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Histoire des Autochtones du Canada
Tome I (10 000 à 1 000 avant J.-C.)

La culture du Nord-Ouest de la Côte Ouest (Sommaire, Chapitre 12)

Il y a les diverses opinions touchant l'origine des cultures du sud-ouest et du nord-ouest de la Côte. De toutes les opinions, cet ouvrage accorde la préférence à une hypothèse antérieure (Borden 1975) voulant que les porteurs de deux cultures distinctes, l'une d'origine méridionale, l'autre d'origine septentrionale, aient été responsables du peuplement initial de la côte de la Colombie-Britannique (pour une analyse du sujet, voir Fladmark 1982 : 117-118).


Production de microlames - Dessin : Jaclynne Campbell Production de microlames - Dessin : Jaclynne Campbell
Reconstitution de la production de microlames détachées de nucléus préparés

Le dessin de l'artiste Jaclynne Campbell de la Simon Fraser University illustre la méthode potentielle de coincer le nucléus à microlames entre deux morceaux de bois en vue d'en détacher des microlames. Les façons d'insérer des microlames dans des manches en bois pour obtenir des couteaux à tranchants vifs sont illustrées au-dessous de la Figure.

(Reproduit de Fladmark 1986 : Planche 8 avec la permission de M. Knut R. Fladmark, Simon Fraser University)


La culture du Nord-Ouest de la Côte, développement régional du Paléoarctique du nord-ouest, apparaît sur la côte septentrionale de la Colombie-Britannique et dans la région adjacente de l'Alaska entre 10 000 et 9 000 A.A., atteignant les îles de la Reine Charlotte vers 7 500 A.A. ou avant. L'adaptation maritime dont témoigne cette culture a pu se faire sur le littoral maintenant submergé de la Béringie méridionale (Aigner and DelBene 1982). On croit qu'à la Période II le déplacement de gens le long de la côte en direction sud a été plus ou moins contemporain d'un déplacement similaire qui a eu lieu à l'intérieur des terres par des gens de la phase ancienne de la culture de l'Intérieur du Nord-Ouest, apparentés aux premiers. On croit que ces deux adaptations, respectivement à la côte et à l'intérieur, se sont rapidement différenciées l'une de l'autre (Carlson 1990 : 68).

Les effets de l'érosion et de la déposition conjointement avec les fluctuations du niveau de la mer ont compliqué la détection visant à découvrir des sites de la phase ancienne de la culture du Nord-Ouest de la Côte; la reconstitution découle donc d'un enregistrement limité. Le nord de la partie continentale de la côte a été soumise à des fluctuations encore plus radicales du niveau de la mer que ne l'ont été les îles de la Reine Charlotte; le niveau de la mer ne s'est pas stabilisé avant il y a 5 000 ans (Fladmark et al. 1990). Par conséquent, toutes les données concernant le nord de la côte de la Colombie-Britannique proviennent des îles de la Reine Charlotte. Entre 7 000 et 2 500 avant J.-C., le niveau de la mer autour des îles de la Reine Charlotte se situait à approximativement 15 m plus haut que dans le moment. Il n'est donc pas étonnant que la plupart des sites aient été découverts sur des anciennes terrasses. Les éclats, les outils sur galets et même un nucléus à microlames que les eaux intertidales ont fait rouler pouvaient peut-être remonter à une occupation aussi ancienne que 10 000 A.A. (Hobler 1978). Au site Skoglund's Landing, le gravier remanié de la plage comprenait des outils sur galet et des nucléus qui pouvaient peut-être remonter à 9 000 A.A. Ces découvertes indiquent peut-être que l'industrie des outils sur galets et même la production de microlames sur les îles de la Reine Charlotte peuvent remonter à une période ancienne (Fladmark et al. 1990 : 231).

La technologie véhiculée par la culture du Nord-Ouest de la Côte est dominée par des microlames et, occasionnellement, par des macrolames dont la largeur dépasse celle des microlames de 10 mm ou plus. Ces éclats étroits dont la coupe transversale est prismatique et triangulaire ont été détachés de nucléus préparés à cet effet. Les segments des microlames qui s'en suivirent auraient servi à armer des lances, des couteaux et d'autres outils composites en les insérant dans des supports en bois ou en os. La technique de production des microlames représente l'usage le plus économique de la pierre qui a jamais été développé par les artisans de l'âge de pierre. Les galets-nucléus et les outils sur chutes, omniprésents, sont aussi bien représentés.

La localisation des sites sur les îles éloignées du continent et la récupération limitée de restes fauniques indiquent que ces gens étaient vraisemblablement de superbes marins. Aucune trace d'embarcation n'a survécu dans l'enregistrement archéologique mais on présume que de telles embarcations avaient une taille appropriée à la navigation dans les eaux dangereuses de la Côte Nord et même étaient assez légères pour les sortir manuellement de l'eau. On suppose que les embarcations étaient recouvertes de peaux plutôt que d'écorce et assez confortables pour accommoder une famille étendue. Il est très peu probable que l'archéologie puisse jamais découvrir cet élément essentiel à l'économie de la culture du Nord-Ouest de la Côte. On continue à espérer découvrir un jour des sites dont les os bien conservés donneront un aperçu de la chasse aux grands mammifères marins. La technologie de la culture du Nord-Ouest de la Côte que révèle l'enregistrement archéologique nous incite à l'humilité face à l'abîme qui sépare ces données de l'enregistrement archéologique et les moyens techniques qui ont pu avoir existé autrefois.


 
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