Autobiographie de Nettie Covey Sharpe
Présentation de Jean-François Blanchette, conservateur
C’est dans sa magnifique maison québécoise du XVIIIe siècle, à Saint-Lambert, que j’ai rencontré Nettie Covey Sharpe, le 23 avril 1983. Le Musée de l’homme, comme notre institution s’appelait à l’époque, avait acquis, en 1977, près de mille pièces de sa collection d’antiquités québécoises et d’art populaire. J’étais alors un jeune chercheur et j’avais été fasciné par la richesse culturelle et la variété des pièces que le Musée avait reçues d’elle. Je voulais connaître cette femme et savoir ce qui l’avait amenée à consacrer sa vie à recueillir des éléments de notre patrimoine qui intéressaient peu de gens avant les années 1970.
Née à Saint-Augustin-de-Woburn, en Estrie, le 22 mai 1907, d’un père américain et d’une mère écossaise, Nettie Covey Sharpe aura collectionné le Québec pendant tout près d’un siècle. À l’époque, Woburn est un petit village forestier où se côtoient anglophones et francophones. Nettie y découvre les traditions rurales des francophones grâce à une compagne de classe, Fernande Larochelle, avec qui elle se lie d’amitié, une relation si étroite que sa mère se plaindra de ne jamais voir sa fille à la maison.
Le père de Nettie exerce mille métiers et apprend à sa fille à se débrouiller. Il l’amène à la chasse et à la pêche avec des Américains qu’il conduit à leur club. Il fait de même quand il mène ces gens à la découverte de Québec en empruntant les routes des villages de la Beauce, où les traditions sont encore vivaces. C’est ainsi que la jeune Nettie commence très tôt à s’émerveiller devant les modes de vie traditionnels et les manifestations matérielles qui en découlent. Jamais ne cessera-t-elle de s’intéresser à la créativité québécoise. Quelques jours avant son départ pour le dernier voyage, qui survient le 29 mars 2002, elle confie à son ami de cœur : « Je m’ennuie d’aller rencontrer les artistes et d’acquérir de belles pièces d’eux. » Ce dernier s’empressa alors de se rendre chez un artisan, Léo Fournier, pour en revenir avec une scène traditionnelle représentant la fournée au bon vieux temps.
L’entrevue que j’ai réalisée avec Nettie Covey Sharpe, et que je vous présente ici, s’est déroulée en français. Francophile véritable, elle s’exprimait très bien dans sa langue seconde, comme vous pourrez le constater en écoutant un extrait de l’entrevue. Son récit a été remanié pour à en faciliter la lecture. Des titres ont été ajoutés aux mêmes fins.
Alors, imaginez-vous, assis avec nous, autour de la table de la salle à manger : « Dites-moi, madame Sharpe, comment tout cela a-t-il commencé ? »
Gallerie
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Nettie, le 22 mai 1908. Elle a un an.
Archives, SMCC
2002-F0008.1
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Nettie (à droite), à 6 ans, avec sa mère, ses frères Bill et Carl, sa sœur May, ainsi que la domestique, devant la maison familiale.
Archives, SMCC
2002-F0008.2
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Nettie, dans le canot, et son frère Carl, dans la chaloupe de pêche. Embarcations utilisées au Arnold Fish and Game Preserve. Vers 1919.
Photo gracieusement fournie par le fils de Carl, David
Archives, SMCC
2009-H0015.1.5.1.3
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Nettie, au collège de Stanstead, à la fin de son adolescence, mars 1926.
Archives, SMCC
2002-F0008.3
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L’élégante Nettie au Collège de Stanstead, janvier 1926. On aperçoit un skieur à l’arrière, devant Pierce Hall.
Photo gracieusement fournie par David Covey
Archives, SMCC
2009-H0015.1.5.1.5
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Nettie, à 21 ans, au club de chasse où son père est gardien et où elle-même chasse depuis l’âge de 11 ans.
Nettie raconte : « Mon père m’a appris à me débrouiller. Il m’amenait à la pêche et à la chasse. Quand j’ai attrapé mon premier poisson, j’étais jeune. Je lui ai demandé de m’aider pour ne pas le perdre. Il m’a dit : ‘‘ C’est ton poisson ! Arrange-toi toute seule ! ’’ »
Album personnel de Nettie Covey Sharpe.
Archives, SMCC
2002-F0008.4
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Nettie, sur les marches de la maison familiale, à Woburn, 1933.
Archives, SMCC
2002-F0008.30
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Nettie et « Juby », 1941.
Archives, SMCC
2002-F0008.31
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Nettie et des amis, « Au Lutin qui bouffe », à Montréal, 1941.
Archives, SMCC
2002-F0008.32
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Nettie, à 36 ans, septembre 1943.
Archives, SMCC
2002-F0008.17
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Nettie, fêtant le 25
e anniversaire du N. D. G. Women’s Club, au Mount Royal Hotel, 7 mars 1947.
Archives, SMCC
2002-F0008.33
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Nettie accueille sa nièce Ann dans le grand salon de sa maison, juillet 1976
David Covey, frère d’Ann
Archives, SMCC
2009-H0015.1.5.1.12
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Nettie et son gros chat Kim, juillet 1981.
Archives, SMCC
2002-F0008.5
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Nettie, en visite chez le sculpteur Lessard, 1981.
Photo courtesy of David Covey
Archives, SMCC
2009-H0015.1.5.1.14
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La fournée
Léo Fournier (né en 1927)
Laprairie (Montérégie)
Troisième quart du XX
e siècle
Bois peint
Don de la succession de Nettie Covey Sharpe
SMCC 2002.125.222
Marie-Louise Deruaz
SMCC IMG2008-0080-0125-Dm
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C’est ici, autour de cette table, que Nettie recevait ses invités, les visiteurs de marque comme les intimes et les membres de sa famille. C’est ici que son autobiographie a été enregistrée le 23 avril 1983.
Pour une visite virtuelle de la maison de Nettie Covey Sharpe en 2002, voir
https://www.museedelhistoire.ca/
arts/sharpe/sharpe_f.html
Steven Darby, 2002
SMCC K2002-297
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