La population afro-néo-écossaise : héritages canadiens du 20e siècle

Mon père défendait ses enfants, mais il défendait aussi sa race. Nous vivions dans un appartement avec des marches pour y monter.

Tous les samedis, le marchand de glace… nous avions une glacière, pas un réfrigérateur… livrait de gros blocs de glace tous les samedis. Il avait de grosses pinces et il montait l’escalier et criait : « Bonjour, êtes-vous prêts pour la glace? »

Samedi matin, ma mère attendait la glace. Elle nettoyait la glacière. Et elle avait le journal qui annonçait les prix spéciaux à l’épicerie, qui n’était qu’à un coin de rue de chez nous. Mon frère attendait ma mère pour l’aider à ramener les épiceries à la maison.

Nous attendions à la table de cuisine, la glacière grande ouverte. Mon père lisait son journal. Ma mère a dit : « Il est plus en retard que d’habitude aujourd’hui ».

Mon père n’était normalement pas à la maison le samedi matin, mais ce jour-là, il y était. « Comment ça, il est plus en retard que d’habitude? Il arrive ici en retard? » « Oui, parfois, a répondu ma mère, parfois. Mais je veux ranger ma viande dans la glacière et ranger mes épiceries. » En arrivant, le marchand de glace a dit : « Bonjour, tout le monde. » En arrivant avec la glace, à mi-chemin dans l’escalier, mon père est allé ouvrir la porte et lui a dit : « Prenez votre glace, remettez-la dans votre chariot et ne revenez plus jamais ici. » « Mais M. Davis, vous avez besoin de glace. Qu’allez-vous faire… votre femme, elle en a besoin. » Ne vous inquiétez pas pour ma femme… « Je vais vous dire ce qui ne va pas ici. Vous arrivez ici le samedi après-midi, vers deux ou trois heures.

Vous êtes partis tôt ce matin avec votre glace. Et qui reçoit les blocs entiers? Tous les blancs, tous les blancs des autres quartiers. Mais les gens de couleur de notre communauté du Nord de la ville, nous recevons vos misérables petits morceaux de glace dégoulinants.

Prenez ce misérable morceau de glace et ne revenez plus jamais ici. » L’homme part donc en courant et ma mère dit : « Eh bien, Jim, nous voilà avec une glacière ouverte, sans glace. Qu’est-ce qu’on fait? » Il lui répondit : « Ne t’en fais pas Gwen, on va régler ça ». Donc, il met sa veste, et part en bas de la rue chez Ameublement Gloobie’s.

Il y rentre et fait un dépôt de quelques dollars. C’est le genre d’entente où l’on paye pour une éternité. Cinq minutes après son retour, ils ont livré le réfrigérateur. Et je n’ai plus jamais eu à vider de récipients d’eau sous une glacière.

Nous n’avons plus reçu de glace. Mais d’autres gens avaient dit qu’ils recevaient leur glace plus tôt et que les blocs étaient plus gros. Donc, il a changé les choses.