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Les villages tsimshians
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Maisons en ruines.
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Les couches inférieures des tertres de Prince Rupert
révèlent que la population était bien
moins nombreuse à cet endroit il y a 4 000 ou 5 000 ans
qu'à l'époque des premiers contacts avec les
Européens. Les amoncellements de débris ont
crû lentement à tous les emplacements de villages.
Toutefois, le schéma élémentaire de
l'économie est établi à cette époque.
Du printemps à l'automne, des petits groupes familiaux
gagnaient des campements provisoires éparpillés sur
un vaste territoire pour récolter les abondantes ressources
saisonnières. Avec la venue de l'hiver, ils regagnaient les
villages permanents établis sur la côte, autour du
havre de Prince Rupert.
Malgré qu'il soit difficile de distinguer des
caractéristiques, des indices révèlent que
les maisons de cette époque étaient nettement moins
vastes que celles qui leur ont succédé. On n'a pu
établir de distinction sociale qui aurait été
associée à la construction des demeures. Dès
les premiers temps, les maisons ont été construites
en rangée parallèle à la plage.
À partir de 1500 av. J.-C., la croissance rapide des tertres,
l'expansion de la superficie occupée par les villages et la
construction de maisons plus vastes sont indicatrices d'une
population plus nombreuse. La découverte d'outils de
menuiserie lourds servant à la construction de maisons
et à la fabrication de canots coïncide avec
l'apparition de ces maisons plus grandes.
À compter de cette époque, le schéma
d'aménagement des villages indique nettement une structure
sociale hiérarchique, la maison plus éminente du
chef étant située au centre de la rangée de
maisons tandis que les maisons des chefs de lignée moindre
étaient bâties de part et d'autre de celle-ci, en
ordre d'importance décroissante. Les maisons des chefs des
villages étaient plus grandes et ornées que celles
des autres villageois.
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Kitwanga, vers 1899.
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Les caractéristiques culturelles des peuples du nord-ouest
de la côte sont fermement ancrées dès 500
apr. J.-C. et la plupart des éléments culturels en
place à l'époque de l'arrivée des explorateurs
européens sont identifiables dans les couches supérieures.
Une hiérarchie sociale est évidente. Le rang social
est distingué par le rite de sépulture et
l'aménagement des tombes. Les tombes des nobles étaient
décorées de biens élaborés, par exemple
des armes pour les hommes et des pendentifs faits de coquillages et
d'ambre, des perles de coquillages et des boucles d'oreille en cuivre
pour les femmes. Les villageois ordinaires étaient simplement
enterrés et leurs sépultures n'étaient pas
ornées. Les esclaves ou les prisonniers étaient
enterrés sans cercueil ou étaient mutilés.
Quoique la croissance des amoncellements de débris des
villages, particulièrement de restes de coquillages, ait
été plus rapide à compter de cette
époque, il semble que le nombre de sites de maisons n'ait
pas augmenté pour des raisons traditionnelles. Les
lignées, ou groupes familiaux, conservaient leurs sites de
maison individuels à divers endroits exploités selon
les saisons, par exemple pour pêcher, chasser ou faire la
cueillette de fruits, afin d'équilibrer le cycle
d'activité annuel.
Pendant les 50 ans qui ont suivi l'arrivée des premiers
Européens à Prince Rupert dans les années
1780, les Tsimshians n'ont entretenu que des contacts occasionnels
avec les explorateurs et les marchands de fourrures. Quoique les
Européens aient été la source de nouvelles
marchandises qu'ils échangeaient avec les gens de l'endroit,
ces contacts n'ont pas eu d'incidence marquée sur l'ensemble
de l'évolution préhistorique et le mode de vie des
Tsimshians est demeuré essentiellement inchangé.
Les Tsimshians aujourd'hui
Fort Simpson, à l'hiver 1873. Bâti par la Compagnie
de la Baie d'Hudson en 1834, le Fort Simpson est devenu le domicile
des Tsimshians établis près du havre de Prince Rupert.
Le fort abritait un magasin, un entrepôt, des logements pour
les officiers, un mess et des maisons et magasins pour les
employés de la Compagnie. Deux bastions, chacun armé
de quatre canons, étaient situés aux coins
opposés d'une palissade faite d'épaisses planches de
thuya et mesurant 5,5 mètres de hauteur. Le fort a
fermé en 1911. Après 1915, une fois que les derniers
bâtiments de l'endroit aient été
incendiés, il a été rebaptisé Port
Simpson.
En 1834, la Compagnie de la Baie d'Hudson a construit un fort pour
le commerce des fourrures à 32 kilomètres au nord du
havre de Prince Rupert. C'est à cette époque que les
Tsimshians, dont la population s'élevaient alors à
environ 2 500 âmes, ont quitté leurs villages
d'hiver des environs de Prince Rupert pour aller s'établir
au Fort Simpson. Dès le début des années 1860,
le nombre de Tsimshians avait chuté d'environ un tiers,
à cause de la maladie.
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Les Tsimshians fidèles au missionnaire anglican William
Duncan ont bâti deux cents maisons, chacune munie d'un
jardin, à Metlakatla. La réussite de cette
expérience sociale dépendait de la santé
économique de la collectivité, qui comptait un
atelier de menuiserie et une forge, une scierie et une conserverie
de saumon, de même que des bâtiments publics, dont
un hôtel de ville, une salle commerciale (bâtiment
imposant à l'extrême gauche), une école,
un tribunal et une prison.
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En 1862, une cinquantaine de personnes, encouragées par
le missionnaire William Duncan, ont quitté le Fort Simpson
pour réintégrer le village Metlakatla, emplacement
d'un ancien village de la région de Prince Rupert. Duncan
fonda à cet endroit une collectivité chrétienne
modèle et la population augmenta de mille âmes.
À la suite d'une seconde fraction au sein de la
collectivité causée par une dispute entre Duncan et
l'évêque anglican, le missionnaire et 800 de ses plus
fidèles sujets quittèrent la collectivité en
1887 pour s'établir au nord de la frontière de
l'Alaska. Dès 1905, la plupart des bâtiments publics
de Metlakatla avaient été détruits par des
incendies et le village avait perdu de son importance. Aujourd'hui,
seuls quelques habitants y demeurent encore.
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Le village était aussi fier de posséder la plus
vaste église au nord de San Francisco et à
l'ouest du Mississippi à l'époque. Photographie
prise en 1881.
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La principale collectivité tsimshiane de la côte de
la Colombie-Britannique est Port (Fort) Simpson, petite ville
dynamique qui exploite une conserverie.
La ville de Prince Rupert est un centre urbain dont les habitants
se consacrent aux industries de la pêche et des produits
forestiers. Le contexte économique de l'endroit a peu
changé depuis le passé jusqu'aux temps modernes,
puisque la mer et la forêt demeurent ses principales
ressources.
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