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Momification

Les anciens Égyptiens croyaient à la résurrection du corps et à la vie éternelle. Cette croyance découlait de ce qu'ils pouvaient observer chaque jour. Le soleil tombait dans l'horizon occidental chaque soir et renaissait le lendemain matin à l'est. Une vie nouvelle jaillissait des grains plantés dans la terre, et la lune croissait et décroissait. Tant que l'ordre était maintenu, tout suivait son cours normalement, et la vie après la mort était possible si l'on respectait certaines conditions. Par exemple, le corps devait être préservé grâce à la momification et placé dans une tombe où l'on avait déposé tout ce qui était nécessaire à la vie dans l'au-delà.

Peinture de la tombe de Senngen à Deir El Medina; 
MCC PCD 2001-272-087 Anubis prése à l'embaumement; 
MCC PCD 2001-284-007

La momification, la conservation des corps, était décrite dans les anciens Textes des pyramides. À la mort d'Osiris, dieu des morts, le cosmos fut jeté dans le chaos et les larmes des dieux se transformèrent en matières pour momifier son corps, et notamment du miel, des résines et de l'encens.

Avant que la pratique de la momification ne voie le jour, le corps était placé dans la position d'un fœtus endormi et mis dans une fosse avec certaines possessions personnelles du défunt, par exemple des poteries et des bijoux. La fosse était ensuite comblée avec du sable, qui absorbait l'humidité corporelle, ce qui le préservait.On en vint à recouvrir les parois des fosses de briques de boue et à ajouter un plafond à la structure. Les défunts furent enveloppés dans des peaux d'animaux ou enterrés dans des cercueils de poterie, de vannerie ou de bois. Ces présumées améliorations hâtaient plutôt la décomposition, car le corps n'était plus en contact avec le sable chaud. Pour résoudre ce problème, on commença à retirer les organes internes du défunt et à utiliser des agents desséchants pour momifier le corps.

Canopes; 
MCC PCD 2001-310-026 Canopes. Un des quatre fils d'Horus était représenté sur le couvercle de chacun des canopes. Amset, qui avait une tête humaine, protégeait le foie; Hâpi, un babouin, veillait sur les poumons; Douamoutef, un chacal, préservait l'estomac; et Qébehsénouf, un faucon, s'occupait des intestins.
Musée royal de l'Ontario

L'usage de momifier les corps en Égypte remonte à 2400 av. J.-C. et fut conservé jusque pendant la période gréco-romaine. Sous l'Ancien Empire, on croyait que seuls les pharaons pouvaient atteindre l'immortalité. Mais vers 2000 av. J.-C., cette croyance évolua : chacun pouvait vivre dans l'au-delà pourvu que son corps ait été momifié et qu'on ait placé dans la tombe tout ce qu'il fallait. Cependant, comme la momification était coûteuse, seuls les riches pouvaient se la permettre. La momification n'était pas essentielle à la résurrection dans l'autre monde, mais elle était considérée comme un moyen hautement souhaitable de l'atteindre. Les prières du Livre des morts visaient à aider le défunt à passer dans l'au-delà.

L'art de la momification fut perfectionné au cours de la troisième période intermédiaire (1070-712 av. J.-C.). Vers 450 av. J.-C. (Basse Époque), l'historien grec Hérodote a décrit le processus :

« D'abord, à l'aide d'un crochet de fer, on extrait par les narines autant du cerveau que possible, et ce que le crochet ne peut atteindre est dissous avec des drogues. Ensuite, on fait une incision le long du flanc [...] et on retire tout l'intérieur de l'abdomen. La cavité est ensuite nettoyée et lavée [...] Puis elle est remplie de myrrhe pure broyée, de cannelle et de tous autres aromates à l'exception de l'encens. [L'incision] est recousue, puis ils laissent le corps entièrement plongé dans du natron durant soixante-dix jours, jamais plus longtemps. Après ce temps [...] le corps est lavé et enveloppé de la tête aux pieds de bandelettes de lin dont l'envers a été recouvert d'une couche de gomme, couramment utilisée par les Égyptiens au lieu de colle. »

