Les pirogues Des avaleuses de vagues

Les pirogues de guerre

On considérait les Haïdas comme des guerriers, les «Vikings du Pacifique Nord», et on les craignait dans les villages à partir de Sitka, en Alaska, jusqu'au nord de la Californie.

Dans le cadre d'Expo 86 à Vancouver, l'artiste haïda Bill Reid a créé une pirogue de guerre de 15 mètres en cèdre rouge et l'a nommée Lootaas ou Avaleuse de vagues. Cette pirogue a remonté la Seine jusqu'à Paris, et s'est aussi rendue aux îles de la Reine-Charlotte, oû elle est maintenant conservée dans le village de Skidegate.

Photo : Stephen Alsford; MCC D2004-18402

La pirogue, Corbeau rouge, en fibre de verre et en bois, a été moulée à même la coque de Lootaas. Bill Reid en a aussi conçu les voiles et les pagaies. Le Corbeau, l'Aigle et l'Oiseau-Tonnerre sont représentés sur les voiles. Le grizzli de la proue et le castor de la poupe sont des ajouts qu'Israel W. Powell, le premier commissaire des Indiens pour la Colombie-Britannique, a recueillis dans les îles, en 1879. Ce type de figure était ajoutée à l'occasion de cérémonies et enlevé lorsque la pirogue devait être dégarnie en prévision de la bataille.

MCC S2004-1231 Photo : Stephen Alsford; MCC D2004-18400 Photo : Stephen Alsford; MCC D2004-18401

Chaque été, le Musée canadien des civilisations utilise sur la rivière des Outaouais une autre pirogue, Aigle noir, qui est semblable à Corbeau rouge. En août 1996 l'Aigle noir a participé à une reconstitution historique de la rencontre entre le Lady Washington, un des premiers navires marchands américains venus dans la région des îles de la Reine-Charlotte, et les Haïdas kunghits, un peuple belliqueux du village de Ninstints. La première visite du Lady Washington a donné lieu à un troc amical, mais lorsque le navire est revenu, plus tard en 1789, l'hostilité est né entre les Haïdas et les commerçants blancs. De petits larcins commis à bord du navire ont provoqué une réaction violente et irrationnelle. Le capitaine du navire a ordonné que l'on saisît des deux chefs et il les a gardés comme otages. Pour se venger de cette humiliation, les chefs de Ninstints ont lancé des attaques sur les navires qui passaient. La dernière attaque est dirigée en 1795 contre l'Union, commandé par le capitaine John Boit, qui a écrit dans son journal :

«Plus de 40 canots remplis d'Amérindiens, c'est-à-dire au moins 300 hommes, ont arrivé dans l'anse. D'après leurs manœuvres, j'ai soupçonné immédiatement qu'ils avaient l'intention d'attaquer l'Union.... les canots de guerre s'approchaient dangereusement le long du navire et les Amérindiens montaient sur le bastingage.... les Amérindiens des canots ont tenté de monter à bord, en poussant les hurlements les plus effroyables.»

On peut voir une autre pirogue de ce genre, construite en 1908 pour l'exposition de Seattle, à la Grande Galerie.

Alors qu'elle était remorquée par un vapeur de Masset jusqu'à Prince Rupert, à travers le détroit de Hecate, une tempête se leva et le câble de touage se rompit. Le Haïda et son épouse, qui étaient à bord, hissèrent les voiles et la pirogue fendit les vagues à vive allure. Lorsque le remorqueur arriva à Prince Rupert, le capitaine eut la surprise de voir la pirogue déjà amarrée au quai. Elle avait réussi à prendre le vapeur de vitesse. Cela mettait en relief, de manière éclatante, cette remarquable conception qui lui permettait de naviguer à toute vitesse en haute mer.
tirée de Nancy Ruddell, Le Village de Corbeau
(Musée canadien des civilisations, 1995).

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