Même si, selon les critères scientifiques actuels, ils ont été tracés à la spatule plutôt qu'au pinceau, les grands traits de la préhistoire de l'Europe occidentale sont le fruit d'amples travaux effectuées au cours de la seconde moitié du XIXe siècle par d'éminents géologues et préhistoriens tels les Lubbock, Christy, Lartet et de Mortillet.
C'est grâce à ces pionniers que fut esquissé le concept de Paléolithique, c'est-à-dire, d'un âge de la pierre ancienne, et que furent élaborées dans l'enthousiasme et la controverse les premières grandes ébauches chronologiques et culturelles de ces époques lointaines et glaciaires.
On put démontrer que ces manifestations du Paléolithique supérieur européen étaient le propre de populations biologiquement modernes, c'est-à-dire, de gens comme nous, des Homo sapiens sapiens. On put également établir que ces populations se démarquaient nettement de leurs prédécesseurs les Néandertaliens (Homo sapiens neandertalensis) qui eux, avaient laissé les vestiges beaucoup plus frustes et forcément moins lisibles, caractéristiques de l'époque antérieure dite du Moustérien ou, encore, du Paléolithique moyen.
Au premier rang de ces transformations, on peut noter, autour de 40 000 ans, l'apparition sur la scène européenne de populations biologiquement modernes (Homo sapiens sapiens), porteuses de nouvelles technologies, et qui devaient rapidement remplacer leurs prédécesseurs néandertaliens. Cette substitution biologique et culturelle se fit dans un contexte de détérioration climatique qui, fluctuant à la baisse, devait conduire à ce qu'on appelle le maximum glaciaire ou, encore, le dernier Pléniglaciaire, entre environ 22 000 et 18 000 avant aujourd'hui. Ces épisodes de refroidissements eurent évidemment un effet marqué sur les sociétés d'alors qui, pour survivre au cours de ces millénaires, surent se renouveler en inventant, entre autres choses, des systèmes de communication riches en symboles de toutes sortes. Les Vénus gravettiennes en sont justement un des exemples les plus anciens et les plus saisissants.
L'Europe, avec sa physionomie changeante, fut alors soumise de façon continue à d'importants bouleversements écologiques, aussi bien dans le domaine de la végétation que de la faune. Et ce fut durant cette longue période de changements - et même en partie à cause d'elle, selon certains auteurs - que se manifesta à l'échelle du continent, le phénomène culturel que l'on appelle le Gravettien et que put ainsi s'épanouir au sein d'un réseau culturel que nous comprenons encore mal, la première grande statuaire du monde occidental et, même, d'Eurasie.
(carte d'après Stringer et Gamble, 1993)