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Les villages haïdas
Villages haïdas




     Les habitations



*Peintures
de façades

*Mâts et poteaux
d'intérieur
sculptés


*Écrans intérieurs,
fosses et
trous à fumées
Mâts et poteaux d'intérieur sculptés

Le type le plus ancien de poteau emblématique d'intérieur sculpté dans les maisons haïdas a sans doute été celui des poteaux jumelés qui s'élevaient contre le mur de derrière, sous les poutres centrales. Il n'y avait souvent qu'une seule figure emblématique sur chacun de ces poteaux, par exemple l'Ours, la Baleine, le Corbeau, l'Otarie ou un humain, mais dans certaines maisons, notamment celle du chef Skowl, à Kasaan, les quatre poteaux de soutien ont reçu un décor sculpté très complexe. Ces poteaux de maison sculptés sont typiques des maisons tant tlingits que tsimshianes et ont probablement été le prototype des poteaux d'intérieur centraux sculptés prisés par beaucoup de chefs haïdas. Leur position au centre de la maison, sous le faîte du toit, leur permettait de s'élever jusqu'à 5,5 m, comme dans le cas de la maison du chef Skidegate. Le mât intérieur central sculpté était habituellement une sculpture complexe s'inspirant du mythe d'origine de la famille. Amos Russ et Tom Stevens, deux chefs de Skidegate, ont donné à John R. Swanton des interprétations différentes d'un mât du XIXe siècle sculpté par Charles Edenshaw. Boas commente ainsi ces différences d'interprétation :

Swanton [...] avait deux informateurs; tous deux identifièrent la figure supérieure comme étant un aigle, mais quant au reste, leurs interprétations divergeaient. L'un affirmait que la partie inférieure du mât racontait l'histoire d'une femme enlevée par un épaulard. On aperçoit le visage de la femme juste en dessous du bec de l'aigle, et l'évent de la baleine est représenté par un petit visage au-dessus de la face de l'épaulard. Le second informateur, pour sa part, voyait dans la grosse face du bas un grizzli, voulant sans doute parler du grizzli-de-la-mer, et dans la petite figure qui le surmontait le «fantôme marin» qui voyage d'ordinaire sur son dos. Il ne donna pas d'explication du visage de la femme.
[...] De toute évidence, le symbolisme n'était pas suffisamment clair dans ce cas pour permettre à un Indien ne connaissant pas l'artiste ou la signification de la sculpture de l'interpréter correctement.



100462 Poteau d'intérieur de maison provenant de la Maison-du-Grizzli, qui appartenait au chef Xa'na de Masset. Il se trouvent actuellement au Musée de Dahlem, à Berlin.

Photo : Richard Maynard, 1884.
MCC 100462



Un ravissant modèle de maison de Masset, réalisé pour le missionnaire Thomas Deasey, reproduit assez fidèlement la maison du chef Wiah, Na Yuans (ou Maison-du-monstre). Comme le montrent les photos anciennes, cette maison possédait également des poteaux d'angle sculptés ainsi qu'un grand mât de façade racontant l'histoire de l'inondation ayant pour héros Qingi, dont la grosse figure ayant l'aspect d'un ours surmonte à la fois le mât réel et sa réplique miniature. Dans les deux versions, l'Aigle, emblème de Wiah, s'envole de la tête de Qingi. Un mât avec Castor debout s'y trouve aussi.

Le véritable mât d'intérieur central de la Maison-du-monstre du chef Wiah se dresse maintenant devant la maison haïda, dans la Grande Galerie du Musée canadien des civilisations. Il représente un Castor debout rongeant un bâton incrusté d'environ cent fragments de coquilles d'haliotide. Les narines du Castor sont également ornés de nacre d'haliotide, et l'on peut voir de petits visages sur ses pattes et sa queue. Sa tête est surmontée de six skil-daden (ou anneaux de potlatch), élément souvent associé au Castor. Une sculpture semblable s'élevait à l'extérieur de la maison de Wiah, mais comportait neuf anneaux de potlatch. Ces deux versions, l'une destinée à l'extérieur et l'autre à l'intérieur de la maison, sont indubitablement l'œuvre du même artiste. L'emblème du Castor fut donné au chef Wiah par le chef Legaic de Fort Simpson, qui possédait devant sa maison un mât similaire surmonté de treize anneaux de potlatch. Cet emblème tire son origine des castors surnaturels qui habitaient le canyon Kitselas de la rivière Skeena.




VII-B-1810a D'après son style, on peut déterminer que cette paire de poteaux de maison de 2,7 m de hauteur représentant des otaries provient d'une vieille maison de Masset ou du village de Kasaan, en Alaska. Ils semblent avoir été repeints par un artiste autochtone juste avant d'être vendus.

Acquis par George T. Emmons pour la collection de lord Bossom.
MCC VII-B-1810a, b (S94-6760, S94-6761)



VII-B-1130 Mât d'intérieur de la maison du chef Wiah où est figuré son emblème, un Castor debout avec un Chabot sur le ventre. Le Castor ronge un bâton incrusté d'environ cent morceaux de coquilles d'haliotide. Ce mât fut probablement sculpté quand la maison fut construite, soit vers 1850. Il se dresse maintenant devant la maison haïda de la Grande Galerie, au Musée canadien des civilisations.

Acquis en 1901 par Charles F. Newcombe, qui l'a obtenu du chef Henry Wiah, de Masset.
MCC VII-B-1130 (S92-4407)




Sur les deux versions du mât, on peut observer un grand visage qui semble constitué de six parties sculptées, dans lequel j'avais vu naguère un Chabot, mais que je crois maintenant représenter le corps fragmenté d'une Libellule. Cette sculpture absolument remarquable est tout ce qui reste de la Maison-du-monstre, la plus grande habitation de Haida Gwaii. C'est grâce à l'intervention rapide de Charles F. Newcombe au début du siècle, au moment où l'on détruisait et brûlait la maison et les mâts, qu'elle a pu être sauvée.



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