger bois et véhicules, dans la cour où était érigée une grande écurie, de 15 mètres sur 33, en maçonnerie. Une ancienne maison d'un étage, également en maçonnerie, de 7,6 mètres sur 8,6, réservée à l'usage des cuisiniers et des pensionnaires, faisait aussi partie de l'ensemble. Finalement, on y trouvait une autre maison en maçonnerie, occupée par E. B. Eddy, mesurant 9 mètres sur 11 et comprenant deux ailes. Ruggles Wright identifiait cette habitation comme étant la maison allumette, match house. L'histoire populaire a toujours parlé d'une bicoque en référant à cette maison. C'était une bien grande bicoque !

Ruggles, décédé le 18 août 1863, avait légué son impressionnante propriété à sa petite-fille, Florence Mildred Wright. Florence était la fille mineure de son fils Dalhousie et de Georgina Harrisson, tous deux décédés. Elle vendit la propriété à l'épouse de E. B. Eddy, Zaida Diana Arnold, avant 1893, date du décès de cette dernière. La maison de Ruggles fut remplacée, à une date inconnue, par une nouvelle habitation en brique, ornée d'une tour à l'italienne. L'incendie de 1900 détruisit la demeure. Sur le site fut construite une maison encore plus imposante, qui deviendra par la suite l'hôtel Standish Hall.

Ezra Butler Eddy, né le 22 août 1827 près de Bristol, au Vermont, est venu à Hull vers 1854. Il était marié depuis 1846 à Zaida D. Arnold. Entre 1847 et 1854, ils avaient eu deux garçons et une fille. Les deux garçons moururent en bas âge; sa fille, Ella Clarissa, lui survécut. Était-ce le décès de ses fils qui poussa Eddy à venir à Hull pour y continuer la fabrication d'allumettes qu'il avait entreprise à Burlington, au Vermont, en 1851 ? Peut-être. La possibilité d'avoir une source de matière brute à prix avantageux l'aurait sans doute aussi incité à traverser la frontière.

À son arrivée à Hull, en 1854, il loue un local dans l'atelier du marteau à bascule de Ruggles Wright. Ainsi sont jetées les bases de son industrie qui atteindra la renommée que l'on sait. Chose certaine, « Il immigre dans la région avec peu de moyens et une bonne provision d'audace, de persévérance et d'opportunisme », écrit Odette Vincent-Domey dans l'article consacré à sa biographie dans le Dictionnaire biographique du Canada. Lorsque Ruggles Wright meurt, en 1863, Eddy est locataire de plusieurs des bâtiments industriels à la chute des Chaudières. Durant les quelques années suivantes, il achète les propriétés foncières des héritiers et, en 1875, devient le propriétaire de presque toutes les anciennes propriétés de Wright.

Malgré les incendies qui ravagent à plusieurs reprises ses manufactures et sa maison, Eddy recommence. C'était un industriel perspicace et rusé. S'il réussit durant cette époque d'expansion du capitaliste industriel, c'est aussi parce qu'il s'implique dans la politique municipale et provinciale. Il est député à l'Assemblée législative, sous la bannière du parti conservateur, de 1871 à 1875. Pendant quatre ans, il cumule les fonctions de maire du canton de Hull et de député provincial. Il présente le projet de loi créant la cité de Hull en 1875. En plus de ses usines, il est administrateur de la Compagnie de chemin de fer du Canada central.

Il meurt, à Hull, le 10 février 1906, à l'âge de 78 ans. Il sera inhumé à Bristol, près de son lieu natal. À cette époque, ses contemporains admiraient son opiniâtreté et son efficacité en tant qu'administrateur. Il était perçu comme un bienfaiteur de la population outaouaise bien qu'il ait été un employeur intransigeant. Chose certaine, il a joué un rôle majeur dans le développement de la ville de Hull, y étant le principal employeur pendant plus d'un siècle.

Sa principale héritière est Jennie Grahl Hunter Shirreff, qu'il avait épousée à Halifax, le 27 juin 1894. Comme la veuve habite alors leur maison du chemin d'Aylmer, elle vend celle qui est située en ville à George Henry Millen, en juin 1908. Après le décès de ce dernier, en 1928, la maison passe l'année suivante à des hôteliers qui forment une compagnie, la Hotel Standish Hall Inc. Le principal actionnaire de cette compagnie était James Maloney, également propriétaire de l'hôtel Chez Henri. Il transforme la belle résidence en hôtel. D'abord luxueux, l'établissement, avec les années, perd tout son lustre. Un incendie l'endommage en 1951. Restauré, il est démoli au début des années 1970 pour faire place à l'hôtel actuel.



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