Métis-Cree

Comment on chassait l'orignal

Un soir, une famille d'Orignaux était assise dans sa hutte. Alors qu'ils étaient assis autour du feu, il se produisit une chose étrange. Une pipe entra par la porte en flottant. De cette longue pipe s'élevait une fumée odorante qui entoura la hutte et passa tout près de chacun des Orignaux. Le vieux mâle vit la pipe mais ne pipa mot, et elle passa outre. La femelle ne dit rien non plus, et la pipe passa également devant elle. Elle passa ainsi devant chaque Orignal jusqu'à ce qu'elle arrive au plus jeune des jeunes mâles, qui se trouvait près de la porte de la hutte.

«Tu es venue vers moi», dit-il à la pipe. Il tendit la main, saisit la pipe et se mit à la fumer.

«Mon fils, dit le vieux, tu as attiré la mort sur nous. Cette pipe nous vient des humains. Ils sont en train de fumer cette pipe et de demander que leur chasse soit couronnée de succès. Demain, ils nous trouveront. Et parce que tu as fumé leur pipe, ils réussiront à s'emparer de nous.

« Je n'ai pas peur, dit le jeune. Je peux courir plus vite que n'importe lequel d'entre eux. Ils ne peuvent pas m'attraper.»

Mais le mâle n'ajouta rien.

Lorsque vint le matin, les Orignaux quittèrent leur hutte pour chercher de la nourriture. Mais dès qu'ils atteignirent l'orée de la forêt, ils sentirent l'odeur des chasseurs. C'était l'époque de l'année où la neige est recouverte d'une mince croûte, empêchant les Orignaux de se mouvoir rapidement.

«Ces chasseurs humains vont nous attraper, dit la vieille femelle. Leurs pieds ont des ailes comme la gélinotte. Ils peuvent marcher sur la neige.»

Les Orignaux se mirent alors à courir, poursuivis par les chasseurs. Le jeune mâle qui s'était emparé de la pipe s'écarta des autres. Il était encore persuadé qu'il arriverait à distancer les chasseurs. Mais ceux-ci portaient des raquettes, et les pieds du jeune orignal s'enfonçaient dans la neige. Ils le suivirent jusqu'à ce qu'il soit fatigué, puis ils le tuèrent. Après, ils le remercièrent d'avoir fumé leur pipe et de s'être donné à eux afin qu'ils puissent survivre. Ils traitèrent son corps avec égard et apaisèrent son esprit.

Ce soir-là, le jeune mâle se réveilla dans sa hutte au milieu de ses pareils. Près de son lit, il trouva un présent que lui avaient fait les chasseurs humains. Il le montra à tous.

«Vous voyez, dit-il, je n'ai pas mal agi en acceptant la longue pipe que les humains nous avaient envoyée. Ces chasseurs m'ont traité avec respect. Il est bien de laisser les êtres humains nous attraper.»

Et il en est ainsi depuis ce jour. Ce sont toujours les chasseurs qui manifestent du respect envers l'orignal qui sont heureux à la chasse.