Bob Brier, Egyptian Mummies

Le natron, un désinfectant et un agent dessiccatif, était le principal ingrédient utilisé dans ce processus de la momification. Composé de carbonate de sodium (sel) et de bicarbonate du soude, le natron servait essentiellement à dessécher le corps. On l'extrayait des lits de rivières asséchées et on en remplissait des sacs de lin qu'on entassait autour du corps, et dont on bourrait également l'intérieur, et qu'on laissait en place de 35 à 40 jours pour débarrasser les tissus de leur humidité. En enlevant les organes et en remplissant la cavité intérieure de natron sec, on préservait les tissus corporels. Le corps était rempli de boue du Nil, de sciure de bois, de lichen et de bouts de tissu pour le rendre plus souple. On utilisait parfois de petits oignons ou des tampons de lin pour remplacer les yeux. À partir de la IIIe dynastie, les viscères (à l'exception du cœur) étaient extraits, lavés avec du vin de palme et des épices, et placés séparément dans des canopes en calcaire, en calcite ou en argile. Avant cette époque, le contenu de la cavité abdominale était retiré, enveloppé et enterré dans le sol de la tombe.

MCC S97 10848; 
PCD 2001-281-029 MCC S97-10830
Matières utilisées pour la momification :
  1. lin
  2. sciure de bois
  3. lichen
  4. cire d'abeille
  5. résin
  6. natron
  7. oignon
  8. boue du Nil
  9. tampons de lin
  10. encens
Outils servant à la momification :

Crochets pour extraire le cerveau

(répliques s'inspirant de spécimens conservés au Rijksmuseum, Leyde)
Jarre à huile
(Musée royal de l'Ontario 948.1.17)
Entonnoir
(réplique)
Couteau d'embaumeur
(Smithsonian Institution 221.389)

Le cadavre était ensuite lavé, enveloppé dans plusieurs couches de lin (jusqu'à 35 dans certains cas) et plongé dans des résines et des huiles. La peau prenait alors une teinte noirâtre semblable à celle de la poix. Le mot «momification» vient de l'arabe «mûmiyâ», signifiant bitume, une substance qui fut utilisée pour la première fois dans le processus de préservation au cours de la période tardive. La famille du défunt fournissait le lin nécessaire, lequel provenait de vieux draps ou de vêtements usagés.

À partir du Moyen Empire, la pratique s'établit de placer un masque sur le visage du défunt. La majorité de ces masques étaient en cartonnage (papyrus ou lin recouvert d'un enduit de plâtre), mais on utilisait également le bois et, dans le cas des momies royales, l'argent et l'or. Le masque le plus célèbre est celui de Toutankhamon.

MCC S98 3495; 
PCD 2001-282-006 Masque funéraire
Bois recouvert d'un enduit de plâtre peint
500-300 av. J.C.
Musée canadien des civilisations XXIV-C-63
MCC S98 3502; 
PCD 2001-282-003
Masque funéraire
Lin moulé et peint
Musée royal de l'Ontario 910.15.3

Les embaumeurs de l'antiquité utilisaient très peu d'outils, et une fois leur travail terminé ils les laissaient parfois dans la tombe ou aux alentours. L'outillage de base était constitué d'un couteau pour inciser l'abdomen, de tiges de bronze recourbées pour extraire le cerveau, d'un outil en bois semblable à une herminette pour prélever les organes internes, et d'un entonnoir pour verser les résines par le nez dans la boîte crânienne.

Momie d'un faucon dans son cercueil; 
MCC PCD 2001-310-024 Crocodiles momifiés; 
MCC S97 10689; 
PCD 2001-272-062 Momie d'un chat; 
MCC PCD 2001-310-054

Les Égyptiens momifiaient des êtres humains et des des millions d'animaux, d'oiseaux, d'insectes et de poissons de toutes sortes, des taureaux aux faucons en passant par les ichneumons et les serpents. Certains ont été trouvés en grand nombre tandis que d'autres sont rares. De nombreuses espèces étaient élevées dans les temples pour être sacrifiées au dieux. Les chats étaient des membres très appréciés de la maisonnée dans l'Égypte ancienne. Ils détruisaient les rats et les souris, qui autrement auraient infesté les greniers, et aidaient à chasser les oiseaux et à pêcher le poisson. Des autopsies pratiquées sur des chats ont révélé que la plupart avaient eu le cou brisé alors qu'ils avaient environ deux ans. Au XIXe siècle, d'énormes quantités de momies de chats ont été expédiées en Angleterre pour servir d'engrais.

La pratique de la momification connut son apogée au cours des XIe et XIIe siècles av. J.-C. à Thèbes, là où s'élèvent actuellement les villes de Louxor et de Karnak. La momification avait pour objet de préserver l'intégrité du corps pour qu'il puisse accéder à une vie spirituelle après la mort.



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