J'ai tout abandonné du jour au lendemain. Ma famille et
moi avons quitté le Rwanda le 13 juillet 1994. Quatre à cinq
millions de personnes fuyaient les combats.
Nous avons perdu notre pays mais nous avons eu la chance d'en
trouver un nouveau.
Propos recueillis lors d'une entrevue.
Née au Rwanda, Perpétue Muramutse a poursuivi
des études d'enseignante en Belgique pour retourner ensuite au Rwanda.
Sensible aux conditions de vie précaires de sa communauté, elle
réoriente sa carrière vers le développement
socio-économique et travaille pour le PNUD, la Banque Mondiale et Care.
Elle quitte le Rwanda en 1994 à cause de la guerre. Dans les camps
de réfugiés au Zaïre, elle est responsable du programme de
réunification des familles au sein de l'Unicef. « Les
camps de réfugiés, ce sont des milieux où l'être
humain se retrouve dans une situation de détresse totale. »
Perpétue arrive à Montréal en novembre 1997. Chacun des
membres de sa famille arrive séparément. «
Lorsqu'on est réfugié, on n'a pas les moyens de dire : on se
paie un voyage et puis on s'en va. C'est le sauve-qui-peut. »
Les deux premières années d'exil sont très difficiles.
« En arrivant au Canada, j'avais pour tout bagage quelques photos
de famille et mes seules connaissances étaient mes trois enfants. Je me
sentais complètement démunie. Pour la première fois de ma
vie, je me trouvais dans une situation difficile sans entrevoir la moindre
issue pour m'en sortir. »
Son engagement au sein d'organismes communautaires facilite son
intégration. « Ce qui m'a aidée à
reprendre espoir, c'est le côté humain de certains organismes.
C'est là que tout mon potentiel s'est réveillé. Cela m'a
encouragée à continuer, à reprendre ma vie en main, et ce
fut comme un tremplin vers d'autres aventures professionnelles. »
Depuis 1999, elle anime pour la Ville de Montréal des ateliers
d'initiation au plaisir de la lecture pour parents et enfants.
L'écriture est une passion que Perpétue a toujours nourrie.
Déjà au Rwanda, elle avait rédigé et publié
des livres pour enfants. « Les enfants africains n'ont ni
l'argent ni les moyens de visiter leur propre pays. À travers mes
livres, je leur faisais faire un tour ! » Aujourd'hui
coordonnatrice et membre de l'organisme Solidarité Femmes Africaines,
Perpétue est l'auteure d'une pièce de théâtre-forum
de réflexion sur la discrimination raciale intitulée
« Le soleil n'oublie aucun village».
« ... quoi qu'on fasse, le soleil brille pour tout le monde. Il ne
peut être corrompu de quelque manière que ce soit. Au Canada,
chaque citoyenne, chaque citoyen a le droit d'avoir sa place et le devoir de
l'assumer. »
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