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Le presbytère Notre-Dame-de-Grâce
Rue Notre-Dame-de-l'Île

Le presbytère Notre-Dame-de-Grâce

La première paroisse catholique de Hull naît du besoin de desservir les bûcherons et les draveurs des camps forestiers de l'Outaouais. En 1846, la Communauté des Oblats de Marie-Immaculée, dont quelques missionnaires étaient arrivés au pays vers 1840, demande à Ruggles Wright deux lots pour ériger une chapelle à proximité du débarcadère de Hull. Celui-ci les lui accorde. La « Chapelle des chantiers », construite par le missionnaire Eusèbe Durocher, est non seulement un lieu de services religieux, mais aussi une auberge pour les cageux.

En 1868, une église en pierre est érigée selon les plans de l'architecte Lecours et la chapelle est alors transformée en école. L'abbé Georges Bouillon, l'architecte de la chapelle du couvent de la rue Rideau, exposée au Musée des beaux-arts du Canada, et de l'église Saint-Francois-de-Sales, de Pointe-Gatineau, dessine les plans de l'intérieur de l'église dédiée à Notre-Dame-de-Grâce. En 1870, les oblats achètent de J. P. Lawless tous les lots restant de l'îlot entre les rues Papineau, Laurier, Victoria et Notre-Dame. Deux ans plus tard, ils acquièrent 130 acres près du ruisseau de la Brasserie pour y établir un cimetière catholique et y transfèrent les corps inhumés près de la première chapelle. Un presbytère est bâti sur le site. Église et presbytère brûlent dans l'incendie du quartier, en juin 1888.

Au printemps 1889, les architectes Roy et Gauthier, de Sorel, sont engagés pour la construction d'une nouvelle église et son presbytère. Durant les trois années suivantes, les prêtres officient à la maison de l'Oeuvre de la jeunesse, rue Albion (Dollard), puis du mois d'août 1891, dans le soubassement de l'église, laquelle ouvre le 25 décembre 1892. Le haut clocher de « la plus belle église du diocèse », de ses 80 mètres, dominait toute la ville. Au tournant du siècle, elle dessert une population de quelque 12 000 âmes dont la majorité est de langue française. En plein démembrement du tissu social, suite au remplacement des habitations par des tours à bureaux, l'église Notre-Dame brûle, le 12 septembre 1971. On ne tente pas de la sauver. L'année suivante, ses murs de pierre sont démolis. Seul le presbytère, construit en 1889, survit à la vague de démolition.

Ce presbytère, plus grand que le précédent, fut construit par la firme montréalaise Pronovost, Turcot et Martineau, engagée pour les travaux de la maçonnerie, et par Joseph Bourque, de l'Assomption, pour ceux des boiseries intérieures. Bourque s'établit alors à Hull, rue Notre-Dame, et devint un des principaux entrepreneurs de la ville, dont il sera également le maire.

Comme la construction du presbytère est terminée avant celle de l'église, les prêtres en prennent possession le 21 décembre 1889. Il est grand, spacieux, aéré, commode, bien chauffé et bien situé. Il constitue, avec l'église, les dépendances, où logent un gardien et sa famille, le jardinet et un boulingrin que garde une statue de Marie Immaculée, un complexe qui occupe un espace de 12 lots encadrés par quatre rues. En 1904, le presbytère loge 27 religieux, souvent des missionnaires œuvrant dans l'arrière-pays ou enseignant dans les écoles de la ville. La cuisine et le service de la maison sont confiés à trois jeunes femmes tandis que des frères convers s'occupent de la sacristie, de l'église, du jardinage. Les missionnaires ont accès à une bibliothèque où ils peuvent étudier, préparer leur enseignement et leurs conférences théologiques.

L'église et le presbytère Notre-Dame-de-Grâce échappent au grand feu de 1900. Un oblat, témoin du sinistre, mentionne que seuls le presbytère, l'église, les deux couvents des Sœurs grises, la gare du Pacifique et toutes ses dépendances furent épargnés par les flammes. En fait, comme de nombreux autres témoins, il oublie de mentionner que les maisons érigées il n'y a pas plus de 10 ans dans le quartier autour de l'église n'ont pas été touchées.

Après la démolition de l'église, le presbytère est vendu, en mai 1975, à la compagnie Place Notre-Dame Limitée. En 1976, cette dernière loue les locaux à l'Université du Québec. L'hôtel Four Points fait rénover le bâtiment en 2003 et reçoit le prix orange de la Société d'histoire de l'Outaouais pour sa participation à la conservation du patrimoine. Il y accueille conférences et congrès.



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