L’appel de la neige

Le 1er novembre 2013

La neige. On peut l’aimer ou la détester. C’est aussi bien une source de plaisirs que de désagréments. Mais qu’elle vous émerveille ou vous rebute, la neige a contribué à façonner l’identité canadienne. Car dès leur arrivée, les premiers Européens ont vite dû s’adapter à cette implacable réalité. Et c’est d’abord grâce au savoir-faire des peuples autochtones qu’ils ont appris à apprivoiser la neige.

De nos jours, les opérations de déneigement, après une bonne bordée, sont devenues routinières. « C’est pourquoi, nous explique Bianca Gendreau, conservatrice d’une exposition à venir sur la neige, on imagine à peine la vie des gens lorsque la neige s’installait à demeure pour l’hiver, et on oublie à quel point elle pouvait limiter les déplacements. » Dès les débuts, les colons vont donc emprunter aux Premiers Peuples la raquette, invention miraculeuse qui permet de marcher sur la neige, ainsi que la fameuse traîne, qui permet entre autres de transporter les produits de la chasse.

Ensuite, les Canadiens y sont allés de leurs propres inventions. Les chevaux ont aussi eu droit à leurs raquettes, sorte de planches de bois arrondies que l’on ajustait à leurs sabots à l’aide de lanières de cuir. Ainsi chaussés, ils pouvaient tirer des grattes servant à aplanir la neige qui recouvrait les rues. Mais en ville, quand l’importance d’une artère justifiait son déneigement, on recourrait alors à une corvée d’hommes qui, à la pelle, chargeaient la neige dans des traîneaux pour ensuite l’évacuer. D’ailleurs, souligne avec amusement Bianca Gendreau, « de nombreux brevets de pelle à neige ont été déposés au XIXe siècle afin de rendre cet outil encore plus efficace ».

Avec l’arrivée du moteur à explosion, les innovations se multiplient. Que l’on songe à la souffleuse d’Arthur Sicard, utilisée au début des années 1900 pour déneiger les rues, ou encore à la célèbre autoneige de Joseph-Armand Bombardier, puis à sa très populaire motoneige. D’ailleurs, cette passion pour la neige ne date pas d’hier. En témoignent, dès le XIXe siècle, les nombreux clubs de raquetteurs reconnaissables à leurs chansons et à leurs costumes distinctifs. Pas étonnant que, de nos jours, un Canadien sur dix pratique au moins un sport de neige.

« Mon souhait, admet Bianca Gendreau, serait que les visiteurs sortent de l’exposition Neige en réfléchissant sur l’importance du rôle joué par cet élément. Peu importe qu’on l’aime ou qu’on la déteste, la neige fait partie du cycle de la vie. Son épais manteau isole les semences de la morsure du gel. Et sa fonte, au printemps, recharge les bassins hydrographiques. Elle fait partie d’un vaste équilibre. »

Et avouons-le. Qui peut rester insensible devant la féérique beauté d’une douce chute de neige un soir d’hiver?

Neige ouvre ses portes le 6 décembre au Musée canadien des civilisations.