Opus 2 - Vièle |
|
|
a vièle est un des instruments à archet les plus courants du Moyen Âge. Les nobles, tout autant que les paysans et les jongleurs, en jouaient. Les ménestrels en avaient fait un instrument de prédilection. Accompagnant chants, danses, poèmes épiques, elle se faisait entendre dans toutes les festivités qu'elle soit seule ou accompagnée de la harpe, du psaltérion, du luth ou encore de la flûte.
On tenait la vièle sur l'épaule plus ou moins comme un violon, mais certains tableaux montrent également des musiciens assis la tenant sur les genoux. La forme de l'instrument, le nombre de cordes ainsi que l'archet peuvent varier grandement. Il est difficile de retracer les origines de la vièle, mais il semble qu'au Xe siècle, on ait utilisé l'archet en Espagne et en Italie, une pratique ramenée des pays arabes et byzantins. Au XIe siècle, la pratique s'est étendue à toute l'Europe et la vièle médiévale apparaît vers cette époque. On en jouera jusqu'à la fin du XVe siècle, puis on l'abandonnera peu à peu pour la remplacer par des instruments de la famille de la viole de gambe et du violon. En désignant le premier de ces deux instruments sous le terme de viole médiévale , Christopher Allworth précise la tessiture plus basse de l'instrument et indique qu'il est tenu sur le genou. Cet instrument est construit d'après une enluminure que l'on retrouve dans le psautier de York datant du XIIe siècle. Cette enluminure représente le roi David jouant de la harpe entouré de ménestrels jouant de divers instruments à cordes (Université de Glasgow, Ms. U.2.3.). Entièrement peint à la tempera, l'instrument a le dos d'un rouge brillant, les éclisses et le chevillier recouverts de feuillages très colorés et découpés de style roman. Le cordier est décoré d'une vouivre à la tête de daim, aux ailes d'oiseau et à la queue de serpent. Le luthier a reproduit ces décorations à partir d'un manuscrit anglais du XIIIe siècle faisant partie des collections du British Museum.
Le terme vithele, de l'anglais médiéval, désigne la vièle plus petite. Pour construire cette reproduction peinte à la tempera, le luthier s'est inspiré d'une enluminure tirée du psautier de Bromholm (XIIIe siècle) ainsi que des livres de l'Apocalypse de la Trinité (Trinity College, Cambridge, Ms.R.16.2). D'autre part, les motifs de son cordier et de ses éclisses ont été tirés de deux psautiers conservés au British Museum. Ainsi, son cordier est décoré du lion ailé dont la tête est surmontée d'une auréole, symbole de saint Marc l'Évangéliste, tel qu'il apparaît dans le psautier de l'abbaye de Westminster (vers 1340), et ses éclisses, décorées de motifs peints bleu et or, sont inspirées du psautier de Luttrell. |